Fermeture de Fessenheim : les syndicats agitent la menace d'un coût énorme

Par latribune.fr  |   |  427  mots
Le réacteur numéro 2 de Fessenheim est à l'arrêt depuis juin.
L'arrêt définitif centrale nucléaire située en Alsace était une des promesses marquantes de François Hollande.

Pour le secrétaire CGT du comité centrale d'entreprise (CCE) de Fessenheim, Jean-Luc Magnaval, " la fermeture [de la centrale] serait coûteuse et socialement dangereuse". Le syndicaliste résume le point de vue des représentants du personnel qui dénoncent ce jeudi le coût exorbitant que représenterait selon eux un arrêt des réacteurs.

Pour appuyer leurs dires, ils s'appuient sur trois études commandées par le CCE (technique, financière et sociale). Elles prennent comme hypothèse l'exploitation pendant encore 20 ans - soit 60 ans au total - de Fessenheim, la doyenne du parc nucléaire français.

Gouffre financier et pollution

A partir de ce scénario,  l'étude financière de Secafi estime qu'une fermeture du site alsacien représenterait un manque à gagner compris entre 1,6 et 6 milliards d'euros, suivant le prix de l'électricité. EDF devrait en effet acheter ailleurs les 12 térawatts/heure produits à Fessenheim. Pour l'instant, l'Etat propose 400 millions d'euros de compensation, auxquels pourront s'ajouter une part variable.

Outre problème selon les syndicats : la pollution.  Si EDF, pour compenser l'arrêt de la centrale, devait acheter de l'électricité produite à partir de charbon ou de gaz, cela pourrait conduire à rejeter 7,89 millions de tonnes de CO2 supplémentaires dans l'air chaque année. C'est ce qu'affirme l'étude technique, réalisée par Energie et développement.

Enfin, dernier argument, avancé par l'étude sociale de Syndex : près de 2.000 emplois pourraient être supprimés, en comptant les salariés du site et les sous-traitants.

Fermera, fermera pas ?

Cette forte opposition syndicale trouve un écho chez les politiques. François Fillon, candidat de la droite à l'élection présidentielle, a déjà promis de "stopper la fermeture" de Fessenheim s'il est élu. Pour l'instant, l'arrêt de la centrale est implicitement prévu par la loi de transition énergétique qui fixe un plafond à la production d'électricité issue du nucléaire. Si rien ne change, la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), programmée pour 2018, pourrait sonner le glas du site alsacien. La direction d'EDF doit se prononcer auparavant sur l'accord conclu avec l'Etat quant à l'indemnisation de son préjudice.

La centrale de Fessenheim est actuellement dans le viseur des écologistes et antinucléaires : le 14 octobre, Greenpeace et six autres associations ont porté plainte contre EDF et Areva. Elles reprochent à l'électricien la mise à l'arrêt tardive - en juin dernier - du réacteur numéro 2 de la centrale suite à la détection d'une anomalie. Ce dernier n'a toujours pas redémarré depuis.

(Avec AFP)