Glyphosate : la France va voter contre le renouvellement du pesticide

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Les inquiétudes sur le glyphosate, l'un des composants essentiels de l'herbicide Roundup de Monsanto, ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes aux Etats-Unis et déclenché un débat d'experts en Europe après des conclusions contradictoires.
Alors que l'avenir du glyphosate (dont le RoundUp de Monsanto est la marque la plus connue) se décide aujourd'hui à Bruxelles, le gouvernement est clair concernant ce désherbant : pour la France, il est hors de question de renouveler son autorisation d'utilisation pour les cinq ans à venir.

La France votera contre le renouvellement du glyphosate pour une durée de cinq ans, "seule proposition sur la table" de la réunion sur l'avenir de ce produit controversé prévue lundi à Bruxelles, confirme dans le Journal du Dimanche la secrétaire d'Etat française Brune Poirson.

Les inquiétudes sur le glyphosate, l'un des composants essentiels de l'herbicide Roundup de Monsanto, ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes aux Etats-Unis et déclenché un débat d'experts en Europe après des conclusions contradictoires.

"La Commission européenne mettra lundi une seule proposition sur la table : celle d'un renouvellement du glyphosate pour une durée de cinq ans", écrit Brune Poirson dans une tribune intitulée "Pour en finir vraiment avec le glyphosate".

"Considérant les risques, la France s'opposera à cette proposition et votera contre. La France veut construire une sortie progressive du glyphosate et, avec plusieurs partenaires, pense qu'une durée plus courte serait possible", ajoute la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot.

Selon ce dernier, la France milite pour une reconduction de trois ans.

Les agriculteurs estiment ne pas pouvoir s'en passer

"Un arrêt immédiat de l'autorisation n'est pas possible. Il risquerait, dans une folle course en avant, de conduire à renoncer simplement à une substance pour aussitôt dépendre d'une autre", explique Brune Poirson. "Désormais, il s'agit bel et bien, dans un cadre harmonisé, de changer de modèle agricole, d'organiser les alternatives techniques."

La licence actuelle d'utilisation du glyphosate expire le 15 décembre. Faute d'accord entre les gouvernements de l'Union, la Commission européenne sera amenée à se prononcer.

La perspective d'une interdiction à court terme, réclamée par les défenseurs de l'environnement, suscite la crainte chez une grande partie des agriculteurs "conventionnels", qui estiment ne pas pouvoir s'en passer pour le moment.

Des études contradictoires

A Paris, une cinquantaine de personnes, selon les organisateurs, se sont réunis dimanche pour dire non au glyphosate et aux pesticides dangereux pour l'homme, les animaux et la nature en général.

"On appelle cela une sorte d'écocide", a dit à Reuters l'un des participants, Jean-Baptiste Réddé, alias Voltuan.

"Beaucoup de rivières en France sont polluées, on a trouvé des résidus de pesticides dans des eaux minérales, des produits chimiques dans les cheveux d'enfants, des paysans souffrent et meurent de cancers."

"Il faut arrêter les pesticides maintenant et ne pas attendre d'écouler les stocks", a ajouté cet activiste, qui a été reçu le 15 novembre par un collaborateur de Nicolas Hulot.

Lire aussi : L'affaire du glyphosate comme révélateur de la santé démocratique européenne

Le CIRC, agence de l'OMS composée de scientifiques internationaux, a classé le glyphosate "cancérogène probable" en 2015, sur la base des recherches publiées, notamment des études d'exposition agricole ainsi que sur des animaux en laboratoire.

Les partisans d'un renouvellement du glyphosate pour une durée plus longue mettent en avant une étude américaine publiée le 9 novembre dans la revue Journal of the National Cancer Institute. Cette étude, pour laquelle des chercheurs ont suivi pendant 20 ans 50.000 travailleurs agricoles en Iowa et en Caroline du Nord, n'a pas montré d'association statistique entre glyphosate et cancers.

(avec agences)