Technicolor : l'usine d'Angers placée en liquidation judiciaire

Par latribune.fr avec AFP  |   |  494  mots
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Spécialisée dans la fabrication de décodeurs numériques, Thomson Angers employait 350 personnes.

Après Surcouf mercredi, c'est au tour de Thomson Angers, filiale du groupe Technicolor, de broyer du noir. Dernier site de production en Europe du groupe français, l'usine, spécialisée dans la fabrication de décodeurs numériques, a été placée en liquidation judiciaire jeudi par le tribunal de commerce de Nanterre, en l'absence d'offre de reprise. La société laisse 350 salariés sur le carreau, alors qu'aucune poursuite d'activité n'a été décidée.

Pas moins de 250 des 350 salariés du site étaient rassemblés devant l'usine en attendant la décision de justice. Dans un silence de plomb, ils ont accueilli celle-ci en jetant solennellement leurs blouses blanches dans un feu de palettes. "Nous sommes en colère, depuis des mois. On a voulu nous embarquer, nous faire croire des choses et au bout du compte il n'y a rien du tout", a déclaré Martine Guilbert, de l'intersyndicale CGT-CFDT-SUD-Unsa-CFE/CGC.

"On va rester dans cette usine"

Ces ouvriers se disent désormais déterminés à occuper leur usine. Leur objectif : obtenir de Thomson des primes supralégales de licenciement. "On va rester dans cette usine, on ne va pas la lâcher", a déclaré Martine Guilbert. De fait, tous les salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement dans les 15 jours. Mais ils font face à des perspectives de reconversion difficiles, avec une moyenne d'âge de 53 ans, selon les syndicats. "Technicolor a décidé de se débarrasser de son site. En choisissant la voie judiciaire, elle s'est désengagée de ses responsabilités et pense s'exonérer de ses obligations sociales et financières", a réagi au tribunal Odile Coquereau, déléguée syndicale CGT. Selon l'avocat du comité d'entreprise, Me Bougnoux, une action judiciaire pourrait être engagée à l'encontre de Technicolor pour que l'entreprise "finance un plan social".

Le site angevin avait déposé son bilan le 25 mai et avait été placé en redressement judiciaire le 1er juin. La semaine dernière, Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, avait encore assuré aux salariés que France Télécom, client du site, s'était engagé pour un plan de charge intermédiaire d'un an, afin de favoriser la concrétisation d'un projet de reprise. Toutefois, aucune offre n'a été formellement été déposée à l'expiration de la période d'observation.

"Continuer à faire vivre l'activité"

Pour sa part, Jean-Claude Antonini, président PS de l'agglomération d'Angers, a réaffirmé jeudi que la collectivité locale était prête à racheter le site industriel et l'outil de production pour "continuer à faire vivre l'activité". Selon des sources proches du dossier, la liquidation judiciaire pourrait paradoxalement faciliter une reprise d'activité industrielle sur le site avec réembauche d'une partie des salariés. Car deux offres ont été évoquées au cours du redressement judicaire. Si elles n'ont pas été formellement déposées, ces deux propositions éventuellement complémentaires restent d'actualité, selon ces sources.