Après une assemblée générale tumultueuse, TotalEnergies joue les prolongations au Nigéria

Par latribune.fr  |   |  537  mots
Quelques jours après son assemblée générale, TotalEnergies retrouve des militants du climat mercredi au tribunal de Paris. (Crédits : Reuters)
Le mastodonte tricolore du pétrole et du gaz TotalEnergies a annoncé lundi le renouvellement pour 20 ans d'une licence de production dans un bloc en eaux profondes au large du Nigeria. À quelques jours du début d'un procès, la major française est au centre des contestations.

Le sevrage aux énergies fossiles risque de prendre du temps. Le géant français du pétrole et du gaz TotalEnergies a annoncé lundi 29 mai le renouvellement pour 20 ans d'une licence de production dans un bloc en eaux profondes au large du Nigeria. Ce renouvellement concerne le bloc OML 130, situé à 150 km au large des côtes, qui "contient les champs prolifiques d'Akpo et d'Egina, mis en production respectivement en 2009 et en 2018", précise l'entreprise dans un communiqué.

La production y a atteint l'an dernier 282.000 barils équivalent pétrole (bep) par jour, dont environ 30% de gaz, ensuite liquéfié dans l'usine de Nigeria LNG, indique TotalEnergies, qui possède 24% de ce bloc dont il est l'opérateur. Le bloc contient par ailleurs le champ pétrolier de Preowei, qui y a été découvert.

"Cette extension de 20 ans va nous permettre de lancer des études d'ingénierie (FEED) sur le projet Preowei, qui vise à valoriser une découverte en la raccordant aux installations existantes", a souligné Max Ndong-Nzue, directeur Afrique pour l'exploration-production chez TotalEnergies, cité dans le communiqué. NNPC, la compagnie pétrolière nationale nigériane, avait annoncé le 25 mai un renouvellement du contrat de partage de production sur le bloc OML 130.

Une assemblée générale sous tension

Les investissements de TotalEnergies dans les ressources fossiles, dont l'utilisation est essentiellement responsable du changement climatique, sont sous la surveillance notamment des associations et activistes, dont certains ont tenté sans succès vendredi de bloquer l'assemblée générale des actionnaires du groupe.

La pilule passe de plus en plus mal, y compris chez l'actionnariat. Certes, 89% des investisseurs ont voté en faveur de la résolution Climat du groupe ce vendredi, soit le même pourcentage que l'an dernier. Mais, surprise : 30,44% d'entre eux ont finalement approuvé une autre résolution déposée par les activistes de Follow This, réclamant à l'entreprise d'aligner l'ensemble de ses émissions indirectes de CO2, le fameux « Scope 3 », sur une trajectoire compatible avec l'accord de Paris sur le climat..

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Le géant pétrolier au tribunal

Quelques jours après son assemblée générale tumultueuse, TotalEnergies retrouve des militants du climat mercredi au tribunal de Paris: une coalition d'ONG et de collectivités, dont les villes de Paris et de New York, demande à la justice de contraindre le géant pétrogazier à aligner sa stratégie climatique sur l'accord de Paris.

La décision des juges sur cette question n'est pas attendue avant 2024 ou même 2025. Mais l'audience prévue devant la 5e chambre civile du tribunal judiciaire, sera, sauf nouveau report, la première occasion de voir la coalition et le groupe français aiguiser leurs arguments sur cette affaire qui remonte à juin 2019.

A long terme, la coalition - qui regroupe six ONG telles que Sherpa et France Nature Environnement, et seize collectivités, dont les villes de Grenoble, Bayonne ou Nanterre - espère obtenir un jour un équivalent français de la condamnation de Shell aux Pays-Bas. En 2021, un tribunal y avait condamné le géant pétrolier britannique à accélérer son plan de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.

(Avec AFP)