Pollution de l'air : cri d'alarme de médecins, scientifiques et ONG

Par latribune.fr  |   |  504  mots
Le Réseau Action Climat a indiqué avoir mis à la disposition des élus locaux un guide pour des villes moins polluées.
Plusieurs médecins, scientifiques et ONG ont réitéré mardi leur appel à agir d'urgence contre la pollution de l'air, en rappelant qu'elle entraîne 48.000 décès prématurés par an en France et qu'elle touche notamment les enfants, particulièrement vulnérables.

"On pense que l'air s'améliore, que la pollution diminue", qu'elle touche surtout les personnes âgées et malades, "tout ça c'est faux", a déclaré mardi lors d'une conférence de presse le Professeur Jocelyne Just, pneumopédiatre et cheffe du service d'allergologie pédiatrique à l'hôpital parisien Armand-Trousseau, à moins d'une semaine de l'entrée en vigueur des vignettes obligatoires à Paris. "On parle toujours des émissions qui sont calculées de façon théorique, alors que ce qu'il faut regarder ce sont les concentrations, qui elles sont objectives", a-t-elle rappelé.

Un impact ignoré ?

Les particules, "principalement d'origine automobile, vont très loin dans les poumons" et "peuvent avoir une répercussion sur l'avenir respiratoire" d'un enfant sain, a souligné Mme Just lors d'une conférence de presse. "Même in utero, il y a une répercussion sur la croissance pulmonaire à venir", a-t-elle ajouté. L'enfant respire plus vite que l'adulte et va inhaler plus de polluants, son appareil respiratoire "est immature" et il est fréquemment "à côté des sources de la pollution", par exemple lorsqu'il est en poussette, a-t-elle expliqué. Les poumons d'un enfant sont "matures vers 7 ans", a précisé le pneumologue Jean-Philippe Santoni.

"La pollution de fond a un impact sanitaire beaucoup plus important" que les pics, a-t-il souligné, rappelant qu'elle est "un facteur de risque ou d'aggravation" de maladies respiratoires comme l'asthme ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive. D'autant que la pollution pénètre dans l'organisme "non seulement par inhalation, mais aussi par la peau", d'où des dermatites, "et par ingestion", a expliqué le Pr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l'Inserm.

"Une révolution écologique"

Le porte-parole de France Nature Environnement, Benoît Hartmann, a réclamé "une révolution écologique", avec notamment un développement du ferroutage et des transports en commun, une réforme de la fiscalité en faveur des "pollués", un aménagement du territoire permettant de rapprocher domicile et lieu de travail. "On incite à la vertu à retardement", analyse-t-il ainsi. Soulignant que l'on "donne des aides (financières) aux pollueurs et pas aux piétons, qui eux ne polluent pas !". Selon lui, "les aides devraient être proportionnelles aux besoins et aux revenus".

Par ailleurs, Benoît Hartmann a fait remarquer qu'il était temps de cesser d'opposer les populations:

"Nous sommes tous les mêmes et dans le même bain de pollution. Nous sommes tous à la fois piétons, cyclistes et automobilistes. Il m'arrive parfois d'être les trois au cours de la même journée !"

Le Réseau Action Climat a indiqué avoir mis à la disposition des élus locaux un guide pour des villes moins polluées. Le tout étant de ne pas appréhender la pollution comme une fatalité. Et pour cause : rien n'est à inventer. Des solutions existent! Encore faut-il les mettre en place, puis "aller au bout de ce qu'on a commencé". Et accepter de changer ses habitudes en matière de mobilité. Mais pour cela, une véritable prise de conscience générale est nécessaire.

(Avec AFP)