Mort du PDG de Total : une "négligence criminelle" selon les enquêteurs

Par latribune.fr  |   |  592  mots
Christophe de Margerie, 63 ans, participait lundi à une réunion sur l'investissement étranger organisée par le gouvernement russe à Gorki, près de Moscou.
L'accident d'avion dans lequel a péri Christophe de Margerie, à l'aéroport Vnokouvo de Moscou est dû à une "négligence criminelle" de la direction de l'aéroport, a affirmé mardi le comité d'enquête russe.

"Il ne s'agit pas d'un tragique concours de circonstances, mais d'une négligence criminelle des fonctionnaires" qui ont échoué à coordonner dûment le travail de leurs employés.

Ainsi, le comité d'enquête russe a rendu ses premières conclusions sur l'accident d'avion dans lequel a péri le patron du géant pétrolier français Total, Christophe de Margerie, à l'aéroport Vnokouvo de Moscou, lundi 20 octobre. "Même s'il y a déjà des premiers suspects, il est évident que, derrière la négligence des exécutants directs, il y a des dirigeants plus haut placés de l'aéroport", souligne le comité, en ajoutant ne pas exclure d'autres interpellations.

Parmi les scénarios possibles retenus par les enquêteurs figurent "une erreur des aiguilleurs du ciel", "les mauvaises conditions météorologiques" et une "erreur de pilotage". Les boîtes noires de l'avion ont déjà été découvertes et remises à des spécialistes appropriés pour être déchiffrées, selon le communiqué.

L'avion a heurté un chasse-neige

C'est au moment du décollage que l'incident s'est produit. Le Falcon 50 du patron de Total a heurté un chasse-neige alors qu'il s'apprêtait à quitter la piste de l'aéroport moscovite pour rejoindre Paris, peu avant minuit (heure locale), indique la porte-parole de l'aéroport Elena Krilova.  Une version confirmée cette nuit par le groupe pétrolier dans un communiqué :

"Le groupe Total confirme avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président-directeur général Christophe de Margerie est décédé cette nuit peu après 22h (heure de Paris) dans un accident d'avion, à l'aéroport de Vnoukovo de Moscou, à la suite d'une collision avec un engin de déneigement".

Le conducteur de la déneigeuse ivre?

A 7H30 ce matin une première information émanant de l'enquête ouverte par l'Autorité de l'aviation civile russe pour déterminer les causes de la collision, et relayée par l'AFP, indiquait que le conducteur de la déneigeuse était ivre. D'après l'avocat de ce dernier, les proches démentes: "il était sobre le matin et il ne boit pas du tout en raison d'une maladie chronique au coeur".

Selon les autorités aéroportuaires, la  tempête de neige qui s'était abattue sur Moscou avait par ailleurs réduit la visibilité au moment du décollage à 350 mètres. L'accident a également coûté la vie aux trois membres de l'équipage du Falcon.

"Un capitaine d'industrie"

"La France perd un grand capitaine d'industrie et un patriote", a réagi dans un communiqué le Premier ministre Manuel Valls, saluant en Christophe de Margerie "un dirigeant d'entreprise hors du commun qui a su transformer Total pour en faire un géant mondial. Il avait notamment préparé l'avenir de l'entreprise, en l'orientant vers les énergies du futur."

>>Lire sur ce sujet : l'interview de Christophe de Margerie par La Tribune en mai 2014

Christophe de Margerie, 63 ans, participait lundi à une réunion sur l'investissement étranger organisée par le gouvernement russe à Gorki, près de Moscou. Reconnaissable à sa moustache, le PDG de la deuxième plus grosse société du CAC 40 était devenu directeur général en 2007, puis PDG en 2010.

Marié et père de trois enfants, diplômé de l'Institut universitaire de technologie et de l'Ecole supérieure de commerce de Paris ("Sup de co"), Christophe de Margerie était entré en 1974 chez Total, dont il avait par la suite gravi tous les échelons.

Publié à 7h07, mardi 21 octobre. Mis à jour à 13h55, mardi 21 octobre