Réquisitions dans les raffineries : « une amélioration très sensible dans les prochains jours », promet le gouvernement

Par latribune.fr  |   |  1022  mots
Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. (Crédits : Reuters)
Les grévistes des groupes pétroliers TotalEnergies et Esso-ExxonMobil ont annoncé, ce mercredi, poursuivre leur mouvement pour de meilleurs salaires, prolongeant les pénuries de carburants qui affectent un tiers des stations-service françaises. Dans ce contexte, le gouvernement a décidé de lancer des réquisitions de personnel et annonce « une amélioration très sensible dans les prochains jours » par la voix du porte-parole Olivier Véran. Quant à TotalEnergies, dont les raffineries sont bloquées, la direction reçoit cet après-midi individuellement les syndicats représentatifs du groupe pétrolier.

Alors que la grève dans les raffineries TotalEnergies et Esso-ExxonMobil s'est étendue malgré les pressions du gouvernement, la direction de TotalEnergies doit rencontrer dans l'après-midi des représentants syndicaux, dont la CGT, pour échanger sur la situation du raffinage en France et la levée des blocages. TotalEnergies a, en effet, annoncé plus tôt dans la journée que la direction du groupe allait recevoir individuellement les syndicats représentatifs du groupe pétrolier.

Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité européen TotalEnergies Europe, a déclaré depuis le siège du groupe à La Défense qu'il acceptait ce premier rendez-vous. Techniquement, il ne s'agira pas d'une réunion de « négociations » sur les salaires, mais de concertation et d'échange, a précisé le négociateur de la CGT.

Le syndicat réclame 10% d'augmentation de salaire pour 2022, contre les 3,5% obtenus en début d'année, le groupe ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022. Le syndicat réclame aussi des négociations officielles dès maintenant, sans les conditionner à la levée de la grève.

Olivier Véran confiant sur une « amélioration très sensible dans les prochains jours »

Cela pourrait-il mener vers un déblocage de cette situation qui dure depuis deux semaines ? C'est du moins ce que veut croire Olivier Véran. Le porte-parole du gouvernement, a répété ce mercredi que les Français verraient une « amélioration très sensible dans les prochains jours » des réserves de carburants dans les stations-services. Et ce, grâce aux réquisitions de grévistes qui ont débuté ce mercredi. « Ensuite, pour qu'un retour à la normale complet puisse arriver, ça va prendre plusieurs jours », a-t-il ajouté lors de son compte-rendu du Conseil des ministres à l'Élysée.

« A partir du moment où vous débloquez, vous refaites tourner les centres de dépôt, ça va avoir plusieurs conséquences: d'abord des camions vont pouvoir à nouveau sortir des centres de dépôt et reprendre leurs tournées normales pour alimenter les stations-services, donc là vous avez un effet visible qui est rapide », a détaillé Olivier Véran.

Dans un deuxième temps, « comme vous allez pouvoir vider un peu du stock dans les centres de dépôt, vous allez pouvoir permettre aux raffineries de recommencer à fonctionner normalement, puisqu'elles pourront à nouveau stocker leur carburant dans les centres de dépôt ».

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Le gouvernement réquisitionne le personnel d'un dépôt

Mercredi, le gouvernement, a, en effet, mis sa menace à exécution. Le ministère de la Transition énergétique a annoncé en début de matinée le lancement de la réquisition des personnels « indispensables au fonctionnement » du dépôt d'Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime), où la grève a été reconduite à l'aube, à l'unanimité. « La réquisition débutera ce jour », a précisé le ministère.

Une autre réquisition concerne la raffinerie TotalEnergies en Seine-Maritime, où la grève a été reconduite dans la matinée. De plus, le gouvernement n'exclut plus de lancer « à tout moment » des réquisitions de personnels au niveau du centre de dépôt de carburants de Dunkerque (Nord), alors que la région est particulièrement impactée par les pénuries, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. La réquisition ne concerne pas les opérations de la raffinerie et donc la production de carburant. Les quelques grévistes indispensables au déblocage du carburant des cuves devraient donc se voir contraints de venir travailler, sous peine de sanctions pénales.

En cas de réquisition, « on ira devant les tribunaux pour les faire annuler », a déjà averti Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies, tandis que la CGT d'Esso-ExxonMobil a dénoncé « une remise en cause du droit de grève ». Au niveau de confédéral, la CGT a menacé d'appeler « en cas de réquisition, toutes ses bases, toutes ses structures à rejoindre massivement tous les piquets de grève sur les raffineries ».

L'annonce des réquisitions a également été condamnée par Force Ouvrière qui a, en conséquence, annoncé qu'elle rejoignait le mouvement de grève pour les salaires initié par la CGT chez TotalEnergies. « Les syndicats FO de Donges (Loire-Atlantique), Feyzin (Rhône), Normandie (Seine-Maritime), La Mède (Bouches-du-Rhône), Grandpuits/Gargenville (Seine-et-Marne), Flandres (Nord) ont tous rejoint la grève légitime engagée depuis le 27 septembre 2022 », a indiqué FO dans un communiqué.

L'organisation syndicale, non représentative au niveau du groupe mais quatrième force dans la branche raffinage-pétrochimie, déplore notamment la décision du gouvernement de procéder à des réquisitions de grévistes au cas où le mouvement se poursuivrait, et la communication du groupe qui « lâche ses salariés à la vindicte populaire en les faisant passer pour des nantis ». FO dénonce également l'absence « d'un dialogue social digne de ce nom » dans l'entreprise.

Six raffineries sur sept en grève

Chez TotalEnergies, outre la raffinerie de Normandie près du Havre, le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) et la raffinerie de Feyzin ont, aussi, voté la reconduction de la grève. Et mardi soir, la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), qui fournit la Bretagne et le Sud-Ouest, est entrée dans le mouvement.

Au total, six des sept raffineries de France sont donc en grève ce mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d'Esso-ExxonMobil - celle de Seine-Maritime et celle de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n'est pas bloquée. Faute d'approvisionnement, près de 30% des stations-service étaient à sec en France, mardi soir.

(Avec agences)