Origine du Covid : les enquêteurs de l'OMS débarquent en Chine jeudi

Par AFP  |   |  547  mots
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), lors d'une réunion du Conseil exécutif de l'OMS à Genève (Suisse), le 5 octobre 2020. (Crédits : Christopher Black/WHO)
Leur mission: déterminer comment le virus a pu muter pour passer de la chauve-souris à l'homme. Mais, vu le délai imposé par la Chine pour accepter une enquête indépendante, les premières traces de l'infection vont être compliquées à retrouver.

L'équipe d'experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) chargée d'enquêter sur l'origine du coronavirus, attendue en Chine la semaine dernière, entamera finalement sa mission ce jeudi, a annoncé lundi le ministère chinois de la Santé.

Contretemps et agacement du patron de l'OMS

Cette visite est ultra-sensible pour Pékin, soucieux d'écarter toute responsabilité dans l'épidémie qui a fait plus de 1,9 million de morts dans le monde. Initialement prévue la semaine dernière, elle avait été annulée à la dernière minute faute de toutes les autorisations nécessaires pour l'équipe.

Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait très inhabituellement laissé percer son agacement à l'endroit de Pékin.

"Je suis très déçu de cette nouvelle, étant donné que deux membres avaient déjà commencé leur voyage et d'autres n'ont pas pu voyager à la dernière minute", avait-il déclaré.

Pékin avait simplement indiqué que les discussions avec l'OMS se poursuivaient sur l'organisation de la mission.

"Après discussions, l'équipe d'experts de l'OMS [...] se rendra en Chine à partir du 14 janvier pour des inspections. Ils mèneront des recherches conjointes avec des scientifiques chinois sur les origines du Covid-19", a indiqué dans un bref communiqué le ministère de la Santé.

Le pouvoir communiste, sur la défensive, sanctionne l'Australie

Ces derniers mois, le pouvoir chinois a très mal réagi aux demandes d'enquête indépendante, appliquant notamment des sanctions commerciales à l'Australie qui avait insisté en ce sens.

Cette fois, Pékin n'a pas fourni de détails sur le déroulement de la visite, mais les enquêteurs devraient être mis en quarantaine à leur arrivée sur le sol chinois. Leur mission doit durer au total entre cinq à six semaines.

Les premières traces du virus seront difficiles à trouver

Objectif: déterminer comment le virus a pu muter pour passer de la chauve-souris à l'homme. Mais le délai imposé par la Chine pour accepter une enquête indépendante signifie que les premières traces de l'infection vont être compliquées à retrouver.

La mission est composée de dix scientifiques (Danemark, Royaume-Uni, Pays-Bas, Australie, Russie, Vietnam, Allemagne, Etats-Unis, Qatar et Japon) reconnus dans leurs différents domaines de compétence.

Le feu vert chinois intervient un an jour pour jour après l'annonce du premier mort en Chine de ce qui n'était encore à l'époque qu'un mystérieux virus.

Le pays est depuis parvenu à pratiquement éradiquer la maladie sur son sol.

Nervosité du pouvoir communiste, emprisonnement de Zhang Zhan

Les autorités ne manquent pas une occasion d'émettre des doutes sur l'origine chinoise du virus, alors qu'elles avaient dans un premier temps incriminé un marché de Wuhan où étaient vendus des animaux vivants.

Mais Pékin n'a pas pu empêcher que le président américain Donald Trump l'accuse régulièrement d'avoir répandu "le virus chinois" sur la planète -- voire de l'avoir laissé s'échapper d'un laboratoire de virologie de Wuhan, la ville du centre du pays où le virus est apparu fin 2019.

Signe de nervosité, le pouvoir communiste a fait condamner fin décembre à quatre ans de prison une journaliste citoyenne, Zhang Zhan, qui avait couvert la mise en quarantaine de Wuhan.