Électricité : RTE va encore investir en 2023 pour accélérer l'électrification du pays

Par latribune.fr  |   |  770  mots
Le programme d'investissement de RTE s'élève à 1,88 milliard d'euros pour 2023, soit une hausse de près de 10% par rapport au montant réalisé en 2022, qui avait lui-même progressé de 10%. (Crédits : Reuters)
Le gestionnaire du réseau électrique français à haute tension a vu son chiffre d'affaires et son bénéfice net reculer en 2022, illustrant la baisse de consommation des particuliers et professionnels. RTE annonce par ailleurs investir massivement en 2023 et au cours des années suivantes pour raccorder les deux gros parcs éoliens en mer de Saint-Brieuc et Fécamp et renforcer l'électrification du pays. Le groupe va pour cela doubler son rythme de recrutement.

Les résultats de 2022 s'affichent en recul pour RTE. -6% de chiffre d'affaires, à 4,9 milliards d'euros, et -27% de bénéfice net, à 485 millions. Un repli qui illustre finalement la baisse de consommation d'électricité des industriels et ménages dans le pays, de -1,7% sur l'année.

Pour le directeur général du pôle finance de RTE, Laurent Martiel, les comptes du groupe public - filiale à 50,1% d'EDF, le reste étant détenu par la Caisse des Dépôts et la CNP - traduisent aussi « une gestion très prudente du groupe », face à la flambée historique des prix de l'énergie l'an passé.

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Niveau d'investissement record pour 2023

Pour 2023, le montant du programme d'investissement de RTE s'élève à 1,88 milliard d'euros, soit une hausse de près de 10% par rapport au montant réalisé en 2022 qui avait lui-même progressé de 10%, a précisé le groupe. « Depuis la naissance de RTE en 2005, jamais un tel niveau d'investissement n'avait été atteint », a déclaré Laurent Martel.

En 2022, 22% des sommes ont été consacrées au développement du réseau en mer, avec le raccordement du parc offshore de Saint-Nazaire, d'un montant de 280 millions d'euros. 25% ont par ailleurs été consacrées au renouvellement du réseau. En Seine-Saint-Denis, une galerie de 2,5 kilomètres pour l'enfouissement de lignes à haute tension permettant la construction du village olympique des JO 2024 à Paris a notamment été réalisée.

La dette nette du groupe s'est envolée à 9,9 milliards d'euros fin 2022 et « va encore » gonfler. Mais RTE s'affiche serein et met en avant sa « situation financière très saine », en rappelant que Standard and Poor's a confirmé en mai 2022 la notation « A, perspective stable » de sa dette, ce qui est « mieux que la plupart des voisins européens », selon Laurent Martel.

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Accélérer l'électrification de la France

Le gestionnaire compte d'ailleurs poursuivre sur sa lancée dans les années à venir. « Nous prévoyons de dépasser deux milliards d'euros d'investissement en 2024, et de dépasser 4 milliards en 2028-2029 », a précisé le directeur général.

Ces investissements massifs vont servir au raccordement des deux gros parcs éoliens en mer de Saint-Brieuc et Fécamp, dont la mise en service est prévue pour 2023. Ces infrastructures font partie des solutions devant permettre à la France de rattraper son retard criant en matière d'énergies renouvelables par rapport à ses voisins européens. RTE va aussi travailler sur l'interconnexion entre la France et l'Irlande et entre la France et l'Espagne, et prévoit des travaux « considérables » pour l'alimentation des industriels « qui décarbonent leur activité à Dunkerque, au Havre et à Fos notamment », a indiqué Laurent Martel.

RTE prévoit enfin « une autre émission » d'obligation verte (green bond) en 2023, après celle de 2022.

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De forts besoins de main-d'œuvre

Cette accélération s'accompagnera, en toute logique, d'une montée en puissance des effectifs de RTE. Le groupe, qui emploie actuellement 9.500 personnes, prévoit de doubler son rythme de recrutements. 700 nouveaux collaborateurs sont ainsi attendus en 2023, contre 400 d'ordinaire.

Si des inconnues demeurent, notamment en ce qui concerne les tarifs du transport de l'électricité après 2024, « on pressent qu'on va rester sur cette tendance de croissance d'effectifs de l'ordre de 150 à 300 personnes en plus chaque année au moins pour les dix années à venir », indiquait la DRH du groupe Sophie Moreau-Follenfant, début février.

Pour l'année 2023, l'entreprise souhaite notamment pourvoir environ 120 postes d'ingénieurs (chargés d'études, responsables de projets) et une centaine de postes dans l'informatique et les télécommunications (développeurs, chefs de projets, analystes en cybersécurité). Des métiers pour lesquels « le marché de l'emploi est extrêmement tendu », selon la DRH.

Afin d'attirer de nouveaux talents, le groupe, dont le « contrat social repose sur des carrières complètes dans l'entreprise », un peu à contre-courant des jeunes diplômés, met en avant la possibilité d'y connaître « une multitude de vies professionnelles » et de se réorienter tous les quatre ans en moyenne.

Autre levier, le développement de la cooptation, formalisé depuis juin 2022 par le versement d'une prime de 1.000 euros à tout salarié apportant à l'entreprise une candidature externe aboutissant à un recrutement. Ce levier a permis depuis juin une cinquantaine de recrutements, selon RTE.

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(Avec AFP)