Anne Lauvergeon doute que l'Allemagne ait définitivement tourné la page du nucléaire

Par latribune.fr  |   |  324  mots
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La présidente d'Areva a estimé ce lundi que la décision allemande de fermer ses derniers réacteurs nucléaires en 2022 était "totalement politique", n'excluant pas un retournement de situation d'ici cette échéance.

"C'est une décision totalement politique. Il n'y a pas eu de référendum, ni d'appel à ce que pensait l'opinion publique, même si les sondages montrent l'émotion des Allemands." Sans surprise, Anne Lauvergeon n'apprécie pas la décision de Berlin d'annoncer la sortie du nucléaire pour 2022. Invitée de BFM Radio, la présidente d'Areva a reconnu qu'elle s'attendait à "une réaction allemande spécifique" après la catastrophe de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima en mars, soulignant que la situation du nucléaire dans ce pays "n'a pas d'équivalent dans le reste du monde".

Mais Anne Lauvergeon ne croit pas caractère "irréversible" de cette décision. "D'ici 2022, il peut se passer beaucoup de choses" prévient-elle. La patronne d'Areva a notamment évoqué une incertitude juridique, après que le numéro deux allemand de l'énergie RWE a porté plainte contre la fermeture forcée de l'un de ses réacteurs nucléaires dans le pays. Selon elle, la fermeture déjà effective de sept réacteurs en Allemagne a "entraîné un renchérissement significatif des coûts de l'électricité en Allemagne, avec des conséquences pour la base industrielle installée".
La présidente d' Areva , à qui l'on demandait si le plan de charge du groupe de 45 EPR vendus d'ici 2020 était maintenu, a répondu qu'il était en train d'être "réévalué".

"Par rapport à ce scénario, nous pensons que Fukushima va créer quelque chose comme 6-9 mois de délai, lié au fait que les autorités de sûreté, la plupart d'entre elles, sont en train de faire une revue des différentes données sur la sûreté et la sécurité, a-t-elle détaillé. "Nous ne changeons pas significativement notre plan de charge", a-t-elle insisté, ajoutant que les orientations du groupe nuclaire allaient à nouveau être exprimées "dans les tout prochains jours ou semaines".