Marseille capitale de la contestation

La ville de Marseille est particulièrement touchée par la contestation contre la réforme des retraites. Les ordures s'amoncellent, les transports en commun sont à l'arrêt, les trains et les bateaux perturbés.

La contestation de la réforme des retraites reste très puissante à Marseille, où les ordures s'amoncellent, les transports en commun sont à l'arrêt, les trains annulés ou en retard et les bateaux bloqués en rade.

En grève depuis neuf jours dans 12 des 16 secteurs de la ville, les éboueurs ont barré mercredi les accès aux deux centres marseillais de traitement des déchets, interdisant aux salariés de quatre sociétés privées de décharger les ordures collectées sur le reste de la cité phocéenne.

Au total, ce sont entre 7.000 et 8.000 tonnes d'immondices qui pourrissent dans les rues de la ville, où un violent mistral se fait un malin plaisir de les éparpiller sur la chaussée.

Une situation jugée intolérable par le préfet des Bouches-du-Rhône, Michel Sappin, qui a fait appel à l'Unité d'instruction et d'intervention de la sécurité civile basée à Brignoles (Var) pour une opération mains propres dans les rues marseillaises.

Cent-cinquante hommes dotés d'une trentaine de camions ont commencé à nettoyer les tas d'ordures avant que les habitants excédés ne boutent le feu aux empilements indésirables.

Les marins-pompiers sont ainsi intervenus plus de 120 fois en deux jours pour éviter qu'un feu de poubelles ne se communique aux habitations proches.

"Nous ne sommes pas dans une logique d'affrontement mais dans une logique d'urgence sur des problématiques de sécurité", a affirmé le préfet Sappin. "Il ne s'agit nullement d'être des briseurs de grève. A aucun moment nous ne remettons en cause ce droit, mais il y a un véritable danger pour la sécurité et la santé des Marseillais."

Le haut fonctionnaire s'est appuyé sur un texte de loi datant de 1884, qui fixe les prérogatives de l'Etat en matière d'hygiène et de sécurité, pour justifier une intervention qualifiée de "spectacle médiatique" par les syndicats.

Ni bus ni tramway

Outre la gêne olfactive des tas d'ordures, les Marseillais ont été contraints de se passer de transports en commun, les quatre dépôts de bus de la ville ayant été bloqués par les grévistes de la régie des transports de Marseille (RTM). Aucun bus ni tramway n'a circulé mercredi.

"C'est le moment de monter la pression d'un cran pour nous faire entendre", a dit le délégué FO de la RTM, Alain Requena.

La direction de la RTM affirme que le dialogue est maintenu avec les syndicats, mais "uniquement pour débloquer les dépôts et non sur le problème national des retraites".

L'intersyndicale des cheminots a décidé de reconduire jeudi le mouvement de grève et promis des actions ciblées sur la ville comme les cheminots l'ont fait mercredi en bloquant pendant près de deux heures la gare routière d'où partent les cars de substitution mis en place par la SNCF pour remplacer les trains.

Le vent violent agite aussi les silhouettes des navires qui attendent en rade d'être déchargés.

Selon un communiqué de la direction du Grand port maritime de Marseille, 69 navires au total sont bloqués pour cause de grève, dont 22 pétroliers dans la rade et une trentaine de pétroliers ancrés au large des terminaux de Fos-Lavera.

A une soixantaine de kilomètres à l'ouest, les salariés des raffineries et du port ont interdit toute la journée l'accès au dépôt pétrolier de Port-de-Bouc, qui alimente l'armée et les aéroports de Marseille et Nice.

Selon la préfecture, il n'y aucun risque de pénurie d'essence en Languedoc-Roussillon et en Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Il y a eu un emballement, mais les pleins de carburants sont faits. On va retomber à une consommation plus normale et on assurera sans difficulté l'approvisionnement des automobilistes", a conclu, rassurant, Michel Sappin.

 

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