Toutes les centrales nucléaires françaises sont en état de marche, mais...

Par latribune.fr, avec agences  |   |  558  mots
Centrales nucléaires près de Lyon. Copyright Reuters
La sûreté des 58 réacteurs français est suffisante, a annoncé ce mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à l'issue d'un audit réalisé à la demande du gouvernement. Des investissements lourds sont toutefois nécessaires pour prévenir des situations "extrêmes", a précisé l'Autorité. EDF a déclaré que les demandes de l'ASN concernant son parc français devraient engendrer un surcoût d'environ 10 milliards d'euros.

Chargée par le gouvernement de réaliser un audit sur la sécurité du parc nucléaire français, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n'a pas exigé l'arrêt de la moindre centrale, y compris Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc français, en fonction depuis 1978.

"A l'issue des évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires proritaires, l'ASN considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu'elle ne demande l'arrêt immédiat d'aucune d'entre elles", déclare l'Autorité dans un avis publié avant la présentation des conclusions de l'audit.

"Dans le même temps, l'ASN considère que la poursuite de leur exploitation nécessite d'augmenter dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sûreté dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes." L'Autorité donne six mois aux exploitants pour recenser les mesures nécessaires en cas de catastrophe.

Dans un communiqué, le Premier ministre François Fillon a assuré que le gouvernement veillerait à ce que "l'intégralité des demandes" formulées soit respectée et ce, dans "le calendrier qui est imposé".

Le rapport de l'ASN précise qu'EDF, l'exploitant des 58 réacteurs, devra présenter avant le 30 juin les dispositions permettant de mettre en place un "noyau dur" dans chaque centrale afin de "maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes".

EDF, ajoute l'ASN dans son rapport, devra aussi mettre en place progressivement la "force d'action rapide nucléaire" qu'elle a proposée d'ici fin 2014, ce dispositif devant permettre d'assurer la relève des équipes d'un site accidenté et la mise en oeuvre de moyens d'intervention d'urgence en moins de 24 heures.

Plusieurs milliards d'euros

Pour le président de l'Autorité, André-Claude Lacoste, le coût des mesures imposées aux exploitants des centrales est "massif". "Un seul exemple : un diesel d'ultime secours coûte entre 30 et 50 millions d'euros. Il en faudra un pour chaque réacteur, soit un coût total de l'ordre de 2 milliards d'euros", déclare-t-il dans un entretien au quotidien Le Monde.

De son côté, EDF a déclaré que les demandes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) concernant son parc français devraient engendrer un surcoût d'environ 10 milliards d'euros.

Le coût des mesures exigées représentera "moins de 2% d'augmentation des factures d'électricité" par an, a déclaré pour sa part le ministre de l'Industrie et de l'Energie, Eric Besson. "Cela n'est pas rien, mais ce n'est pas la catastrophe économique qu'un certain nombre d'observateurs évoquent", a souligné le ministre sur RTL.

Caractéristiques propres à chaque centrale

Plus tôt dans la matinée, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait indiqué sur RMC que "si l'ASN recommandait la fermeture (de Fessenheim, ndr), "nous fermons bien sûr". "Pour moi la sûreté nucléaire ne fait pas l'objet d'un échange économique. Il n'y a pas de travaux trop cher en matière de sûreté nucléaire." a-t-elle ajouté tout en précisant que ce constat vaut "pour toutes les centrales françaises". Et de rappeler que chaque installation française avait des caractéristiques locales propres (risques de submersion pour celle du Blayais, en Gironde, ou le risque sismique au Tricastin, dans la Drôme).