Pourquoi Total va continuer à augmenter sa production d'énergies fossiles

Par Michel Cabirol  |   |  643  mots
Le PDG de Total, Christophe de Margerie Copyright Reuters
Le pétrolier tricolore s'est fixé en 2017 l'objectif d'atteindre une production de trois millions de barils/jour. Les démarrages de toute une série de projets vont l'aider à y parvenir.

La saga des énergies fossiles ne sera pas encore à ranger dans les livres d'histoire... en 2035. Bien au contraire, le pétrole, le gaz et le charbon représenteront à cet horizon 74 % du mix de l'offre énergétique mondiale (81 % en 2010 et 80 % en 2020) et seront cruciaux pour subvenir à la folle croissance de la demande (400 millions de barils/jour, contre moins de 300 millions de barils en 2010). "Toutes les énergies seront nécessaires pour satisfaire la demande à l'horizon 2035 et au-delà", fait d'ailleurs valoir le PDG de Total, Christophe de Margerie, qui présentait mercredi les résultats 2012 du groupe. Le pétrolier tricolore entend d'ailleurs mener sur "deux fronts" les objectifs de croissance de production de son groupe dans les énergies fossiles et les énergies renouvelables, plus particulièrement dans le solaire.

Pas question donc pour Total de lâcher l'or noir, qui va continuer de couler à flots pour satisfaire la demande énergétique mondiale. D'autant que le pétrolier a eu pas mal de flair en 2012 en mettant la main sur quatre gisements à fort potentiel : North Platte dans le Golfe du Mexique (Etats-Unis), une découverte qui fait la fierté du groupe après des années de recherches vaines dans ce pays, Vaca Muerta en Argentine, King Lear en Norvège et, enfin, Eben au Nigéria. "C'est le début d'une nouvelle histoire", veut croire Christophe de Margerie. Un jackpot qui va s'ajouter à toute une série de démarrages majeurs programmés sur les quatre prochaines années (2013-2016), qui, selon les estimations de Total, vont produire 750.000 barils/jour supplémentaires, dont 50 % dans des pays de l'OCDE. Et Total montre même un certain appétit pour accroître ses réserves, qui ont une durée de vie estimée aujourd'hui à 13 ans. "Il faut s'appuyer sur nos succès dans le domaine de l'exploration pour soutenir notre future croissance organique", précise Christophe de Margerie. Le pétrolier a décidé d'augmenter de 10 % son budget exploration pour les douze prochains mois à 2,8 milliards d'euros. Objectif : forer plus de 60 puits, dont quinze très prometteurs, baptisés éléphants ou "big cats" comme en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Kenya, en Indonésie et au Brésil. 

Objectif 3 millions de barils/jour en 2017

Ces investissements ont un objectif clair, celui d'atteindre une croissance de la production entre 2011-2015 de 3 % environ par an en moyenne. Ce qui permettra à Total de produire 3 millions de barils/jour en 2017 (contre 2,3 millions de barils/jour en 2012, en baisse de 2 % par rapport à 2011). Le pétrolier a vu notamment baisser sa production en raison des accidents de la plate-forme d'Elgin en Mer du Nord et d'Ibewa au Nigéria (- 2 %) et des problèmes de sécurité au Yémen et à l'arrêt des productions en Syrie (- 1,5 %). Pour autant, les démarrages des nouveaux projets (+ 4,5 %) ont permis en partie de compenser les obstacles rencontrés l'an dernier à la croissance de la production promise par Total. "Nous devons démarrer la nouvelle génération de grands projets amont en temps et dans les budgets impartis", martèle le patron de Total. Un rappel qui n'est pas anodin car le pétrolier a souvent dû mal à démarrer ses projets. 

En 2013, la croissance des productions devrait être alimentée par des projets démarrés en cours d'année 2012 ainsi que des démarrages d'Anguille au Gabon, d'Angola LNG, de Kashagan au Kazakhstan et par l'extension de l'OML 58 au Nigéria. "Il faut accélérer en matière de production", souligne Christophe de Margerie, qui prévoit "une accélération de la croissance après 2015". Enfin, Total travaille au redémarrage d'Elgin au cours du premier trimestre. Selon Total, qui a réussi à faire baisser à 3-4 % le taux de déclin naturel de la production, 90 % du potentiel de 2017 sont déjà en production ou en cours de développement.