Gazoduc Nord Stream 2 : les Etats-Unis s’en prennent directement aux entreprises européennes

Par latribune.fr  |   |  488  mots
Le projet de gazoduc entre la Russie et l'Allemagne suscite la colère des Etats-Unis (Crédits : SERGEI KARPUKHIN)
Washington maintient la pression contre le projet de gazoduc germano-russe, Nord Stream 2, en menaçant de sanctions les entreprises allemandes impliquées.

Le porte-parole de l'ambassade américaine à Berlin  a indiqué dimanche à l'AFP que "La lettre rappelle à toutes les entreprises impliquées dans le secteur des gazoducs d'exportation de l'énergie russe qu'elles s'exposent à des sanctions américaines", une information révélée par le quotidien allemand Bild paru dimanche.

Ce risque de sanctions est prévu par la Loi sur les "sanctions pour lutter contre les adversaires de l'Amérique" (CAATSA), adoptée en 2017 et qui vise l'Iran, la Corée du Nord et la Russie.

Le porte-parole a précisé que cette missive n'avait pas "pour but d'être comprise comme une menace mais comme un message clair de la politique américaine". Il a également souligné que le seul "chantage" possible dans ce dossier serait de voir à l'avenir le Kremlin contrôler les livraisons gazières à l'Europe.

Le gazoduc qui attire ainsi les foudres de Washington est le projet Nord Stream 2 qui doit permettre de livrer directement du gaz russe à l'Allemagne et au reste de l'Europe en passant par la mer Baltique. Cela en contournant l'Ukraine, aujourd'hui principal point de passage.

Afin de multiplier par deux la capacité de gaz transportée, Nord Stream 2 a pour objectif de doubler Nord Stream 1,  dont le parcours traverse les eaux territoriales de cinq pays, Russie, Finlande, Suède, Danemark et Allemagne.

Uniper, Shell, Engie parmi les entreprises concernées

Le projet regroupe le géant russe Gazprom et plusieurs groupes énergétiques européens dont les allemands Wintershall et Uniper, le néerlando-britannique Shell, le français Engie et l'autrichien OMV.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis critiquent ce projet mais en menaçant directement de sanctions les entreprises concernées, ils franchissent in pas de plus dans leur opposition.

L'Allemagne, soutenue par la France et l'Autriche,  voit dans ce projet le moyen d'assurer un approvisionnement à la fois plus stable et moins cher.

L'Ukraine en revanche, en conflit avec Moscou au sujet de la Crimée et de la partie orientale de l'Ukraine, y voit un moyen pour la Russie de lui couper les vivres en matière  énergétique et d'accentuer la pression politique à son encontre.

Selon le porte-parole de l'ambassade américaine à Berlin, les Etats-Unis bénéficieraient du soutien de "vingt pays européens" et du Parlement européen. Ce dernier a en effet exprimé son opposition à Nord Stream 2 dans une résolution non contraignante.

Angela Merkel pour sa part affirme qu'une fois Nord Stream 2 entré en service, une partie du gaz russe devra continuer à transiter via l'Ukraine afin d'en préserver les intérêts.

"Les questions de politique énergétique européenne doivent être décidées en Europe, et pas aux Etats-Unis", avait déclaré jeudi le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, toujours plus irrité des interventions américaines dans ce dossier, dans un contexte de dégradation continue des relations bilatérales avec Washington.

 (avec AFP)