Nicole Bricq frappe un grand coup en suspendant le permis de Shell en Guyane

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  471  mots
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La ministre de l'Ecologie, Nicole Bricq, a annoncé mercredi sa décision de suspendre "tous les permis" de forages exploratoires d'hydrocarbures, y compris celui de Shell au large de la Guyane française, annoncé comme très prometteur.

"Je remets à plat tous les permis" de forages exploratoires "en parfaite harmonie avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg", a déclaré la ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie Nicole Bricq, à l'occasion d'une conférence de presse sur le sommet Rio+20. "Je remets donc à plat le permis de la société Shell en Guyane", a indiqué la ministre, qui doit recevoir ce mercredi Patrick Roméo, président de Shell France, dont le permis d'exploration pétrolière en Guyane était en attente d'autorisation.

Deux arrêtés préfectoraux complémentaires étaient en fait attendus cette semaine par le pétrolier pour poursuivre l'exploration dans cette zone où une large découverte avait été annoncée l'an dernier. Shell et ses associés Total et Hardman Petroleum estiment que le potentiel de réserves de pétrole au large de la Guyane peut être énorme, à l'image de la zone "miroir" similaire au large de l'Afrique de l'Ouest où le champ Jubilee est une des plus importantes découvertes de la décennie.

Un million de dollars par jour de retard pour Shell

"Avec Arnaud Montebourg, nous avons relancé ensemble le travail de la refonte du code minier mais, en attendant, il y a peut-être quelques mesures à prendre", a expliqué mercredi Nicole Bricq. "On est très attachés à la protection de la faune marine et de l'environnement et nous n'avons aucune garantie quant à ça", a-t-elle ajouté. Son ministère souligne que Shell prévoit le recours à la technique des "boues à l'huile", un procédé qui pourrait menacer la biodiversité locale.

En début de soirée, les deux ministres ont précisé leur position dans un communiqué : "Dans le cadre d?un code minier inadapté et obsolète, le précédent gouvernement a octroyé un permis exclusif de recherches à un consortium privé sans contrepartie suffisante pour l'intérêt national. La prise en compte des problématiques d?environnement n?est pas satisfaisante. L'inspiration excessivement libérale de ce code prive le pays et ses collectivités des ressources significatives qu'ils sont en droit d'en attendre", ont indiqué Nicole Bricq et Arnaud Montebourg.

Le coup est dur pour Shell, qui s'apprêtait à poursuivre l'exploration sur cette zone. Selon "Le Monde" du 14 juin, le pétrolier attend le 19 juin l'arrivée sur place d'un navire très coûteux, doté des nouvelles technologies pour sonder le sous sol. Selon un expert cité par "Le Monde", chaque jour de retard pourrait coûter à Shell environ un million de dollars, voire plus. Selon le quotidien, le dossier Petroplus pèserait sur ce dossier. Shell a revendu à Petroplus en 2008 sa raffinerie de Petit Couronne. Aujourd'hui, les éventuels repreneurs du site en difficulté renâclent devant la facture de la dépollution du site, évaluée à 300 millions d'euros.