Des députés socialistes choqués par Proglio

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  480  mots
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Trois députés socialistes se plaignent, dans un communiqué, que Henri Proglio, PDG d'EDF ait pris « le contre pied des orientations du gouvernement » lors de ses interventions ce mercredi matin à une table ronde à l'assemblée nationale. Cela risque de « compromettre la marche vers la transition énergétique », ajoutent-ils.

Henri Proglio fait bien de rester muet ces derniers temps. Dès qu'il prend la parole, il agace, voire irrite fortement. C'est le cas pour trois députés socialistes (Philippe Bies, Bas-Rhin, Alexis Bachelay, Hauts de Seine, Arnaud Leroy, français hors de France) qui ont jugé nécessaire de s'indigner dans un communiqué des propos tenus par le PDG d'EDF lors d'une table ronde organisée ce mercredi matin à l'assemblée nationale.
« Force est de constater que les propos des deux responsables des principales entreprises concernées par le processus de transition énergétique n'ont pas été à la hauteur des enjeux », écrivent-ils en visant Henri Proglio et Luc Oursel, patron d'Areva. Avant de s'en prendre au seul PDG d'EDF.
« Henri Proglio, Pdg d'EDF, s'est même autorisé à plusieurs reprises de prendre le contre-pied des orientations du gouvernement et des annonces réalisées par le Président de la République lors de l'ouverture de la Conférence environnementale du 14 septembre dernier », dénoncent-ils. « Nous regrettons ce décalage qui, s'il devait persister, contient tous les risques de compromettre la marche, déjà complexe, vers la transition énergétique », ajoutent-ils.
En séance, un autre député socialiste avait été plus direct encore avec Henri Proglio. "Lors de la campagne des présidentielles, vous avez pris une position publique d'opposition au programme du candidat Hollande en ce qui concerne l'énergie nucléaire. Celui-ci ayant été élu, la logique de vos engagements ne devrait-elle pas vous conduire à présenter votre démission?", lui a demandé Philippe Plisson, député socialiste de Gironde. Une sortie qui lui a valu des remontrances d'un autre député socialiste, le président de la commission du développement durable de l'Assemblée Jean-Paul Chanteguet, qui coorganisait cette table ronde avec le président de la commission des affaires économiques François Brottes.
De son côté, le député EELV François-Michel Lambert estime « surestimés » les chiffres de prévisions de consommation énergétique avancés par Henri Proglio ce matin. Le PDG d'EDF a affirmé que la consommation électrique française pourrait augmenter de près de 40% d'ici 2025. "Je signale à tout hasard qu'avec 2% d'hypothèse de croissance économique annuelle et compte tenu de la démographie et des habitudes de consommation (...), le parc actuel de production français, toutes énergies confondues, ne suffirait qu'à satisfaire 60% de la demande en 2025", a-t-il déclaré. Avant d'en conclure qu'il ne fallait pas fermer de centrales nucléaires pour répondre à l'objectif de 50% d'électricité d'origine nucléaire d'ici 2025. "Comment peut on parler de mix sans parler de quantité d'énergie dont on voudrait disposer?", a-t-il plaidé. "Est-ce qu'il ne faut pas poser la question de savoir d'où viendrait l'électricité pas encore produite plutôt que de se poser la question de savoir comment on supprimerait des moyens de production existants?", s'est-il exclamé.