La facture annuelle d'électricité va bondir de 30 % d'ici à 2016

Par Paul Laubacher  |   |  637  mots
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Selon le rapport de la commission d'enquête du Sénat, la facture annuelle en électricité des ménages français s'élèvera à 1.125 euros, hors taxe, en 2016. En 2020, elle pourrait atteindre 1.307 euros par an contre 874 euros en 2011. En cause : les investissements élevés du renouvelable, ceux croissants du nucléaire et l'état du réseau français.

La facture sera plus que salée pour le pouvoir d'achat des Français et pour les... entreprises. La commission d'enquête du sénat sur "le coût réel de l'électricité" a dévoilé le résultat de ses travaux ce mercredi. Mauvaise surprise : la facture moyenne d'électricité pourrait donc atteindre 1.125 euros en 2016, soit une hausse de 30% par rapport à 2011. En 2020, c'est de près de 50% que la facture augmentera, à 1.307 euros. En 2011, elle s'élevait à 874 euros en moyenne pour les ménages français. Entre le début des travaux de la commission et le rendu des résultats, le nom du rapport a changé. Il ne porte plus sur le « coût réel » mais se nomme désormais : "Electricité : assumer les coûts et préparer la transition énergétique". De cette manière, la commission d'enquête, présidée par Ladislas Poniatowski (UMP), annonce la couleur : l'électricité coûte de plus en plus cher en France et il faudra trouver des solutions.

Les "incertitudes" du coût du nucléaire

Le résultat des travaux de la commission d'enquête du Sénat, dont le rapporteur est Jean Desessard (Ecologie), estime d'ailleurs que les coûts de l'électricité nucléaire sont encore sous-évalués. En incluant les travaux de maintenance post-Fukushima, 10 milliards d'euros, les sénateurs peuvent avancer un chiffre : 54,2 euros par mégawattheure. C'est plus que l'évaluation du rapport de référence de la Cour des comptes, publié au début de l'année, qui estimait à 49,5 euros par mégawattheur ce coût. Et c'est encore bien plus que le prix de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH), qui est de 42 euros depuis le 1er janvier.

Pas de coût caché donc, mais des "incertitudes" quant au coût réel de l'électricité nucléaire en France. Ces incertitudes portent notamment sur le démantèlement des centrales, dont le surcoût est évalué à 1.500 milliards d'euros. Il y a aussi les coûts d'assurances pour un accident grave ou des incidents majeurs. Là, le surcoût culmine à 4.010 milliards d'euros. Ou encore sur les frais de recherches publiques, qui sont estimés à 2.900 milliards d'euros.
Si tout cela s'additionne, le prix s'envolerait à 75 euros par mégawattheure. Un coût que la commission d'enquête s'est refusé d'officialiser. Pour une simple raison, selon Jean Desessard : "Parce qu'on a pas voulu rajouter des incertitudes aux incertitudes." De quoi faire croître de manière exponentielle la facture en électricité des Français.

L'énergie renouvelable, secteur immature

L'investissement dans les énergies renouvelables s'est traduit par un "développement rapide" mais "payé au prix fort", selon la commission d'enquête du Sénat. Seul l'éolien terrestre est parvenu à "maturité", avec un prix au mégawattheure de 82 euros. L'éolien en mer reste encore beaucoup moins "mature" et plus cher, plus de 220 euros. Le photovoltaïque culmine toujours entre 229 à 371 euros, même si on est redescendu de sommets de 580 euros du fait du tour de vis sur les tarifs d'achat. La France s'est engagée à atteindre 27% d'électricité renouvelable en 2020, contre 13% l'an passé.

Le coût croissant du réseau

Depuis 10 ans, la performance du réseau électrique s'est "dégradée", estime les sénateurs. Les temps de coupures s'allongent, reflet du mauvais d'état du réseau. En 2002, le temps de coupure moyen était de 42 minutes. Il est passé à 73 minutes en 2011, et a même culminé à 85 minutes en 2009. Et depuis 10 ans, les investissements du Réseau transport électrique (RTE) ont presque triplé. Ils sont de 1,38 milliards d'euros en 2011 contre 600 millions d'euros au début des années 2000. Ils pourraient passer à 1,6 milliards d'euros d'ici à 2016. Du côté d'Electricité réseaux distribution France (ERDF), les investissements ont doublé entre 2005 et 2012, passant de 1,5 à 3 milliards d'euros.