Le Qatar inaugure sa première centrale solaire avec TotalEnergies, son « premier partenaire international »

Le Qatar vient d'inaugurer sa première centrale solaire en partenariat notamment avec TotalEnergies, pour un investissement de 1,7 milliard de riyals qataris (environ 475 millions d'euros). Ce n'est pas le seul projet auquel participe le géant gazier et pétrolier français dans l'émirat puisqu'il a récemment signé un contrat pour le développement du plus grand champ de gaz naturel au monde.
D'une capacité de 800 mégawatts, la centrale de Al Kharsaah (ci-dessus le 18 octobre 2022), opérationnelle depuis juin, vise à couvrir 10% de la consommation du pays en électricité.
D'une capacité de 800 mégawatts, la centrale de Al Kharsaah (ci-dessus le 18 octobre 2022), opérationnelle depuis juin, vise à couvrir 10% de la consommation du pays en électricité. (Crédits : Reuters)

C'est l'une des « plus grandes » fermes solaires du Qatar avec plus de 1,8 million de panneaux solaires s'étendant sur 10 km2. La centrale située à Al Kharsaah, à l'ouest de Doha, vient d'être inaugurée ce mardi 18 octobre.

D'une capacité de 800 mégawatts, le projet lancé en 2016 et opérationnel depuis juin vise à couvrir 10% de la consommation du pays en électricité. Outre TotalEnergies (19,6%), l'entreprise japonaise Marubeni (20,4%) est partenaire de la centrale d'Al Kharsaah. Il est d'ores et déjà prévu de « l'étendre » d'ici à 2035, selon le ministre de l'Énergie et président de Qatar Energy, Saad Sherida al-Kaabi.

D'après les organisateurs du Mondial 2022 au Qatar, qui promettent une Coupe du monde de football neutre en carbone, la centrale alimentera les stades en électricité. Lors d'une conférence de presse, Saad Sherida Al-Kaabi a toutefois indiqué ne pas disposer d'information sur ce point.

Le Qatar, qui vise une capacité de 5 gigawatts d'énergie solaire d'ici 2035, a annoncé fin août deux autres grands projets de centrales photovoltaïques devant lui permettre de plus que doubler sa production d'ici deux ans. Ces nouvelles centrales, à Mesaieed Industrial City (Sud) et Ras Laffan Industrial City (Nord), porteront la production photovoltaïque de l'émirat à 1,675 gigawatts (GW) d'ici fin 2024, selon la compagnie nationale Qatar Energy.

L'émirat est toutefois en retard sur ses voisins du Golfe. L'Arabie saoudite a annoncé cette année son intention de dépasser le seuil des 5 GW d'ici à 2030, et des centrales solaires existent aux Émirats arabes unis (EAU) depuis près d'une décennie.

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TotalEnergies multiplie les projets au Qatar

Cette inauguration intervient seulement quelques semaines après une annonce de partenariat entre le géant gazier et pétrolier et le Qatar. Fin septembre en effet, l'émirat a indiqué la signature d'un important contrat de 1,5 milliard de dollars avec TotalEnergies pour le développement d'un champ de gaz naturel, baptisé North Field South.

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En juin déjà, le groupe français avait signé un accord de plus de 2 milliards de dollars avec Doha pour le développement du projet North Field East. Tous deux sont des projets d'extension du champ offshore North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde que le Qatar partage avec l'Iran.

« Le fait que TotalEnergies soit devenu récemment le premier partenaire international du Qatar est un signe fort », a commenté ce mardi 18 octobre le PDG Patrick Pouyanné, interrogé par l'AFP. Et d'ajouter : « C'est le résultat de beaucoup de travail depuis plusieurs années, mais je pense que ça tombe bien au moment où la question de la sécurité d'approvisionnement de l'Europe se pose à nous tous. »

« Nous avons la même mentalité : être à la pointe de la technologie, essayer d'aller dans des zones d'exploration reculées et aussi vers les énergies renouvelables », a expliqué Al-Kaabi. « Je pense que notre partenariat va encore se consolider, mais ça ne veut pas dire qu'on n'a pas d'autres partenaires très importants et, bientôt, vous nous verrez signer avec d'autres », a glissé le ministre, alors que le pays doit encore dévoiler le nom d'autres entreprises étrangères engagées sur le North Field.

TotalEnergies, Qatar, activités gazières et solaires

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ZOOM

Pétition contre un projet gazier de TotalEnergies en Afrique du Sud

L'association Bloom, pour la protection des océans, et l'ONG sud-africaine The Green Connection ont lancé, ce lundi à Paris, une pétition internationale contre un important projet gazier de TotalEnergies. Selon elles, il est prévu dans une zone de courants dangereux au large de l'Afrique du Sud, et menacerait une faune marine extrêmement riche ainsi que l'activité locale de pêcherie artisanale.

TotalEnergies a déposé, le 5 septembre une « demande de licence de production pour exploiter deux importants gisements gaziers, pouvant contenir jusqu'à 1 milliard de barils d'équivalent pétrole », dans la zone d'exploration de Brulpadda, à 175 km des côtes.

Pour les ONG, l'entreprise est risquée. Il s'agit de forages « de grande profondeur, à plus de 1.000 mètres sous la surface, dans une zone de forts courants : ils [les exploitants] savent que ce sont des eaux compliquées avec un risque de marée noire ». Et d'ajouter : « Total est le premier à aller à cette profondeur, et, s'ils obtiennent ce permis, ce sera un énorme signal [positif] pour toute l'industrie [de l'extraction des hydrocarbures] » sur la possibilité de lancer des forages dans des eaux encore vierges, alerte Swann Bommier, de chez Bloom.

Les autorités sud-africaines, qui comptent sur le gaz pour sortir de leur dépendance au charbon, énergie fossile la plus polluante de toutes, doivent se prononcer sur l'obtention de cette licence au terme d'une enquête publique prévue jusqu'au 20 janvier, selon les associations.

La pression des ONG environnementales augmente de plus en plus contre divers projets de TotalEnergies autour du monde. Ainsi, alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'est elle-même prononcée en 2021 pour l'arrêt immédiat de tout investissements nouveaux dans les énergies fossiles (*), afin d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, un autre mégaprojet du groupe français, situé en Ouganda et en Tanzanie, est attaqué par des ONG depuis 2019 devant la justice française.

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(Avec AFP)

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(*) «These include, from today, no investment in new fossil fuel supply projects, and no further final investment decisions for new unabated coal plants. » (Il s'agit notamment, à partir d'aujourd'hui, de ne plus investir dans de nouveaux projets d'approvisionnement en combustibles fossiles et de ne plus prendre de décisions finales d'investissement dans de nouvelles centrales au charbon non exploitées) écrit l'AIE dans son rapport de mai 2021.

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Commentaire 1
à écrit le 19/10/2022 à 3:57
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La maintenance doit couter un bras. Vu la frequence des vents de sable, nettoyer tous ces panneaux ne doit pas etre une sinecure.

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