EDF : Proglio se voit en "capitaine du nucléaire français" et en "synergies avec Veolia"

Par latribune.fr  |   |  786  mots
Commentant les résultats 2009 du groupe qu'il dirige désormais, le patron d'EDF, Henri Proglio a assuré qu'il travaillait à la mise en place de synergies avec son ancienne entreprise Veolia dont il est encore président non exécutif. Il est reparti à la charge sur la restructuration de la filière française du nucléaire dont il veut être le "capitaine", rôle jusque là dévolu à Areva.

EDF a publié jeudi des résultats 2009 dopés par ses activités internationales et a dit viser une meilleure exploitation de son parc nucléaire en France dès 2010.
L'électricien public français a en outre indiqué qu'il visait pour 2010 une hausse "significative" de son Ebitda (résultat brut d'exploitation), notamment grâce à une croissance organique comprise entre 3% et 5% et au plein effet des opérations de croissance externe réalisées fin 2009.

Le groupe, détenu à 85% par l'Etat français, a également indiqué qu'il s'attendait pour 2010 à "une stabilisation de la demande d'électricité dans les principaux pays où (il) opère et à un certain raffermissement des prix de l'électricité, en France et en Allemagne notamment"."Nous allons faire en sorte que le coefficient de disponibilité du parc nucléaire (...) connaisse un rebond et rejoigne les meilleurs taux de disponibilité jamais atteints par le groupe EDF dans son histoire dans les délais les plus courts", a déclaré lors d'une conférence de presse Henri Proglio, le P-DG d' EDF , précisant qu'il visait une hausse de l'ordre de 1,5 à 2 points en 2010.

Le taux de disponibilité des centrales nucléaires françaises, crucial pour la rentabilité d' EDF , a atteint en 2009 son plus bas niveau depuis 1992 en raison de grèves et d'arrêts non programmés, à 78% contre 79,2% en 2008. Prié de dire s'il confirmait viser un taux de 85% d'ici trois ans, comme il l'avait indiqué fin 2009 lors d'une audition parlementaire, Henri Proglio a déclaré : "Je l'ai dit et je le maintiens (...). Oui, l'ambition est maintenue.""Je ne veux pas faire de pronostic absolument précis, au scalpel, pour vous dire dans quel mois et quelle semaine on franchira le cap des 85%, mais on y arrivera dans un avenir à moyen terme", a-t-il ajouté.

Le groupe souhaite en outre poursuivre son programme d'économies et a confirmé son objectif d'un milliard d'euros de gains cumulés sur son Ebitda en 2010 par rapport à 2007.


DIVIDENDE EN BAISSE

En 2009, il a enregistré un résultat net part du groupe de 3.905 millions d'euros (+12,1%), un résultat net courant de 3.923 millions (-10,7%), un Ebitda de 17.466 millions (+22,7% et +1,2% en organique), un résultat d'exploitation de 1.107 millions (+27,8%) et un chiffre d'affaires de 66.336 millions (+3,9% et -0,2% en organique). Le groupe propose de verser un dividende de 1,15 euro par action au titre de 2009 contre 1,28 euro au titre de 2008 et vise pour 2010 "une stabilité" en la matière.

Selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S, les analystes attendaient en moyenne un résultat net part du groupe de 3.729 millions d'euros, un Ebitda de 17.022 millions et un chiffre d'affaires de 68.090 millions.La dette nette d' EDF a atteint 42,5 milliards au 31 décembre 2009 contre 24,5 milliards à la fin 2008, une hausse qui reflète le financement des acquisitions, dont celle de British Energy.  EDF , qui veut conserver une structure financière solide avec un ratio dette nette/Ebitda compris entre 2,5 et 3, a engagé un programme de cessions qui devrait alléger son endettement financier net d'au moins 5 milliards d'euros en 2009-2010.

"SYNERGIES" ENTRE EDF ET VEOLIA

Dans ce cadre, l'examen des différentes options pour ses réseaux de distribution d'électricité au Royaume-Uni "suit son cours" et le groupe prendra une décision sur le sujet "fin mars début avril", a indiqué le directeur financier Daniel Camus, précisant que le "niveau d'intérêt" pour cet actif était "substantiel".
En octobre, EDF avait dit espérer obtenir plus de quatre milliards d'euros de ces réseaux.

Evoquant un éventuel renforcement des partenariats entre EDF et Veolia , dont il a gardé la présidence non exécutive, Henri Proglio a déclaré : "La dimension industrielle des synergies est en train de se construire." Il ne s'est en revanche pas prononcé sur l'hypothèse d'une montée d' EDF au capital de numéro un mondial des services à l'environnement. "Ce n'est pas une urgence ni une priorité."

Concernant la réforme du marché français de l'électricité, le P-DG d' EDF a exprimé son souhait de la voir se traduire par des investissements dans des moyens de production et la nécessité de donner au groupe les moyens de maintenir ses centrales en bon état et d'allonger leur durée de vie.

Il est enfin reparti à la charge sur la question de la restructuration de la filière nucléaire française, aujourd'hui dominé industriellement par le groupe public Areva. Le patron d'EDF se veut le "capitaine" de cette équipe tricolore mais filant la métaphore footballistique, Henri Proglio a rappelé que, comme pour le ballon rond, la décsion de faire entrer ou sortir un joueur appartenait au sélectionneur, en l'occurence l'Etat, actionnaire principal tant d'EDF que d'Areva et arbitre du marché.