Energies renouvelables : Ségolène Royal présente sa feuille de route et laisse de côté le nucléaire

Par latribune.fr  |   |  661  mots
Ségolène Royal assume l'absence de directives sur le nucléaire dans la feuille de route: "Je ne vais pas freiner la partie Programmation pluriannuelle du renouvelable, parce que sur le nucléaire, c'est beaucoup plus complexe."
Le texte signé mercredi par la ministre de l'Environnement et de l'Énergie constitue une partie de la Programmation pluriannuelle (PPE) déclinant les orientations de la loi de transition énergétique. Mais un point essentiel n'est pas abordé, au grand dam des ONG: l'évolution du parc nucléaire français.

"[Le document] est prêt, je l'ai signé ce matin [mercredi]." C'est par ces mots que Ségolène Royal a annoncé mercredi 6 avril la finalisation de la feuille de route pour le développement des énergies renouvelables en France.

Le texte a été transmis pour avis au Conseil supérieur de l'énergie (CSE), qui devrait se prononcer d'ici à la fin du mois d'avril. L'entourage de la ministre précise que sa publication au Journal officiel pourrait ensuite intervenir en mai.

Une partie de la Programmation pluriannuelle de l'énergie

"J'ai décidé de mettre à consultation la partie de la Programmation pluriannuelle [de l'énergie] qui concerne les énergies renouvelables. Pourquoi? Parce que ça permet de motiver les filières industrielles (...) et de donner une place claire à tous les appels à projets que je vais lancer", a expliqué Ségolène Royal.

Très attendue par les acteurs du secteur énergétique, cette Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) est un texte réglementaire qui doit décliner les orientations de la loi de transition énergétique, en détaillant les grandes trajectoires d'évolution des sources d'énergie jusqu'en 2023.

Son enjeu est de taille: planifier la montée en puissance des énergies renouvelables, qui doivent couvrir 40% de la production d'électricité en 2030 et organiser la baisse de la consommation des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Sans oublier la réduction de la part du nucléaire dans la production de courant: de 75% aujourd'hui à 50% à l'horizon 2025.

Objectif revu à la baisse pour l'éolien en mer

Le projet d'arrêté, obtenu par l'AFP, fixe notamment un objectif de 14.300 mégawatts (MW) de capacité installée pour l'éolien terrestre en 2018, puis une fourchette de 21.800 à 23.300 MW en 2023. Pour l'énergie solaire, l'objectif intermédiaire est de 10.200 MW, porté ensuite jusqu'à 20.200 MW.

Pour l'éolien en mer, l'ambition est revue à la baisse: la France vise 500 MW de puissance installée en 2018 puis 3.000 MW cinq ans plus tard, alors qu'elle visait précédemment 6.000 MW en 2020.

"Des investigations complémentaires" sur le nucléaire

Une question centrale est toutefois laissée en suspens par le texte: celle de l'évolution du parc nucléaire français. Ségolène Royal a justifié son choix en insistant sur la complexité du dossier. "Je ne vais pas freiner la partie Programmation pluriannuelle du renouvelable, parce que sur le nucléaire, c'est beaucoup plus complexe", a expliqué la ministre, qui a présenté deux scénarios pour le futur de l'atome:

"Soit on ferme les centrales les plus anciennes, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire et sur proposition d'EDF, soit on diminue le volume de production des centrales. Ce travail mérite des analyses techniques complémentaires qui ne sont pas terminées."

"J'ai demandé des investigations complémentaires, une cartographie claire des lieux", a-t-elle ajouté, précisant que certaines centrales seraient prolongées au-delà de 40 ans et d'autres fermées et promettant de se prononcer "le plus vite possible". Les scénarios devront tenir compte de différents facteurs, comme la montée en puissance des énergies renouvelables, la croissance de la consommation d'électricité, le taux de disponibilité des centrales ou encore les capacités d'exportation de courant de la France.

Les ONG exigent une PPE complète

Le silence du texte sur ce point déçoit les ONG. "Sans orientations sur l'évolution de la consommation et sur les autres sources de production, le nucléaire et les énergies fossiles, les objectifs d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique resteront des vœux pieux", déplore Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour le Réseau Action Climat et le CLER. Elle demande urgemment "de mettre en consultation une PPE complète et cohérente avec les objectifs de la transition énergétique". Du côté de Greenpeace, la solution est toute trouvée pour faire de la place aux énergies renouvelables: fermer plusieurs réacteurs nucléaires.