Gazprom : avec les sanctions occidentales, les profits du géant russe de l’énergie s’écroulent

Par latribune.fr  |   |  570  mots
Les bénéfices de Gazprom ont été divisés par huit au premier semestre. (Crédits : REUTERS PHOTOGRAPHER)
Dirigé par plusieurs proches du président Vladimir Poutine, le géant étatique russe a annoncé ce mardi une lourde chute de son bénéfice net semestriel à 2,84 milliards d'euros, toujours plombé par la chute de ses exportations de gaz vers l'Europe.

Les conséquences de la guerre en Ukraine pèsent sur les comptes de Gazprom. Avec la baisse des exportations de gaz vers l'Europe en raison de la fermeture en grande partie du marché européen pour limiter la manne disponible du Kremlin pour financer la guerre, les profits du géant étatique russe continuent de s'effondrer. Après une chute de 41% en 2022, le bénéfice net du premier semestre a été divisé par huit, à 296 milliards de roubles (2,84 milliards d'euros), contre 2.500 milliards de roubles (24,04 milliards d'euros) au cours de la même période de 2022. Pour rappel, faute de solution alternative réelle, les pays de l'UE continuent d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL).

Faiblesse du rouble

« La baisse des exportations vers l'Europe a été partiellement compensée par une augmentation des livraisons vers la Chine, qui vont continuer à croître dans le cadre d'obligations contractuelles », a commenté Famil Sadygov, directeur adjoint de Gazprom, qui a attribué la chute du bénéfice semestriel à la faiblesse du rouble, alors que la chute de la monnaie russe face au dollar s'expliquait justement par le tarissement des recettes d'hydrocarbures et une fuite de capitaux hors de Russie.

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Réorientation des exportations

Face à ces difficultés, Gazprom, qui détient le monopole des exportations de gaz russe via gazoduc, a entamé ces derniers mois un changement stratégique, réorientant une partie de ses exportations vers l'Asie, où la demande énergétique est forte. L'an passé, les livraisons de gaz via le gazoduc « Force de Sibérie » dans l'Extrême-Orient russe à destination de la Chine ont ainsi atteint un maximum historique, à hauteur de 15,5 milliards de mètres cubes. Moscou tente aussi de rediriger une partie de ses exportations vers ses alliés d'Asie centrale, notamment le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, confrontés à des crises énergétiques malgré leurs ressources gazières et pétrolières.

Accord avec l'Ouzbékistan

En juin, l'Ouzbékistan avec qui la Russie veut créer une « union gazière » a signé un contrat de deux ans avec Gazprom pour la livraison de gaz russe, une première pour cet Etat d'Asie centrale, région vers laquelle Moscou tente de rediriger ses exportations plombées par les sanctions internationales. Les livraisons devaient débuter « à partir du 1er octobre », pour « un volume annuel total d'environ 2,8 milliards de mètres cubes » via le gazoduc Asie centrale-centre, construit sous l'URSS et qui relie la Russie aux ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.  L'Ouzbékistan a été confronté cet hiver à une grave crise énergétique en raison d'une forte croissance de la demande, couplée à un hiver particulièrement rigoureux et à des infrastructures vieillissantes.

Découverte d'un gisement de gaz en Autriche

Le groupe pétrolier et gazier autrichien OMV a annoncé fin juillet avoir découvert « la plus grande découverte de gaz en Autriche depuis 40 ans » dans l'espoir de limiter sa dépendance à la Russie. L'entreprise a fait état de l'exploration d'un gisement situé en Basse-Autriche, à l'est de Vienne, après cinq mois de travaux. Foré à une profondeur de 5.000 mètres, il recèlerait 28 millions de barils équivalent-pétrole (Mbep) et permettrait à terme « d'augmenter de 50% la production locale ». Historiquement lié au géant étatique russe Gazprom, OMV essaie de multiplier ses sources d'approvisionnement depuis l'invasion de l'Ukraine mais il continue à se fournir en Russie.