Après une année 2022 « très difficile », Gazprom mise sur de nouveaux débouchés avec la Chine

Le géant national russe est confronté aux conséquences des sanctions décidées par les Occidentaux, en riposte à la guerre en Ukraine. Il doit donc revoir ses contrats commerciaux et trouver de nouveaux clients, en mettant le cap à l'est.
Gazprom avait annoncé avoir extrait « 376,9 milliards de m3 de gaz » entre janvier et novembre 2022, soit près de 20% de moins que sur la même période de l'année précédente.
Gazprom avait annoncé avoir extrait « 376,9 milliards de m3 de gaz » entre janvier et novembre 2022, soit près de 20% de moins que sur la même période de l'année précédente. (Crédits : Reuters)

Alors que Gazprom est l'arme énergétique utilisée par Moscou pour faire pression sur les Occidentaux, le groupe public dresse aujourd'hui un bilan terne de son année 2022. De suspensions en coupures totales de livraisons de gaz à ses anciens clients européens, le géant a reconnu une année « très difficile ». Si le groupe est contrôlé à 100% par le Kremlin, ce constat tranche avec le discours hermétique aux doutes de Vladimir Poutine.

« Je tiens à souligner tout de suite que 2022, bien sûr, s'est avéré très, très difficile », a admis le patron du groupe Alexeï Miller lors d'une conférence de presse téléphonique de fin d'année. Tout en notant : « des changements radicaux sur les marchés de l'énergie », entraînés par les conséquences des sanctions internationales contre Moscou en représailles de son intervention militaire en Ukraine.

Pour rappel, en 2021, la Russie était, via Gazprom, le premier exportateur mondial de gaz et le premier fournisseur de gaz de l'Union européenne, mais les 27 pays membres de l'UE ont depuis largement réduit leurs importations, à hauteur de moins de 10% de tout leur gaz importé, selon Bruxelles.

L'extraction de gaz en baisse de 20%

Sur l'ensemble de l'année 2022, Gazprom, détenu majoritairement par l'Etat russe, « a extrait 412,6 milliards de mètres cubes de gaz », dont un peu plus de 100 milliards de m3 destinés à l'export, a indiqué M. Miller. C'est un niveau plus faible qu'en 2021.

Dans un communiqué publié le 1er décembre, Gazprom avait annoncé avoir extrait « 376,9 milliards de m3 de gaz » entre janvier et novembre 2022, soit près de 20% de moins que sur la même période de l'année précédente.

Les exportations vers les pays hors-CEI (la Communauté des Etats indépendants, qui rassemble plusieurs pays de l'ex-URSS) avaient même baissé de 44,5% par rapport à la même période en 2021, à 95,2 milliards de m3.

Lire aussiCrise énergétique : Berlin nationalise la filiale allemande du russe Gazprom

En quête de nouvelles routes commerciales

Gazprom, et en coulisses, le Kremlin, s'efforcent donc de tracer de nouvelles routes commerciales, à l'image de la Turquie qui doit devenir « un nouveau hub gazier » selon le président Erdogan.

Le Premier ministre russe adjoint Alexander Novak a d'ailleurs déclaré fin décembre que Moscou étudiait de possibles livraisons de gaz supplémentaires via la Turquie.

Aussi, Moscou vise à augmenter ses livraisons vers la Chine. Alexei Miller s'est par ainsi réjoui mercredi de l'inauguration le 21 décembre du champ gazier de Kovykta, un vaste gisement situé en Sibérie qui doit permettre d'augmenter sensiblement les exportations vers la Chine.

« Maintenant, le gazoduc Force de Sibérie (qui relie la Russie et la Chine) est en service sur toute sa longueur, soit plus de 3.000 kilomètres », a relevé M. Miller.

La ruée vers l'est

L'exploitation de ce gisement va amorcer « une vraie dynamique de développement » et signale qu'un « complexe industriel puissant et stratégique est en train d'être créé dans l'est de la Russie », a promis Vladimir Poutine lors de son inauguration le 21 décembre.

En outre, a poursuivi M. Poutine, la mise en opération de ce site va permettre d'« assurer la livraison fiable de gaz (...) à la fois aux entreprises russes et à nos partenaires étrangers ».

La Russie prévoit également la construction dès 2024 du gazoduc Force de Sibérie 2 pour alimenter la Chine via la Mongolie, autre signe que la stratégie énergétique russe a bel et bien pris un tournant vers l'Est.

Enfin, malgré la guerre, la Russie est même prête à reprendre les livraisons de gaz vers l'Europe via le gazoduc Yamal, a déclaré le Premier ministre adjoint cité dimanche par l'agence de presse officielle TASS. Selon lui, le marché européen reste « pertinent ».

Traditionnellement utilisé pour alimenter l'Europe occidentale via l'Est, le gazoduc Yamal a vu ses flux être majoritairement inversés alors que la Pologne s'est détournée des livraisons russes pour solliciter l'Allemagne.

(Avec AFP)

Lire aussiGaz : les livraisons de Gazprom à l'Italie suspendues

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Commentaires 4
à écrit le 29/12/2022 à 14:53
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Bonjour, Ils est cettain que la chine est tŕes favorables a l'achats de gaz et petrole a la russie voisine ... Maintenant la bon question est de savoir si cela est dans l'intérêt de la russie a moyen et a long termes... La chine communiste a beso...

à écrit le 29/12/2022 à 4:07
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Donc , dans la case "avantages" du tableau de la concurrence mondiale, nous avions : de l'énergie pas chère avec le nucléaire, le gaz et le pétrole russe. Dans la case "inconvénients" nous avions: les politiques naïfs , les taxes, la destruction de ...

le 08/01/2023 à 15:43
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politique de gribouille de haut niveau ou prévarication?

à écrit le 28/12/2022 à 23:52
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Erdogan le traître … faut le foutre hors de l otan et lui supprimer toutes les aides / marche européens … ataturk doit se retourner dans sa tombe !!

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