Corrosion sur des réacteurs nucléaires : l'impact sur les résultats d’EDF s'alourdit pour atteindre…18 milliards d’euros en 2022

Par latribune.fr  |   |  684  mots
Les réacteurs nucléaires de 900 MW, qui sont les plus anciens et les plus nombreux du parc français, sont "peu voire pas" concernés par le phénomène de corrosion. (Crédits : Reuters)
En raison des problèmes de corrosion de son parc nucléaire et du volume d'électricité que l'Etat le force à vendre à bas prix, le groupe revoit à nouveau à la baisse ses résultats financiers pour l'année 2022.

Nouvelle révision à la baisse des prévisions financières pour EDF. Alors que le groupe avait déjà annoncé mi-mars revoir fortement à la baisse sa prévision d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour l'année 2022, en raison des problèmes de corrosion de son parc nucléaire et du volume d'électricité que l'Etat le force à vendre à bas prix, il revoit à nouveau à la baisse ses résultats en raison des problèmes de corrosion.

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Pour rappel, mi-mars, EDF estimait d'une part l'impact de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), c'est-à-dire le volume d'électricité nucléaire que l'Etat l'oblige à vendre à des fournisseurs concurrents à bas prix, à - 10,2 milliards d'euros, contre - 8,4 milliards estimé initialement.

Par ailleurs, EDF estimait que la baisse de sa production prévue en 2022, notamment à cause des problèmes de corrosion qui forcent l'arrêt de plusieurs réacteurs, lui coûtera 16 milliards d'euros d'Ebitda, contre 11 milliards d'euros estimé initialement. Le producteur d'électricité estime désormais que la baisse de sa production nucléaire prévue en 2022, notamment à cause des problèmes de corrosion qui ont contraint à mettre à l'arrêt 12 réacteurs nucléaires, lui coûtera 18,5 milliards d'euros d'Ebitda.

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"EDF poursuit son programme de contrôles et prépare avec la filière nucléaire la réparation des portions de tuyauteries concernées par la corrosion sous contrainte", explique le communiqué.

Cette annonce intervient alors que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué mardi que les réacteurs nucléaires de 900 MW, qui sont les plus anciens et les plus nombreux du parc français, sont "peu voire pas" concernés par le phénomène de corrosion qui affecte des réacteurs plus récents.

"A ce stade, au titre de la corrosion sous contrainte, EDF a procédé à la mise à l'arrêt ou à la prolongation d'arrêts programmés de 12 réacteurs pour expertise approfondie et le cas échéant réparation", a souligné Bernard Doroszczuk lors d'une audition devant des parlementaires.

Ces problèmes de corrosion ont été détectés ou soupçonnés au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d'injection de sécurité - qui permettent de refroidir le réacteur en cas d'accident - reliées au circuit primaire. Cette corrosion dite "sous contrainte" se traduit par des petites fissures. Dans le détail, il s'agit des quatre réacteurs les plus récents et les plus puissants (1.450 MW), dits du palier N4, de cinq des 20 réacteurs de 1.300 MW et de trois des 32 réacteurs de 900 MW.

Les analyses "semblent à ce stade privilégier une cause prépondérante, qui est liée à la géométrie des lignes des tuyauteries", a-t-il poursuivi. Les réacteurs les plus anciens (900 MW) ont en effet été construits selon une conception directement héritée du groupe américain Westinghouse, tandis que la conception des modèles suivants a été "francisée". "Si cette hypothèse était confirmée, elle pourrait expliquer pourquoi les réacteurs les plus anciens ne sont pas ou peu affectés", a fait valoir Bernard Doroszczuk.

Il a aussi précisé qu'EDF avait remis sa stratégie de contrôle sur l'ensemble du parc "vendredi dernier". Des inspections seront en outre effectuées lors de visites décennales prévues sur certains réacteurs cette année.

"Si les résultats de ces contrôles réalisés en visite décennale mettaient en évidence des défauts d'ampleur, il faudrait ajuster la stratégie et peut-être prévoir la mise à l'arrêt de précaution de réacteurs supplémentaires", a déclaré le président de l'ASN.

Sur son parc de 56 réacteurs, EDF en compte actuellement 29 à l'arrêt. Ce n'est donc qu'"une partie" qui est indisponible pour les problèmes de corrosion, a souligné le gendarme du nucléaire.

(Avec AFP)