Déforestation : la COP26 promet d'arrêter le "massacre à la tronçonneuse" en moins de dix ans

Par latribune.fr  |   |  1006  mots
« Mettons fin à ce grand massacre à la tronçonneuse en utilisation la sauvegarde de l'environnement comme il se doit, c'est-à-dire en créant également des emplois et une croissance durables à long terme », a notamment déclaré le Premier ministre britannique dans l'Evening Standard. (Crédits : Reuters)
La déclaration de Glasgow sur l'exploitation des forêts et des terres sera sans précédent, dixit le Premier ministre britannique Boris Johnson à la COP26. Et effectivement, elle le sera non seulement pas l'ampleur du nombre de pays signataires (plus d'une centaine, représentant 85% des forêts du monde entier) mais aussi par le montant de l'investissement prévu et l'horizon temporel fixé (moins de dix ans).

« C'est une annonce sans précédent, a déclaré Boris Johnson, c'est le plus grand pas en avant jamais fait dans la protection des forêts du monde en une génération. »

Hier soir, plus de 100 dirigeants mondiaux ont promis lundi soir de « stopper et inverser la déforestation », et cela, d'ici à 2030, c'est-à-dire en moins de dix ans. Cet engagement de restaurer les forêts et de mettre fin à la dégradation des terres est dûment chiffré: les pays concernés se sont engagés sur un investissement de 19,2 milliards de dollars (14 milliards de livres sterling) répartis en 12 milliards de dollars (8,75 milliards de livres) de fonds publics et 7,2 milliards de dollars (5,3 milliards de livres) d'investissement privés.

En finir avec « ce grand massacre à la tronçonneuse »

La lutte contre la déforestation est essentielle pour parvenir à l'objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, selon le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ajoutant que les forêts "sont essentielles à notre survie même".

Et pourtant, aujourd'hui, dans la réalité, ce sont l'équivalent de 27 terrains de football en superficie de forêt qui disparaissent chaque minute de chaque jour.

« Mettons fin à ce grand massacre à la tronçonneuse en utilisation la sauvegarde de l'environnement comme il se doit, c'est-à-dire en créant également des emplois et une croissance durables à long terme », a aussi déclaré le Premier ministre britannique dans l'Evening Standard.

De conquérante de la nature, l'Humanité doit « devenir son gardien »

Le communiqué conjoint de la COP26 de Glasgow, en Écosse, publié aux premières heures du mardi 2 novembre sur le site du Premier ministre britannique, a été soutenu notamment par le Canada, la Russie, le Brésil, la Colombie, l'Indonésie, la République démocratique du Congo, etc. Des pays qui, ensemble, représentent 85% des forêts de la planète, soit environ 33 millions de kilomètres carrés (*) (13 millions de miles carrés).

Ils se sont engagés à signer la Déclaration des dirigeants de Glasgow sur l'exploitation des forêts et des terres.

"Nous avons l'occasion de mettre fin à la longue histoire de l'homme comme conquérant de la nature, pour en devenir désormais le gardien", a déclaré le dirigeant britannique.

S'agissant du Brésil, qui héberge 60% de la forêt amazonienne, il avait annoncé le 29 octobre dernier qu'il signerait le "Forest Deal", un accord international important sur la préservation des forêts et un des dossiers majeurs de cette COP26.

Aide aux peuples indigènes et pour l'agriculture durable

Un ensemble d'initiatives gouvernementales et privées doivent être lancées mardi pour contribuer à atteindre l'objectif fixé par les dirigeants mondiaux, dont des milliards de dollars d'aides aux peuples indigènes et en faveur de l'agriculture durable.

Selon le World Resources Institute (WRI), les forêts absorbent environ 30% des émissions de dioxyde de carbone, contribuant à empêcher le réchauffement climatique.

Mais cette protection naturelle contre le réchauffement climatique disparaît à une vitesse accrue. Quelque 258.000 kilomètres carrés de forêt - soit une superficie plus importante que le Royaume-Uni - ont disparu en 2020, selon une initiative mise en place par WRI pour surveiller la déforestation.

En effet, l'un des problèmes de la déforestation, c'est qu'elle renverse le processus de la réduction de la quantité de carbone présent dans l'atmosphère que jouent habituellement les forêts. Dans le cadre du projet Biomass Carbon Monitor, l'Inria avait expliqué que "certaines régions de l'hémisphère nord stockent le carbone, tandis que les régions tropicales touchées par la déforestation sont émettrices".

L'exemple du Brésil est des plus parlant. Un rapport du collectif d'ONG Observatoire du Climat, publié jeudi 28 octobre, a montré que les émissions de gaz à effet de serre avaient augmenté de +9,5% en un an au Brésil en 2020, en dépit de la pandémie de Covid-19. Alors que, au même moment, la moyenne mondiale baissait de -7% en raison notamment de la réduction du trafic aérien et de la production industrielle due à la crise sanitaire. Selon ce rapport, cette exception brésilienne est due à "l'augmentation de la déforestation, surtout en Amazonie, qui a placé le pays à contre-courant du reste de la planète".

Dans la lignée de l'accord de 2014 à New York

L'accord annoncé lundi s'inscrit dans la lignée de celui pris par 40 pays à New York en 2014, avec toutefois des engagements plus importants et, cette fois, l'annonce de ressources chiffrées pour atteindre l'objectif.

Dans le cadre de l'accord, 12 pays dont le Royaume-Uni ont promis d'offrir 12 milliards de dollars de fonds publics d'ici 2025 afin d'aider les pays en développement à restaurer des terres et à lutter contre les feux de forêts.

Importance de l'investissement privé

Au moins 8 milliards de dollars devraient être apportés par plus d'une trentaine d'investisseurs du secteur privé, dont Aviva, Schroders et AXA.

Pour mémoire, en octobre dernier, Axa avait annoncé un plan de lutte contre la déforestation, avec notamment un investissement de 1,5 milliard d'euros pour une gestion durable des forêts. L'assureur français compte également "renforcer ses exigences en matière d'investissement et d'assurance" dans des activités contribuant fortement à la déforestation, comme par exemple des productions de soja ou d'huile de palme dans certaines régions.

(avec Reuters et AFP)

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NOTES

(*) Quelle part de la superficie de la Terre les forêts recouvrent-elles ?

"En 2005, la superficie forestière totale était estimée à 30% des terres de la planète, soit un peu moins de 40 millions de km2. (...) L'Europe (Russie comprise) en détient 25%, suivie de l'Amérique du Sud, puis de l'Amérique du Nord et de l'Amérique Centrale. L'Amérique du Sud est la région dotée du pourcentage le plus élevé de couverture forestière (près de la moitié de la superficie des terres), et l'Asie est la région dont le pourcentage de couverture forestière est le plus faible (moins de 20% de la superficie terrestre)."

(Source : GreenFacts )