Hidalgo veut "sortir du nucléaire aussi vite" que possible (c'est-à-dire, dans très très longtemps)

Par latribune.fr  |   |  508  mots
Anne Hidalgo, en février 2020. (Crédits : Reuters)
La candidate à la présidentielle affiche un discours maximaliste sur la sortie du nucléaire, mais se refuse à donner un calendrier. Tout en traitant Jadot et Mélenchon de manipulateurs par excès d'optimisme, elle évolue sur une ligne "responsable", comprendre, on va avoir besoin du nucléaire pendant très longtemps encore. Les propos de la maire de Paris risquent de semer le trouble au sein du parti socialiste si l'on songe au positionnement sur le sujet de certains de ses membres, comme Patrick Kanner.

En tant que désormais candidate socialiste à l'élection présidentielle, la maire de Paris affirme ce jeudi qu'elle veut "sortir du nucléaire" aussi vite que possible. Mais elle ajoute aussitôt que d'une part ce ne sera pas pour tout de suite et d'autre part qu'elle ne peut donner aucune date, tout cela étant la faute du retard de la France dans le développement des énergies renouvelables, dont elle souhaite bien sûr ardemment qu'elles prendront un jour le relai pour assurer la demande d'énergie électrique de la France.

"Il faut sortir du nucléaire aussi vite que l'on va faire monter les énergies renouvelables", a-t-elle plaidé.

Mais c'est le retard de la France qui empêche de donner un calendrier, soutient-elle:

 La France n'est à l'heure actuelle "pas un champion en la matière" et donc il n'y a "pas un cap ou une date fixe" à graver dans le marbre.

Et d'ajouter :

"Il faut aller très très vite maintenant, puissamment, mettre toute une partie du plan de relance sur ces énergies renouvelables", "solaire et éolien pour l'essentiel", pour "sortir le plus vite possible du nucléaire", a-t-elle martelé.

Jadot et Mélenchon traités de manipulateurs

Sur FranceInfo où on lui demande d'évaluer le réalisme des objectifs des candidats LFI Jean-Luc Mélenchon et EELV Yannick Jadot qui prévoient, respectivement, d'en sortir en 10 ans et en 20 ans, la maire de Paris rétorque que "c'est simplement impossible et ils le savent très très bien".

Gardant quelques flèches en réserve après cette volée adressée à ses concurrents de gauche, elle tacle également le président de la République au sujet de sa possible annonce attendue d'ici à Noël sur la construction de 6 nouveaux EPR sur le sol français:

"L'hypersensibilité de la question de la sûreté nucléaire fait qu'on ne peut pas poser ce sujet sur la table en disant : 'Demain on aura une énergie produite grâce au nucléaire'".

Les socialistes, contre le nucléaire ou tout contre ?

Cette transition nécessite aussi "sûrement de retravailler sur un certain nombre de centrales existantes qui sont vieillissantes pour qu'elles puissent avoir une prolongation de vie jusqu'à ce qu'on puisse remplacer cela par les énergies renouvelables", a-t-elle ajouté.

Le patron des sénateurs PS Patrick Kanner a insisté sur Public Sénat sur le caractère "incontournable" du nucléaire en France.

"Quand on est un parti de gouvernement comme nous, on ne peut pas dire qu'on s'en privera (...). Il faudra baisser à terme" la part du nucléaire "mais le terme est très très loin", a-t-il estimé, tout en disant "croire au mix énergétique et aux énergies renouvelables".

Mais "je préfère une usine nucléaire à la multiplication des éoliennes", a aussi remarqué le sénateur du Nord, jugeant que leur part "dans certaines régions, comme la mienne - et là je peux partager l'avis de M. (Xavier) Bertrand - c'est monstrueux", concluait-il.

(avec AFP)