Macron : "Areva a aujourd'hui beaucoup à faire par elle-même."

Par latribune.fr  |   |  548  mots
Areva a pâti de ses erreurs de stratégie sur le long terme. "On peut citer les gros investissements sur les outils de production, les acquisitions pour faire face à un redémarrage attendu de l'activité nucléaire qui n'a pas eu lieu, en particulier à cause de Fukushima", rappelle un analyste.
Le groupe doit annoncer sa nouvelle stratégie le 4 mars prochain, à l'occasion de la publication de ses résultats annuels. Si l'une des solutions pour sortir des difficultés financières pourrait passer par une augmentation du capital, celle-ci n'est pas à l'ordre du jour, a assuré Emmanuel Macron, mardi.

Areva doit affronter des pertes financières abyssales. Le 23 février, la société a annoncé 4,9 milliards d'euros de pertes nettes pour l'exercice 2014. Un analyste interrogé par La Tribune en détaille les composantes:

"1,2 milliard d'euros de pertes liées aux impôt différés d'actifs auxquels il faut ajouter 500 millions d'euros de pertes semestrielle, sans oublier 500 millions issus du coût du projet d'usine de conversion d'uranium Comurhex II, le reste vient de dépréciations et de pertes valeurs dans les mines notamment."

Erreurs stratégiques et catastrophe de Fukushima

Selon cet analyste, Areva a pâti de ses erreurs de stratégie sur le long terme:

"On peut citer les gros investissements sur les outils et capacités de production de ses sites, les acquisitions pour faire face à un redémarrage de l'activité nucléaire mais qui n'a pas eu lieu - en particulier à cause de Fukushima. Les relations entre Areva et EDF se sont aussi détériorées. En période de ralentissement, tout cela a pesé sur Areva."

Pour le moment, semble-t-il, le feu ne s'étend pas jusqu'aux marchés: Areva profite d'une accalmie du côté de la Bourse. Son titre a perdu seulement 2,09% lors de la séance de lundi, suite à l'annonce des pertes nettes, puis il est même monté de 9,34 euros à 9,46 euros à 11h10, lors de la séance de jeudi.

Mais, en réalité, assure l'analyste,

"la forte chute a déjà eu lieu en novembre [l'action Areva a chuté de 52% en 2014, Ndlr] suite à l'annonce du "profit warning". Aujourd'hui, il n'y a plus grand-chose à perdre pour les investisseurs dans une action passée de 12 à 9 euros et quelque, alors qu'ils l'ont achetée 20 euros. Les investisseurs attendent la remise à plat".

Une réduction d'effectif à venir ?

Cette remise à plat, c'est l'annonce des résultats de l'exercice 2014-2015, le 4 mars prochain. Areva dévoilera à ce moment-là sa nouvelle stratégie pour les années à venir. Selon l'analyste, "l'essentiel est de voir si ce qui sera proposé est crédible par rapport à l'état du marché nucléaire et par rapport à la concurrence".

L'entreprise devrait présenter également un plan drastique de compétitivité. Selon des informations parues dans la presse, Areva pourrait notamment supprimer des postes. Les syndicats de l'entreprise, comme la la CFE-CGC, redoutent un "impact social sans précédent".

On en est réduit à faire des hypothèses, explique l'analyste:

"Areva communique peu, il est difficile de faire des plans sur la comète. Mais on peut très bien imaginer qu'ils ouvriront leur capital, vendront des filiales. Areva pourrait bien passer par une augmentation de capital [...] Le relèvement prendra du temps, au moins un an, et dépendra du redémarrage du marché nucléaire."

Pour Macron, l'augmentation de capital n'est "pas une priorité"

En marge d'un déplacement au Salon de l'agriculture, mardi 24 février, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a affirmé qu'une augmentation de capital d'Areva n'était "pas la priorité", ajoutant:

"Areva a aujourd'hui beaucoup à faire par elle-même."

Le ministre a également assuré qu'une prise de participation d'EDF ou de GDF dans certains actifs du spécialiste du nucléaire n'était "pas sur la table". Pour rappel, Areva est détenu à plus de 87% par des capitaux publics.