L'équipe de France du nucléaire va devoir jouer plus collectif

Par latribune.fr  |   |  590  mots
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Le gouvernement français a annoncé lundi soir un programme de rationalisation de sa filière nucléaire civile et demandé à ses grands acteurs de travailler ensemble au lieu de se lancer dans des projets rivaux.

C'était l'un des points les plus attendus de la réunion du Conseil de politique nucléaire (CPN). Réuni à l'Elysée autour du président Nicolas Sarkozy, le CPN a demandé à EDF et GDF-Suez de coopérer à la mise au point du réacteur de moyenne puissance Atmea, développé par Areva avec le japonais Mitsubishi Heavy Industries. La construction d'un premier exemplaire de ce réacteur en France sera mise à l'étude, précise un communiqué de la présidence de la République française.

Inversement, le développement d'un autre réacteur de moyenne puissance (1.000 MW) envisagé par EDF avec la Chine se fera dans le cadre d'un partenariat global avec Pékin, auquel tous les acteurs de l'industrie nucléaire française seront associés. L'administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) sera chargé de négocier ce partenariat, dont le projet a été annoncé lors de la visite en France du président chinois, Hu Jintao, en novembre.

Le gouvernement demande par ailleurs à Areva de transformer en filiale son activité dans les mines d'uranium, en "préalable à l'examen et à la mise en oeuvre des scénarios stratégiques et financiers permettant d'en assurer le développement". Cette filialisation pourrait être le prélude à l'ouverture du capital de cette activité minière, qui suscite l'intérêt d'EDF et d'investisseurs étrangers comme le Qatar.

EDF désigné comme chef de file

Le CPN demande également à Areva de conclure un accord d'approvisionnement en uranium de long terme avec EDF, opérateur des 58 centrales nucléaires françaises. ll tire aussi les leçons de l'échec français aux Emirats arabes unis, qui ont retenu fin 2009 une offre sud-coréenne plutôt que le réacteur EPR d'Areva, pour quatre centrales nucléaires. Pour éviter de nouvelles déconvenues, EDF sera désormais "le chef de file" de toute l'industrie nucléaire française à chaque fois que "la France est sollicitée pour ses compétences d'architecte ensemblier". Le rôle de leader du premier électricien mondial est également conforté par l'annonce de la nomination de son PDG, Henri Proglio, comme numéro deux d'un nouveau "Comité stratégique de l'énergie nucléaire". Ce comité, qui sera présidé par le ministre de l'Industrie Eric Besson, aura pour mission de "renforcer les relations et les partenariats entre les différents acteurs du secteur".

Le sort d'Anne Lauvergeon n'a pas été évoqué

Le communiqué de l'Elysée ne fait aucune allusion à la succession d'Anne Lauvergeon, dont le mandat à la tête d'Areva prend fin en juin. Des rumeurs d'éviction d'"Atomic Anne" ont régulièrement circulé depuis plus d'un an, sur fond de conflits récurrents avec Henri Proglio. Nicolas Sarkozy devrait recevoir dans les jours ou les semaines à venir une liste de candidats potentiels à sa succession. Mais il n'est pas exclu qu'elle fasse elle-même partie de cette liste.

Présidé par le chef de l'Etat, le CPN comprend le Premier ministre, le ministre chargé de l'énergie et ceux des Affaires étrangères, de l'Économie, de l'Industrie, du Commerce extérieur, de la Recherche, de la Défense et du Budget. Il comprend également le chef d'état-major des armées, le secrétaire général de la Défense nationale et l'administrateur général du CEA.
Sa réunion avait été préparée par une rencontre des industriels concernés - Areva, EDF, GDF-Suez, Alstom, CEA - vendredi, autour du ministre de l'Industrie.