GNL : la Chine et le Qatar signent un contrat d'approvisionnement historique de 27 ans

Par latribune.fr  |   |  546  mots
Le ministre de l'Energie du Qatar Saad Sherida Al-Kaabi, qui préside également l'entreprise publique Qatar Energy. (Crédits : Reuters)
Le Qatar intensifie ses exportations de gaz vers la Chine. Qatar Energy et Sinopec viennent de sceller un contrat d'approvisionnement gazier pour 27 ans. Contrairement aux Européens qui voudraient trouver des alternatives au gaz russe, les Asiatiques, qui représentent 75% des livraisons gazières qatariennes, acceptent de souscrire à des accords à très long-terme.

Du jamais vu. Qatar et Chine viennent de sceller un accord d'approvisionnement historique en gaz naturel liquéfié (GNL) qui porte sur... 27 ans. Il s'agit de l'accord « de la plus longue durée dans l'histoire de l'industrie du GNL », s'est réjoui lors d'une conférence de presse le ministre de l'Energie du Qatar Saad Sherida Al-Kaabi, qui préside également l'entreprise publique Qatar Energy.

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L'Asie, premier client du gaz du Qatar

Ledit accord prévoit que Qatar Energy fournisse quatre millions de tonnes de GNL par an au géant chinois Sinopec (China Petroleum and Chemical Corporation). Elles proviendront de son nouveau projet North Field East, l'une des composantes du champ North Field situé au Nord du Qatar dans le Golfe Persique à la frontière iranienne. Ce gisement colossal, composé aussi de North Field South, représente le cœur des réserves gazières du Qatar, qui y investit massivement pour augmenter de 60% sa production et atteindre 126 millions de tonnes par an d'ici 2027.

Les pays asiatiques, notamment la Chine, le Japon et la Corée du Sud en tête, sont les principaux consommateurs de gaz qatari et sont habitués à signer des contrats de long terme avec l'émirat. Les exportations qatariennes de gaz se font principalement à destination de l'Asie (74% des exportations en 2021) contre 1,6% pour l'Allemagne, 1,2% pour la Pologne, 1,1% pour la France, 0,8% pour l'Espagne d'après les chiffres du service économique de l'Ambassade de France au Qatar.

Pour autant, la Chine est le premier pays à conclure un accord d'approvisionnement concernant la partie North Field East. S'exprimant en visioconférence depuis Pékin, le président de Sinopec, Ma Yongsheng, a qualifié cet accord d' « historique », soulignant que « le Qatar est le plus important fournisseur de GNL au monde et la Chine en est le plus grand importateur ».

Il a par ailleurs annoncé avoir « officiellement » demandé en octobre 2021 une participation à North Field South pour le moment dominé par les géants énergétiques occidentaux à savoir l'américain ConocoPhillips, le français TotalEnergies et le britannique Shell. Ces trois entreprises détiennent 25% des parts du projet North Field South, 75% restant aux mains de Qatar Energy. Une prise de parts de North Field South par la Chine, « renforcerait davantage les relations excellentes » entre Pékin et Doha, a estimé Saad Sherida Al-Kaabi.

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Les Européens plus frileux à signer des contrats à long-terme

Le gaz qatari est malgré tout courtisé par les Etats européens, qui cherche à compenser la perte progressive du gaz russe qui représentait avant la guerre en Ukraine près de la moitié de la consommation du Vieux continent.

Mais pour l'instant, les Européens ne sont pas parvenus à augmenter significativement leur approvisionnement de la part du Qatar, qui se trouve de toute façon déjà liés à ses clients asiatiques par des contrats existants à long-terme. En effet, l'Allemagne et d'autres pays ont jusqu'ici refusé de souscrire à des contrats de très long-terme avec l'émirat à la réputation sulfureuse, échaudés par le précédent de la perte du gaz russe sur lequel ils avaient massivement misé comme partenaire dont il dépendait.