Nucléaire : Réunion au sommet le 16 août autour des fissures dans les réacteurs

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  524  mots
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Après la découverte de « potentielles fissures » sur une cuve de réacteur belge, les autorités de sureté nucléaire des autres pays européens équipés des même cuves ont décidé de se réunir à Bruxelles le 16 août. L'Espagne, la Suède et la Suisse ont confirmé disposer de ces équipements actuellement soupçonnés de défauts de fabrication. L'Allemagne en serait également dotée.

Des représentants des autorités chargée de la sécurité nucléaire des pays concernés se réuniront le 16 août à Bruxelles pour "un échange d'informations", a indiqué l?autorité belge, l'AFCN. Il s'agira d'une "réunion technique", a-t-elle tenté de minimiser. L?organisme belge a révélé mardi avoir détecté de « potentielles fissures » sur la cuve du réacteur de Doel 3, problèmes qu?il impute a priori à un défaut de fabrication. Or, outre deux réacteurs belges, neuf autres réacteurs européens en Allemagne, Espagne, Suède, Suisse et Pays Bas seraient dotés de cuves provenant du même fournisseur, le néerlandais Rotterdamsche Droogdok Maatschappij (RDM), qui a depuis cessé ses activités.

L'autorité espagnole a ainsi confirmé que les réacteurs de Garona et Cofrentes avaient des installations similaires. L'autorité suisse a indiqué que la firme néerlandaise avait équipé le réacteur de Mühleberg et son homologue suédoise a précisé que le réacteur numéro 2 de la centrale Ringhals avait le même type de cuve. L'autorité des Pays-Bas a pour sa part précisé que la firme RDM avait fourni la cuve du réacteur de Borssele, mais qu'elle ne l'avait pas fabriqué. Le groupe néerlandais aurait également équipé deux réacteurs en Allemagne.

Le rédemarrage du réacteur belge peu probable

En Belgique, le redémarrage de Doel 3, exploité par Electrabel, filiale de GDF Suez, semble de plus en plus compromis. Le directeur de l?AFCN Willy de Roovere s'est déclaré "sceptique" vendredi quant à la possibilité de relancer ce réacteur, près d'Anvers, à l'arrêt depuis la découverte de ces anomalies. "Je suis assez sceptique pour le moment", a-t-il déclaré à la radio RTBF. "Il reste quand même la possibilité de prouver que je me trompe", a-t-il toutefois précisé.
"Une éventuelle réparation de la cuve est pratiquement impossible et n'est pas l'option à retenir, parce qu'il est à craindre qu'une telle opération fasse apparaître de nouvelles tensions dans la paroi de la cuve, ce qu'il faut absolument éviter", soutient l'AFCN. "Un remplacement de la cuve est extrêmement difficile (dose élevée de rayonnements) et n'a jamais eu lieu où que ce soit dans le monde", précise l'AFCN.
Ces « potentielles fissures » ont été découvertes à l?occasion d?un contrôle par ultrasons qui testaient pour la première fois en Belgique les zones cylindriques de la cuve. Jusqu?à présent, seules les soudures étaient contrôlées. Les deux réacteurs belges (Doel 3 et Tihange 2) qui représentent un tiers de la capacité nucléaire du royaume, fonctionnent depuis près de trente ans avec ces cuves. Ce qui ne signifie pas que ces possibles fissures soient sans danger. « Si ces défauts sont confirmés, la cuve ne semblerait pas offrir pas de garanties suffisantes en cas d?accident », affirme Sébastien Crombez, de l?Autorité française de sureté nucléaire, ASN. En Belgique, le nucléaire, dont le gouvernement a décidé l'arrêt total d'ici à 2023/2025, fournit la moitié de l'électricité.