Areva en Inde, GDF Suez avec Iberdrola, Siemens en Russie : grandes manoeuvres dans le nucléaire

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Le groupe français va vendre deux à six réacteurs de nouvelle génération EPR à l'Inde. Elle en a déjà vendus en Finlande, en France et en Chine. Ce marché international du nucléaire voit aussi EDF et GDF Suez avancer leurs pions. Ex partenaire d'Areva, l'allemand Siemens pourrait lui trouver un nouvel allié en Russie.

Comme la Tribune l'avait révélé hier, le groupe public français Areva, champion mondial du nucléaire, a signé ce mercredi un protocole d'accord pour la livraison d'au moins deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR à l'Inde. Soit un contrat d'un montant évalué autour de dix milliards d'euros.

La patronne du groupe, Anne Lauvergeon, s'est rendue à New Delhi pour parapher l'accord avec l'électricien public Nuclear Power Corporation of India (NPCIL) avec qui vont ainsi commencer les négociations. Elle devrait préparer l'achat ultérieur de quatre autres EPR (retrouvez le communiqué d'Areva).

L'Inde, qui compte 17 centrales nucléaires et a prévu d'investir 100 milliards d'euros sur quinze ans pour développer ce parc, a été autorisée cet été par la communauté internationale à reprendre ses échanges dans le nucléaire civil, après s'être vue imposer un embargo de 34 ans du fait de ses essais nucléaires de 1974. En septembre dernier, la France a d'ailleurs signé avec l'Inde un accord politique de coopération dans le nucléaire civil.

Areva a déjà vendu son EPR en Finlande (mais le chantier a pris trois ans de retard), en France (à Flamanville, en Normandie, et désormais également à Penly, en Seine-Maritime) et à la Chine pour deux unités.  Il est en compétition avec le projet AP1000 de l'américain Westinghouse (groupe Toshiba) et avec le réacteur à eau bouillante ABWR développé par General Electric et Hitachi qui a l'avantage d'être déjà en activité (avec quatre unités, trois autres étant en construction).

Ce marché est également suivi de près par EDF, client mais aussi concurrent éventuel d'Areva à l'export et qui via ses deux récentes acquisitions, British Energy et une part de l'américain Constellation Energy, lorgne activement les marchés britanniques et américains, promis à d'importants investissements pour y relancer le nucléaire civil.

Autre grand larron de l'énergie en France, GDF Suez n'est pas absent de ces enjeux. Le groupe dirigé par Gérard Mestrallet doit être associé au deuxième EPR français et comme le révèle ce mercredi la Tribune, il négocie un partenariat avec l'opérateur électrique espagnol Iberdrola, qui possède déjà une co-entreprise avec le britannique Scottish & Southern Energy, en vue de faire des offres sur le marché du nucléaire au Royaume-Uni. Ils entendent notamment se porter candidat au rachat de sites nucléaires détenus par la Nuclear Decommissioning Authority (NDA) et EDF Development Company Limited.

Enfin, l'allemand Siemens, ex allié d'Areva dont il vient d'annoncer sa sortie du capital, va étudier la possibilité d'une alliance avec le géant public russe  Rosatom qui a le monopole de l'énergie nucléaire. "Nous suggérons de créer un groupe de travail pour discuter de la possibilité de notre coopération afin de parvenir à une décision concrète avant la fin avril" estime  le président du directoire de Siemens Peter Löscher. Il a rencontré le Premier ministre russe Vladimir Poutine qui a appelé de de ses voeux une telle coopération.