Royaume-Uni : Rishi Sunak veut rétablir le moratoire sur la fracturation hydraulique

Par latribune.fr  |   |  689  mots
(Crédits : © Andrew Cullen / Reuters)
Le nouveau Premier ministre britannique a indiqué ce mercredi vouloir réintroduire le moratoire sur la fracturation hydraulique, aussi appelée « fracking », levé le mois dernier par sa prédécesseure Liz Truss. En respectant le programme du parti conservateur, Rishi Sunak s’est attiré les bonnes grâces de Greenpeace, à l’aube de la COP27 se déroulant le mois prochain en Egypte.

Rishi Sunak, officiellement nouveau Premier ministre du Royaume-Uni depuis le 25 octobre, n'a pas attendu longtemps pour marquer sa différence avec sa prédécesseure Liz Truss. Pour s'en démarquer, il souhaite réintroduire le moratoire sur la très controversée fracturation hydraulique, a indiqué Downing Street ce mercredi. Cette méthode, permettant de produire gaz et pétrole de schiste, fut déjà suspendue par le parti conservateur en 2019, en raison des risques de secousses sismiques. Liz Truss avait décidé de le lever en septembre « afin de renforcer la sécurité énergétique » du pays, alors que la guerre en Ukraine fragilise le secteur.

Un Premier ministre engagé à respecter les accords de la COP26

Le programme des Tories datant de 2019 souligne que l'interdiction de la fracturation hydraulique ne peut pas être levée tant que « la science montre catégoriquement que cette méthode ne peut être exercée en toute sécurité ». Ce mercredi, Downing Street a confirmé que Rishi Sunak voulait respecter ce programme. En effet, lors de son premier face-à-face avec le parti travailliste britannique, le Premier ministre a déclaré « s'en tenir au programme (des conservateurs) sur la question ».

Toutefois, interrogé cet été pendant sa campagne électorale, Rishi Sunak avait affirmé être en faveur de la fracturation hydraulique « si les communautés locales soutiennent » ce procédé. Aujourd'hui, le Premier ministre promeut plutôt son « engagement » à respecter les accords de la COP26 ayant eu lieu l'année dernière à Glasgow. « Nous tenons à donner à nos enfants un environnement dans un meilleur état », a-t-il souligné devant les parlementaires mercredi.

Un moratoire salué par Greenpeace... et preuve de rupture avec Liz Truss

Le rétablissement de ce moratoire sur la fracturation hydraulique annoncé par le gouvernement britannique a rapidement été salué par Greenpeace sur Twitter. Par la même occasion, l'organisation non-gouvernementale a « appelé Sunak à mettre fin à la délivrance de nouvelles licences d'exploration pour le pétrole et le gaz », question sur laquelle devrait se pencher le nouveau Premier ministre.

Ainsi, ce revirement marque une rupture totale avec la politique menée par Liz Truss. En effet, la levée du moratoire par la précédente Première ministre avait suscité la colère des défenseurs de l'environnement, pour qui la fracturation hydraulique provoque des tremblements de terre et augmente les risques de pollution sans pour autant apporter de supplément d'approvisionnement énergétique. De surcroît, durant son mandat, Liz Truss avait annoncé son souhait de réexaminer la trajectoire du pays vers la neutralité carbone et promis une politique de dérégulation post-Brexit avec l'éventuelle suppression de centaines de lois de protection de l'environnement. Rishi Sunak, avec cette décision, prouve bien son éloignement par rapport aux mesures adoptées par sa prédécesseure.

La fracturation hydraulique, un « stop-and-go » permanent

En réalité, ce rétablissement de moratoire n'est pas le premier. En effet, l'enjeu du « fracking » se pose depuis plusieurs années et les gouvernements successifs reviennent régulièrement sur les mesures du précédent. Autorisée à la fin des années 2000 par les autorités britanniques, la méthode est rapidement interdite après deux séismes dans le nord-ouest de l'Angleterre en 2011. La zone n'était pas considérée propice aux mouvements tectoniques mais le groupe d'énergie britannique Cuadrilla Resources venait d'y réaliser sa première fracturation hydraulique. Elle sera finalement reconnue coupable.

En 2018, Cuadrilla est autorisée à reprendre l'extraction de gaz de schiste, soit sept ans après son interdiction. Or, elle n'exerça que peu de temps avant d'être bloquée par le moratoire sur la fracturation hydraulique de 2019. Cette décision a été prise après le compte-rendu d'un incident sur un site contrôlé par Cuadrilla près de Blackpool, dans le nord de l'Angleterre, où un tremblement de terre de magnitude 2,9 a secoué des habitations. De plus, Boris Johnson était la cible des environnementalistes, considérant cette méthode en contradiction avec l'engagement de la Grande-Bretagne de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.

(Avec AFP)