Les géants européens de l'énergie en déroute

Par latribune.fr  |   |  628  mots
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Après les plans de réduction d'effectifs lancés par les allemands E.ON et RWE, c'est au tour du numéro trois allemand EnBW d'annoncer la suppression de 1.350 emplois. GDF Suez et EDF ont, eux, décidé d' accentuer leurs plans d'économies. Le secteur entier est pris dans la tourmente.

L'Europe de l'énergie est à son tour touchée par la crise, mais pas seulement. Le numéro trois allemand de l'énergie EnBW a annoncé vendredi qu'il comptait supprimer 1.350 emplois, soit près de 7% de ses effectifs, et atteindre les objectifs de son plan d'économie un an plus tôt que prévu. Jeudi, Siemens avait révélé son intention de supprimer 1.100 postes dans sa branche énergétique en Allemagne d'ici 2014. Les deux groupes ont précisé que ces suppressions de postes seraient effectuées sans recourir à des licenciements secs mais grâce à des retraites anticipées à temps partiel ou des offres de guichet départ.

Un nouveau plan d'économie pour EDF
EnBW entend ainsi "réagir de façon conséquente aux conditions de marché et de réglementation toujours aussi difficiles dans le secteur de l'énergie". Ces mêmes raisons ont poussé récemment les acteurs français de l'énergie a accélérer leurs plans d'économies. EDF a déclaré cette semaine au Wall Street Journal son intention de mettre en ?uvre un plan d'économies, dont les modalités seront précisées début 2012. L'électricien avait déjà lancé un plan d'économies de 2,5 milliards d'euros en 2011, dont près de la moitié avait été atteint mi 2012. EDF a déjà fait savoir qu'il suspendait son projet de 1,8 milliard d'euros de construction d'une super centrale à charbon en Pologne.

GDF Suez va supprimer des postes
A la différence de ses concurrents allemands, le géant français de l'électricité ne coupe pas dans ses effectifs. Il a même confirmé son objectif de 2.000 créations nettes d'emplois en 2013. GDF Suez avait dévoilé, lui, la semaine dernière la révision à la baisse de ses prévisions de résultats pour 2013 et 2014 et un vaste plan d'économies (4,5 milliards d'euros par an à partir de 2015) qui entraînerait des suppressions de postes mais sans licenciements, selon le PDG Gérard Mestrallet.

Le poids des régulations
L'aveu de ces sombres perspectives avait surpris le marché (le titre GDF Suez a plongé de près de 12% le jour de l'annonce) qui pensait le groupe mieux protégé de la crise par ses positions fortes dans les pays émergents. Tous les géants de l'électricité et du gaz européens sont en fait bousculés par les mêmes facteurs structurels. A la baisse des consommations s'ajoute le poids des régulations qui, dans la plupart des pays, les contraint à effectuer des investissements, sans les autoriser à les couvrir complètement par une hausse de leurs tarifs.

L'arrêt du nucléaire sans compensation
En Belgique et en Allemagne, les Etats taxent le nucléaire ou l'arrête sans contrepartie. Le groupe énergétique public suédois Vattenfall, co-propriétaire de centrales nucléaires en Allemagne, réclamerait à Berlin plus de 3,5 milliards d'euros en dédommagement de l'arrêt programmé de ses réacteurs, a affirmé vendredi le journal suédois Dagens Industri.

EDF a déjà avancé 5 milliards d'euros pour les énergies renouvelables
En France, EDF n'est pas encore confronté à cette question, même si Henri Proglio a fait savoir qu'il allait demander à l'Etat des indemnités pour EDF et les autres xx de Fessenheim, mais l'électricien peine à récupérer le montant des subventions des énergies renouvelables qu'il avance. Le déficit cumulé ressort à près de 5 milliards d'euros fin 2012, auxquels viendront s'ajouter 2 autres milliards au titre de 2013. L'Etat est pris en tenaille entre son rôle d'actionnaire d'EDF, sa volonté de développer les énergies renouvelables et son obligation de protéger le pouvoir d'achat des Français. Les autres actionnaires d'EDF (15% de son capital est coté en Bourse) ont du mal à l'accepter.