Les émissions de CO2 vont atteindre un niveau record en 2022, selon le Global carbon project

Par latribune.fr  |   |  632  mots
Selon les experts du GIEC, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 43% d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5%. (Crédits : Wolfgang Rattay)
Au rythme actuel de « dépenses » de ces budgets carbone, il ne reste qu'une chance sur deux de tenir, d'ici neuf ans, l'objectif le plus ambitieux de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, notent les scientifiques.

Le constat est glaçant, alors que se déroule en ce moment la COP27 à Charm el-Cheikh. En 2022, les émissions de CO2 produites par la consommation d'énergies fossiles - pétrole, gaz ou charbon - vont dépasser leur niveau record, après le trou d'air dû au Covid, selon une étude des scientifiques du Global Carbon Project. Une année 2022 marquée par le déclenchement de la guerre en Ukraine en Russie, contraignant les Etats jusqu'ici de ce fournisseur de gaz de relancer la production de charbon.

Les émissions de CO2 d'origine fossile « devraient augmenter de 1% par rapport à 2021, pour atteindre 36,6 milliards de tonnes, soit un peu plus que les niveaux de 2019 avant le Covid-19 », selon leurs calculs.

Cette hausse est portée principalement par l'utilisation du pétrole (+2,2%), avec la reprise du trafic aérien, et du charbon (+1%). D'ailleurs, les émissions de CO2 liées à la production d'électricité baissent partout dans le monde, sauf en Europe à cause du charbon, a démontré une autre étude.

Ainsi, les émissions dues au charbon, en décroissance depuis 2014, devraient croitre de 1% et retrouver voire dépasser leur niveau record de cette année là.

A ce rythme, il ne reste plus qu'une chance sur deux d'éviter d'aller jusqu'à un réchauffement de 1,5°C dans neuf ans, selon les scientifiques du Global carbon project. Le Global Carbon Project est une initiative lancée en 2001 par l'organisation de recherche Future Earth. L'organisation Future Earth est financée par des privés et des agences gouvernementales, indique-t-elle.

Le fossé entre les promesses et la réalité

Résultat, un fossé sépare les promesses faites par les gouvernements, les entreprises et les investisseurs pour réduire les émissions contribuant au réchauffement climatique dans les années à venir, des actions actuellement entreprises pour atteindre cet objectif.

Trente-sept milliards de tonnes de ces émissions seront causées par l'extraction de combustibles fossiles et quatre milliards de tonnes seront dues à l'utilisation du sol, notamment à la déforestation.

A l'inverse, les émissions de CO2 ont baissé de 0,9% en Chine en raison des confinements décrétés pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Parmi les plus grands pollueurs mondiaux, c'est en Inde que le rebond des émissions fossiles sera le plus fort en 2022, en augmentation de 6% en raison principalement de la consommation de charbon sur fond de forte reprise économique. Les Etats-Unis ont, eux, enregistré une hausse de 1,5% des émissions de dioxyde de carbone, et elles se sont également envolées de 6% en Inde.

Le reste du monde devrait voir une augmentation de 1,7%, principalement alimentée par la reprise du transport aérien.

« Un certain progrès »

L'équipe du GCP, qui rassemble plus de 100 scientifiques de 80 institutions, calcule chaque année les émissions de CO2, ainsi que le « budget carbone » restant, soit la limite supérieure de dioxyde de carbone émis permettant de rester sous une température mondiale donnée.

« Nous avons enregistré certains progrès », relève toutefois la climatologue Corinne Le Quéré, autre auteure du rapport, qui souligne que l'augmentation tendancielle des émissions issues des énergies fossiles est passée d'environ 3% par an dans les années 2000 à 0,5% par an sur la dernière décennie.

La hausse de 1% n'est peut-être pas « une tendance à long terme », estime Corinne Le Quéré. Mais « les émissions ne baissent pas comme elles le devraient ».

Selon les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'Onu), les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 43% d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5% et éviter ainsi ses impacts les plus importants.

(Avec AFP et Reuters)

Lire aussiLes émissions de CO2 liées à la production d'électricité baissent partout dans le monde, sauf en Europe à cause du charbon