Electricité : Berlin songe à plafonner les prix pour ses industriels jusqu’en 2030 !

Par latribune.fr  |   |  744  mots
Le ministre écologiste de l'Economie Robert Habeck a défendu, devant la presse, la mise en place d'un bouclier tarifaire pour les entreprises «les plus intensives en énergie, évoluant à l'international ». (Crédits : CHRISTIAN MANG)
L'Allemagne réfléchit à mettre en place un bouclier tarifaire d'une durée de sept ans pour ses industries les plus énergivores. Ce projet, qui pourrait coûter entre 25 et 30 milliards d'euros, fait déjà l'objet de critiques au sein même du gouvernement d'Olaf Scholz.

Préserver la compétitivité des industriels, chahutés par la crise énergétique, en leur offrant une visibilité sur le moyen terme. C'est ce à quoi réfléchit l'Allemagne. Berlin envisage, en effet, de bloquer jusqu'en 2030 les prix de l'électricité pour les industries les plus énergivores frappées par la hausse des coûts, en subventionnant leurs dépenses, selon un projet dévoilé vendredi mais qui est loin de faire l'unanimité.

Ce bouclier tarifaire doit bloquer « à 6 centimes par kWh » près de «80% de l'électricité » des entreprises «les plus intensives en énergie, évoluant à l'international », selon un document de travail du ministère de l'Economie et du Climat.

Préserver la compétitivité

Ce dispositif vise à «préserver la compétitivité » de secteurs cruciaux pour la première économie européenne, comme la chimie, le papier, le verre, l'acier, menacés de délocalisation en raison de la hausse des prix de l'énergie, selon le ministère.

« Les prix de l'électricité baissent, mais ils resteront dans les prochaines années le double ou le triple de leur niveau d'avant la guerre en Ukraine », a justifié le ministre écologiste de l'Economie Robert Habeck face à la presse.

L'Allemagne est d'autant plus touchée par la hausse des prix de l'énergie dans le sillage de la guerre en Ukraine qu'une partie de son modèle économique reposait sur des livraisons de gaz russe bon marché qui ont pris fin avec le conflit.

Le gouvernement d'Olaf Scholz a mis en place l'an dernier un bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie pour les particuliers et les entreprises censé s'appliquer jusqu'à mi 2024.

Ce « bazooka » énergétique de 200 milliards d'euros lui avait valu des critiques de certains partenaires européens déplorant une concurrence déloyale.

Le nouveau dispositif doit offrir aux secteurs industriels les plus menacés une période de stabilité au moment où la transition énergétique exige d'eux des investissements massifs pour décarboner leur activité, a défendu M. Habeck.

Un projet critiqué au sein même du gouvernement

Son projet fait déjà l'objet de critiques au sein même du gouvernement. Le ministre libéral des Finances Christian Lindner a estimé cette semaine que l'idée n'était « pas intelligente » et s'est inquiété de « subventions très onéreuses ».

«L'économie ne devait pas se reposer dans la durée sur des subventions », a de son côté déclaré le chancelier Olaf Scholz, social-démocrate.

L'ensemble du dispositif devrait coûter entre «25 et 30 milliards d'euros », selon les calculs du ministère de l'Economie, qui propose de piocher dans le fonds de 200 milliards d'euros débloqué l'an dernier.

L'actuel bouclier tarifaire bloque à 13 centimes les prix de l'électricité pour les entreprises, soit deux fois plus que le projet envisagé par le ministère.

Le prix de l'électricité pour les clients non résidentiels s'est établi en moyenne à 18 centimes par kWh sans taxe au second semestre 2022, contre moins de 10 centimes avant 2021, selon l'agence de statistique Destatis.

Pas de prolongation du bouclier pour les entreprises tricolores

En France, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a annoncé que le bouclier tarifaire mis en place pour les tarifs d'électricité serait prolongé jusqu'au début de l'année 2025. « Je nous donne deux ans, d'ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l'électricité », en raison des tarifs qui restent « très élevés » par rapport à la situation d'avant crise, a-t-il expliqué sur LCI.

Cette prolongation ne vaut, toutefois, que pour les particuliers. En effet, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a précisé, quelques jours plus tard, que le bouclier tarifaire ne serait pas prolongé pour les entreprises. Celui-ci reste toutefois en vigueur jusqu'à la fin de l'année 2023 pour les TPE. Les autres entreprises de taille plus importante peuvent, elles, bénéficier d'un autre mécanisme baptisé «guichet», jusqu'à la fin 2023 également.

Pas de prolongation non plus pour le dispositif concernant les tarifs de gaz. « Il n'y a pas de raison de maintenir le bouclier », a dit Bruno Le Maire, en raison des prix qui « sont revenus à la situation d'avant crise, à 50 euros le mégawattheure ». Le bouclier s'arrêtera donc « dès cette année », a prévenu le ministre de l'Economie.

Le dispositif actuellement en vigueur prendra ainsi fin le 30 juin prochain. La loi de finances 2023 prévoit toutefois la possibilité pour le gouvernement de le prolonger par décret jusqu'au 31 décembre 2023.

(Avec AFP)