L'industrie pétrolière demande un service minimum dans les ports

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  442  mots
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Après les grèves de l'automne dernier, et le rapport de la Cour des Comptes qui dénonce la mainmise de la CGT, l'Union française des industries pétrolières veut "rendre fiable" le port de Marseille.

La pression monte sur les ports français et en particulier sur celui de Marseille Fos, troisième port d'hydrocarbures au monde. Pour éviter que «des actions» comme la grève de l'automne 2010 qui a entraîné une sévère pénurie de carburants dans les stations-service «ne mettent le pays à genoux», l'Union française des industries pétrolières (Ufip) demande la mise en place d'un service minimum dans les ports. Les pétroliers viennent ainsi appuyer la volonté exprimée ces derniers jours par les dirigeants du port de Marseille et une large partie des acteurs économiques locaux. L'Ufip en profite pour exiger que les pouvoirs publics rendent «fiable» le port de Marseille.

Marseille ? un cauchemar...

La grogne des pétroliers contre le port phocéen ne date pas d'hier, ni de l'automne dernier. «Le port de Marseille est pour nous un cauchemar», s'exclamait vendredi Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip, en présentant le bilan 2010 de la profession. «La succession de grèves depuis 2005 a coûté plusieurs centaines de millions d'euros à l'industrie pétrolière. C'est un véritable handicap pour le raffinage français», a-t-il martelé. Les deux terminaux pétroliers de Fos et de Lavera alimentent huit raffineries (quatre sur place, une à Lyon, une en Alsace, deux en Suisse et en Allemagne) dont sept ne disposent que de cette seule voie d'approvisionnement.

Les groupes pétroliers rêvent d'une reprise en main

Candidates depuis des années à la reprise en main de ces installations -les seuls terminaux pétroliers portuaires français à ne pas être privés, les compagnies pétrolières ont cru que la réforme portuaire lancée en 2008, qui prévoit le transfert au privé d'une partie des activités des ports, le leur permettrait. Des chimistes, des distributeurs de gaz de pétrole liquéfiés et des intermédiaires logistiques pétroliers se seraient joints à eux pour reprendre les terminaux pétroliers de Marseille Fos. Las. A l'issue d'une confrontation avec la CGT en novembre 2008, le port de Marseille s'est engagé à rester majoritaire (60%) dans la nouvelle société Fluxel, qui exploitera les terminaux. Les opérateurs privés ont alors été priés d'apporter les 40% restants. Ils ne se sont pas précipités.

Le tour de table n'est toujours pas bouclé alors que le dispositif doit être validé le 25 février par le conseil de surveillance du Port de Marseille. Les pétroliers s'affichent très réticents à participer à une structure où ils resteront minoritaires, très dilués, sans aucune garantie d'évolution. Pourtant, le contrôle de ces terminaux leur semble toujours une option stratégique.