EDF : "Pas plus de deux fermetures de réacteurs d'ici à dix ans" (PDG)

Par latribune.fr  |   |  496  mots
Quand la Cour des comptes préconise de 17 à 20 fermetures de centrales sur le territoire français, le nouveau PDG d'EDF, lui, n'en prévoit pas plus de deux. (Photo: la centrale de Cattenom, près de Thionville)
La Cour des Comptes estimait pourtant, dans son rapport annuel daté du 10 février dernier, que l'électricien pourrait devoir fermer entre 17 et 20 réacteurs - un tiers de son parc- pour répondre aux exigences de la loi sur la transition énergétique. Parallèlement, l'électricien a annoncé des bénéfices en forte baisse en 2015, plombés par des dépréciations d'actifs et une provision supplémentaire pour le centre d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo.

Publié le 16/02/2016 à 08:38, mis à jour à 15h35.

Les effets de la loi sur la transition énergétique divisent EDF et la Cour des comptes. Contrairement aux estimations des sages de la rue Cambon, qui jugeaient mercredi 10 février que le géant du nucléaire pourrait être contraint de fermer de 17 à 20 réacteurs d'ici à 2025 afin de respecter les objectifs de ladite loi (*), le Pdg d'EDF, Jean-Bernard Levy, a annoncé ce mardi 16 février qu'il n'avait pas l'intention d'en fermer plus de deux au cours des dix prochaines années.

"Lorsque le réacteur de Flamanville [dont le démarrage est reporté à fin 2018 Ndlr] qui sera disponible, nous devrons retirer, normalement, deux réacteurs du parc actuel", a affirmé Jean-Bernard Lévy sur RTL ce mardi 16 février.

La "loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte", promulguée en août 2015, réduit en effet à 50% la part de l'atome dans la production électrique de la France à horizon 2025, contre 76% en 2015, et plafonne à son niveau actuel de 63,2 gigawatts la production nucléaire du pays.

Un bénéfice divisé par trois en 2015

Par ailleurs, EDF a publié mardi 16 février un résultat net part du groupe en forte baisse au titre de 2015, pénalisé par des dépréciations d'actifs en Italie, en Pologne et au Royaume-Uni ainsi que par une provision supplémentaire pour le centre d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, dont le coût fixé par le ministère de l'Energie est supérieur à ses estimations.

Ainsi, le géant français de l'électricité a enregistré au titre de 2015 bénéfice net de 1.187 millions d'euros contre 3,7 milliards d'euros en 2014, soit une baisse de 68%. Son chiffre d'affaires s'inscrit en hausse de 2,2% à 75 milliards d'euros.

L'Etat va permettre à EDF d'économiser 1,8 milliard d'euros

Le groupe a en conséquence annoncé une réduction du dividende. Il passera à 1,10 euro par action, contre 1,25 euro au titre de 2014. Et l'Etat français, principal actionnaire (à 84,9%), percevra le dividende en intégralité en actions nouvelles, permettant à EDF d'économiser 1,8 milliard d'euros, a précisé le Pdg Jean-Bernard Lévy lors d'une conférence de presse téléphonique.

26 euros/MWh, un prix insuffisant selon EDF

Lundi, EDF avait interpellé l'Etat sur son avenir et sur son équilibre financier.

"On ne finance pas le programme de maintenance lourde du parc français avec un prix de marché à 26 euros par mégawattheure", expliquait un membre du groupe aux Echos, lundi 15 février.

Quatre centrales nucléaires britanniques prolongées

EDF Energy, la filiale britannique du géant français EDF, a annoncé mardi la prolongation de la vie pendant plusieurs années de quatre centrales nucléaires au Royaume-Uni. Dans le détail, Heysham 1 et Hartlepool verront leur fonctionnement étendu de 5 ans, jusqu'en 2024. La fermeture de Heysham 2 et de Torness sera repoussée de 7 ans, à 2030.

Au Royaume-Uni, la production nucléaire enregistre son plus haut niveau depuis 10 ans, avance EDF.

(*) dans l'hypothèse d'une consommation de courant constante.

(Avec AFP)