Guerre en Ukraine : nouveaux bombardements en direction de la plus grande centrale nucléaire d'Europe

Par latribune.fr  |   |  707  mots
La centrale nucléaire de Zaporijia est la plus grande d'Europe. (Crédits : Reuters)
La centrale de Zaporijia, la plus grande d'Europe avec six réacteurs de 1.000 mégawatts chacun, est la cible de bombardements dont s'accusent mutuellement l'Ukraine et la Russie. De nouvelles frappes sont intervenues dans la journée de samedi. Le président ukrainien menace de riposter contre les troupes russes ciblant la centrale nucléaire de Zaporijia ou effectuant des frappes depuis son territoire. Le maire d'Energodar, la ville où se trouve la centrale, dénonce le terrorisme nucléaire "pur et simple" de la Russie.

MAJ : article initialement publié à 9h42 et mis à jour à 17h47 le 14/08 avec les déclarations du maire d'Energodar.

La pression autour d'une possible catastrophe nucléaire à la centrale de Zaporijia, la plus grande d'Europe et dont les forces russes se sont emparées le 4 mars dernier, s'accroît encore un peu plus. Samedi, Kiev et Moscou ont de nouveau échangé des accusations de tirs sur cette centrale nucléaire, visée à plusieurs reprises depuis une semaine.

"Limitez votre présence dans les rues d'Energodar! Nous avons reçu des informations sur de nouvelles provocations de la part des occupants" russes, a indiqué sur Telegram l'agence nucléaire ukrainienne Energoatom, republiant le message d'un dirigeant local d'Energodar - ville dans laquelle se trouve la centrale - resté loyal à Kiev.

"Selon les témoignages des habitants, des bombardements sont à nouveau en cours en direction de la centrale nucléaire de Zaporijjia (...) L'intervalle entre le départ et l'arrivée des tirs est de 3-5 secondes", ajoute le message.

"Terrorisme nucléaire"

D'après un communiqué des renseignement militaires ukrainiens, l'une des frappes a endommagé une unité de pompage et une autre "a entraîné la destruction partielle du service d'incendie responsable de la sécurité de la centrale nucléaire". Selon eux, "les occupants (russes) bombardent la centrale nucléaire (...) depuis le village de Vodiané, situé à proximité immédiate".

Les premières frappes, celles du 5 août, ont aussi touché un transformateur de ligne électrique haute tension, entraînant l'arrêt automatique du réacteur n°3 et le démarrage de ses groupes électrogènes de secours.

"Les risques augmentent chaque jour", a déclaré par téléphone à l'AFP Dmytro Orlov, le maire d'Energodar, ajoutant que les tirs au mortier sur la centrale sont devenus quotidiens et dénonçant un "terrorisme nucléaire pur et simple" de la Russie, qui "peut se terminer de façon imprévisible à n'importe quel moment".

Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un "chantage russe" autour du site nucléaire. Il a, par ailleurs, prévenu que son armée ripostera contre les troupes russes ciblant la centrale nucléaire de Zaporijia ou effectuant des frappes depuis son territoire.

"Chaque soldat russe qui tire sur la centrale ou tire en s'abritant derrière la centrale doit comprendre qu'il deviendra une cible spécifique pour nos services secrets et de renseignement, ainsi que pour notre armée", a-t-il déclaré sur sa chaîne Telegram.

La Russie accuse les forces ukrainiennes

Sans surprise, la Russie accuse, de son côté, les forces ukrainiennes d'être à l'origine de ces tirs.

"Energodar et la centrale nucléaire de Zaporijjia sont à nouveau sous le feu des militants (du président ukrainien Volodymyr) Zelensky", a déclaré sur Telegram un membre de l'administration militaire et civile prorusse, Vladimir Rogov. Les projectiles sont tombés "dans des zones situées sur les berges du Dniepr et dans la centrale", a-t-il affirmé, sans faire état de victime ni de dégâts.

Prise au cœur du conflit qui oppose l'Ukraine et la Russie, cette centrale nucléaire, composée de six réacteurs de 1.000 mégawatts, inquiète au plus haut point Kiev mais aussi la communauté internationale. Le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a ainsi demandé de pouvoir y accéder "aussi vite que possible", au cours d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

Malgré l'inquiétude grandissante, la sûreté nucléaire reste assurée

De son côté, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a, lui aussi, mis en garde, jeudi dernier, contre une "catastrophe" si les opérations militaires se poursuivaient autour du site.

Toutefois, Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en sciences et technologies nucléaires au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), se montre rassurante. Interviewée par La Tribune, elle estime que la sûreté nucléaire de la centrale de Zaporijia est, pour l'instant, assurée, même si "le risque zéro n'existe pas".

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 Avec AFP