Guerre en Ukraine : la Hongrie fait cavalier seul et reçoit plus de gaz russe

Par latribune.fr  |   |  489  mots
Viktor Orbán, le premier Ministre hongrois. (Crédits : BERNADETT SZABO)
Alors que l'Union européenne tente de se défaire le plus rapidement possible du gaz russe tout en assurant la sécurité de son approvisionnement énergétique, la Hongrie, membre de cette communauté, prend le chemin opposé. Samedi, Budapest a annoncé se faire livrer plus de gaz russe que les quantités initialement prévues dans le contrat noué avec le géant Gazprom...

A contre-courant de la volonté des Vingt-Sept, qui tentent de se sevrer au plus vite du gaz russe, la Hongrie, pourtant membre de l'Union européenne, s'en fait livrer davantage que prévu. Samedi, Budapest a ainsi annoncé que la Russie avait commencé à lui livrer plus de gaz naturel que prévu dans leurs précédents accords commerciaux, après une visite de son ministre des Affaires étrangères à Moscou en juillet.

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Le ministère hongrois des Affaires étrangères a expliqué que les négociations commerciales avec Moscou "ont permis d'arriver à un accord", avec pour résultat que le géant russe Gazprom a commencé à livrer vendredi "des volumes supérieurs à ceux mentionnés dans le contrat".

2,6 millions de mètres cubes supplémentaires tous les jours

"C'est le devoir du gouvernement hongrois d'assurer un approvisionnement sûr en gaz pour le pays, et nous sommes à la hauteur", a écrit sur Facebook un haut fonctionnaire du ministère, Tamas Menczer. Jusqu'à fin août, un volume supplémentaire quotidien de 2,6 millions de mètres cubes par jour arrivera du Sud via le gazoduc Turkstream, a-t-il précisé, ajoutant que des négociations étaient en cours concernant les livraisons de septembre.

Peter Szijjarto, le ministre hongrois des Affaires étrangères, avait effectué un déplacement inopiné à Moscou en juillet dernier afin de discuter de l'achat de 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz, qui viendraient s'ajouter aux 4,5 milliards livrés chaque année à Budapest avant l'invasion russe de l'Ukraine.

Cette annonce hongroise intervient alors qu'un texte de l'Union européenne, entré en vigueur le 5 août dernier, prévoit que chaque Etat membre fasse "tout son possible" pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.

Fissure avec le reste de l'Union européenne

Ce plan de réduction de la demande vise à favoriser la constitution de stocks de gaz à l'approche d'un l'hiver qui s'annonce extrêmement tendu sur le plan énergétique, les Européens se préparant à une possible coupure totale des livraisons de gaz russe.

La guerre en Ukraine provoque, en effet, de vives tensions énergétiques entre les Occidentaux et Moscou, qui utilise le gaz comme arme géopolitique et rend ses livraisons de gaz naturel plus faibles et plus aléatoires, quand elles ne sont pas totalement coupées comme vers la Pologne, la Bulgarie ou encore la Lettonie.

Certains pays du bloc européen ont néanmoins des réticences à suivre strictement ce plan de réduction volontaire de la demande, pour l'heure non contraignant. La Hongrie, ultra dépendante des hydrocarbures russes (80% de ses importations de gaz viennent de Russie) a ainsi demandé un régime dérogatoire.

Avec AFP