EDF : des actionnaires salariés demandent à l'AMF d'agir pour retirer le groupe de la Bourse

Par latribune.fr  |   |  492  mots
Ces petits actionnaires sont opposés au projet de construction de deux EPR à Hinkley Point en Angleterre, estimant que ce chantier d'environ 23 milliards d'euros "pourrait obérer l'avenir de l'entreprise et les investissements nécessaires tant à la transition énergétique qu'à la maintenance du parc nucléaire actuel", exploité par EDF.
Des actionnaires salariés d'EDF remettent mercredi une lettre à l'Autorité des marchés financiers pour que l'institution oblige l'Etat à retirer le groupe de la Bourse. Ils déplorent que l'Etat français "se comporte comme le seul propriétaire d'EDF en utilisant l'entreprise comme un bras armé de sa politique industrielle ou diplomatique".

La crise à  EDF ne faiblit pas. Des actionnaires salariés de la société réunis au sein de l'association EDF actionnariat salarié (EAS), déposent mercredi 20 avril au matin une requête auprès de l'Autorité des marchés financiers pour demander le retrait de l'électricien de la Bourse de Paris, estimant que l'Etat, actionnaire majoritaire, "se comporte comme le seul propriétaire d'EDF", a-t-on appris mardi 19 avril auprès de l'association.

Ces petits actionnaires sont opposés au projet de construction de deux EPR à Hinkley Point en Angleterre, estimant que ce chantier d'environ 23 milliards d'euros "pourrait obérer l'avenir de l'entreprise et les investissements nécessaires tant à la transition énergétique qu'à la maintenance du parc nucléaire actuel", exploité par EDF.

L'Etat français "se comporte comme le seul propriétaire d'EDF"

"J'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir instruire la requête des actionnaires salariés et anciens salariés d'EDF SA, adhérents de l'association EAS, de se voir proposer une Offre Publique de Retrait par l'actionnaire majoritaire", écrit Benoît Gailhac, président de EAS, dans la lettre qui sera ainsi adressée au président de l'AMF, et que l'AFP a pu consulter.

Selon l'argumentaire devant accompagner la requête, l'EAS estime que "le gouvernement français associe et confond son projet stratégique de développer la filière nucléaire (française), avec l'intérêt social d'EDF SA".

L'Etat français "se comporte comme le seul propriétaire d'EDF en utilisant l'entreprise comme un bras armé de sa politique soit industrielle, soit diplomatique", juge l'association, qui souhaite que l'offre publique de retrait, par laquelle l'Etat rachèterait les actions des autres actionnaires, avant de retirer l'entreprise de la Bourse, soit fixée "a minima au prix de l'introduction en Bourse", c'est-à-dire 32 euros.

Le projet controversé d'Hinkley Point, toujours soutenu par les gouvernements français et britannique

Cette requête, déposée le jour même d'une réunion interministérielle sur EDF autour du président de la République François Hollande, illustre une nouvelle fois les vives tensions au sein même de l'électricien soulevées par le projet controversé d'Hinkley Point.

Ce projet est toujours soutenu par les gouvernements français et britannique et la direction d'EDF, mais des syndicats du groupe et son ancien directeur financier démissionnaire le mois dernier ont émis des réserves.

Une source syndicale qui ne souhaite pas être identifiée a témoigné à l'AFP d'une "ambiance délétère" qui règne selon elle au sein de l'électricien.

Dans le même temps, un groupe de cadres d'EDF a écrit, sous le couvert de l'anonymat, une lettre aux administrateurs du groupe pour leur rappeler que leur mission est d'examiner "l'intérêt social" de l'entreprise, lorsqu'ils auront à se prononcer sur le projet anglais, a indiqué cette source, confirmant une information du Financial Times.

(Avec AFP)