Allemagne : les nuages noirs continuent de planer sur les exportations

Après deux mois de hausse d'affilée, les exportations allemandes ont reculé de 5,2% en mars sur un mois, notamment du fait de la baisse vers les Etats membres de l'UE, mais surtout vers les Etats-Unis et la Chine. Si le pays a, pour l'instant, échappé à la récession, les risques persistent en raison d'une inflation qui reste à un niveau élevé.
Des conteneurs dans le port de Hambourg.
Des conteneurs dans le port de Hambourg. (Crédits : Reuters)

Après deux mois de hausse d'affilée en début d'année, les exportations allemandes ont finalement reculé de 5,2% en mars sur un mois. C'est ce que révèlent les chiffres publiés par l'office allemand des statistiques Destatis ce jeudi. Au total, l'Allemagne a exporté le mois dernier pour 129,7 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières (CVS).

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Les importations ont, elles aussi, enregistré une baisse de 6,4% par rapport à février, totalisant 113 milliards d'euros. Ainsi, la balance du commerce extérieur, pilier de l'économie allemande, affichait un excédent de 16,7 milliards d'euros.

Dans le détail, les exportations vers les États membres de l'Union européenne (UE) ont diminué de 6,2% et les importations en provenance de ces pays de 4,4%, indique Destatis. Les exportations vers les pays hors UE ont, elles, diminué de 4,0% et les importations en provenance de ces pays de 8,6%.

En outre, la plupart des exportations allemandes se sont dirigées en mars vers les États-Unis, en baisse toutefois de 10,9% par rapport à février pour une valeur de 12,5 milliards d'euros. Également en déclin, les exportations vers la Chine ont baissé de 9,3% pour atteindre 7,7 milliards d'euros. Enfin, la plupart des importations allemandes provenaient de Chine, premier partenaire commercial de l'Allemagne.

Néanmoins, sur un an, les exportations sont en hausse. Elles ont ainsi augmenté de 5,0%. Les importations ont toutefois baissé de 5,5% par rapport au même mois de l'année précédente.

La récession évitée de justesse

L'Allemagne, dont le commerce extérieur est un des moteurs de la croissance, résiste mieux que prévu aux retombées de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique. La première puissance économique européenne a, d'ailleurs, tout juste évité la récession technique en début d'année, qui se définit comme deux trimestres d'affilée de recul du PIB. Elle a ainsi enregistré une croissance nulle par rapport au 4e trimestre 2022, après avoir reculé de -0,5% d'octobre à décembre.

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Et ce, grâce à l'activité industrielle qui a repris de la vigueur en début d'année du fait de la baisse des prix de l'énergie qui profite aux entreprises très énergivores. Sans compter les vastes mesures de soutien du gouvernement pour amortir la hausse des coûts d'énergie des entreprises et la perte de pouvoir d'achat des ménages. L'Allemagne profite également de la réouverture de l'économie chinoise après la mise sous cloche de nombreuses agglomérations en raison du Covid, ainsi que la résorption progressive de goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement. L'économie est ainsi en bonne voie pour connaître « une accélération au cours de l'année », indiquait il y a quelques jours la cheffe économiste du ministère de l'Economie, Elga Bartsch.

Inquiétude sur les prévisions de croissance

Pour autant, l'économie allemande reste marquée par une stagnation qui « montre que la première économie de la zone euro n'a pas échappé au risque de récession, » estimait, fin avril, Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Les inquiétudes ne se sont, en effet, pas totalement dissipées, notamment celle relative à l'inflation qui persiste à 7,2% en avril sur un an. Un chiffre en baisse, mais qui continue de peser sur les dépenses de consommation privée et publique en déclin. Si le gouvernement allemand a relevé ses prévisions de croissance pour 2023 de 0,2% l'automne dernier à 0,4%, le FMI a, de son côté, prévu, plus tôt en avril, que l'activité économique allemande se contracterait de 0,1 % cette année.

Les économistes mettent, en effet, en garde contre les effets négatifs liés au rebond très net du coût du crédit en zone euro par la Banque centrale européenne, pour tenter de juguler l'inflation. L'institution européenne a relevé ses taux d'intérêt de 3,5 points de pourcentage depuis juillet et devrait à nouveau procéder à une hausse, ce jeudi.

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Ce n'est « pas encore le moment » de mettre fin aux hausses de taux d'intérêt, avait ainsi indiqué l'économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE) le 25 avril dernier. De son côté, la Réserve fédérale américaine a, elle aussi, resserré sa politique monétaire. Elle a d'ailleurs annoncé, mercredi, un nouveau relèvement d'un quart de point de pourcentage, le dixième d'affilée. Or, ces hausses de taux pourraient en particulier ralentir l'activité de l'économie américaine, premier client des exportateurs allemands.

(Avec AFP)

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