Reprise ou liquidation ? Petroplus tourne à la patate chaude

Réponse du tribunal de commerce le 2 octobre. Les deux offres de reprise du site de Petroplus à Petit-Couronne, examinées ce mardi par le tribunal de Rouen, suscitent beaucoup d'interrogations. Au grand embarras du gouvernement.
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Gouvernement et tribunal de commerce se renvoient le balle sur Petroplus. C'est à celui qui ne veut pas prendre la responsabilité de tirer un trait sur les 480 emplois qui restent à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en Seine Maritime. Le tribunal de commerce de Rouen a renvoyé au 2 octobre sa  décision sur les deux seules offres qui subsistent pour la reprise de cette raffinerie, vendue par Shell au raffineur indépendant suisse Petroplus en 2008.

Problème : après les désistements successifs de plusieurs industriels depuis la mise en redressement judiciaire en janvier 2012, ne restent en lice que deux repreneurs qui suscitent de grands doutes dans le secteur et dans la presse. Le premier, Alafandi Petroleum Group (AFG), dont le siège serait à Jeddah en Arabie saoudite, même si son site internet fournit une adresse à Hong Kong, se présente comme un groupe d'exploration et de production pétrolière, exploitant plusieurs raffineries dans le monde.

Plus de dettes que de millions

Selon "Le Monde" du 30 août, son PDG, Ramzi Alafandi, serait sérieusement sujet à caution. "Il affirmait manier les dollars par millions mais, ici, il a surtout fait beaucoup de dettes", affirme, selon "Le Monde", "un de ceux qui l'ont côtoyé en Suisse", où il avait créé une structure en 2009, "structure qui n'a plus d'adresse et semble en sommeil". Le quotidien relate que cet homme d'affaires avait promis en grande pompe un chèque de 2 millions de dollars lors d'une soirée de l'Unesco, en mai 2007, promesse qu'il n'a jamais honorée. Son projet industriel pour Petit-Couronne est, lui aussi, grandiose. 2,5 milliards d'euros pour construire sur le site une nouvelle raffinerie utilisant un nouveau procédé technologique fondé sur le "vortex" dont AFG aurait la maîtrise. Le tout reposant sur du pétrole brut bon marché fourni par les puits d'AFG.

La deuxième offre s'appuie, elle aussi, sur des approvisionnements moins chers, fournis par ses soins. NetOil, basé à Dubaï, appartient à un groupe d'investisseurs dont l'homme d'affaires franco-libanais Roger Tamraz qui fonda la compagnie pétrolière Tamoil, avant de la revendre aux Libyens. Propriétaire un temps des hôtels Prince de Galles et Meurice à Paris, son nom a été cité dans plusieurs "affaires", notamment autour de son activité d'intermédiaires dans l'armement.

Un agrément des pouvoirs publics incertain

Le Tribunal de commerce de Rouen, méfiant, ne cesse de demander des "compléments" sur ces offres, soutenues cependant par le comité d'entreprise du site, désireux de sauver les 480 emplois (550 début 2012). Il leur faut non seulement faire la preuve des moyens financiers qu'ils promettent (environ 500 millions d'euros dans un premier temps) mais aussi obtenir un agrément des pouvoirs publics, nécessaire pour détenir une installation pétrolière. Et c'est ainsi que la balle atterrit au gouvernement.

Visiblement, ces assurances n'ont toujours pas été apportées à l'audience de mardi matin.  Ce délai (jusqu'au 2 octobre) "doit permettre aux candidats d'apporter des preuves tangibles de leurs capacités financières et techniques et d'obtenir les autorisations administratives nécessaires", a déclaré mardi à l'issue de l'audience Philippe Billant, directeur de la raffinerie. De leur côté, les représentants d'APG ont assuré qu'ils se conformeraient à ces demandes d'ici le 2 octobre. "Tous les choses administratives qui n'ont pas été faites jusqu'alors vont être faites", a assuré Sayad Abouzeid, membre de la direction du groupe.

Du côté du personnel, on veut encore y croire. "Même si le spectre de la liquidation existe toujours, l'espoir demeure d'un avenir industriel pour la raffinerie", a déclaré, à l'issue de l'audience, Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale, devant des salariés et des élus de gauche venus les soutenir. "Il manque encore des pièces à fournir et des éclaircissements à apporter", a-t-il ajouté

Arnaud Montebourg, qui s'est beaucoup impliqué dans ce dossier, à la suite des efforts démonstratifs eux aussi du gouvernement précédent, a organisé lundi soir une réunion d'urgence à Bercy avec AFG et Shell. Pour faire la lumière sur le revirement soudain de Ramzi Alafandi à la veille du week-end. Vendredi, l'industriel annonçait qu'il jetait l'éponge avant de se raviser samedi. En fait, il tentait un coup de pression sur Shell qui a conclu des contrats provisoires avec le site.

Le problème de fond reste, lui, le même. Mise en service en 1929, Petit-Couronne est la plus vieille raffinerie française, dans un marché européen du raffinage qui souffre de surcapacité et de marges structurellement basses. Trois autres établissements ont fermé leurs portes en France ces dernières années, il n'en reste que neuf en activité (dont Petroplus) contre une vingtaine dans les années 80. Réponse, donc, le 2 octobre. 

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Commentaires 26
à écrit le 04/09/2012 à 17:26
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Qui imagine la "reprise" réelle de Pétroplus ? Il s'agit bien entendu d'une liquidation... cachée. Pour le moment la patate chaude passe de main en main et chacun en coupe une tranche au passage, un véhicule financier type voiture balai. Pour informa...

le 04/09/2012 à 18:42
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pourtant les autres sites ont déjà été repris, sauf en Angleterre, on une solutions "bâtarde " semble avoir été trouvée pour partie. Mais le site français semble plus gros, pas super bien localisé (par rapport aux autres ) . et pas forcement peut ê...

à écrit le 04/09/2012 à 16:10
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que dit Don Quichotte Montebourg on ne l'entend plus sur ce dossier ????????????? où est il ??

à écrit le 04/09/2012 à 15:40
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Qui restera-t-il pour payer le démantèlement quand le jour sera venu? Normalement, le dernier propriétaire. On ne peut envisager que ce soit le contribuable...

à écrit le 04/09/2012 à 15:13
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Ils sont 480 salariés et ça fait la une de la tribune. Les commentaires sont dans le sens des salariés. Nous sommes 2500 sur le carreau au Crédit Immobilier de France, pas un mot en une, pas un commentaire pour nous soutenir. Seul l'article dans la t...

à écrit le 04/09/2012 à 14:48
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Monsieur Fabius, élu local, va trouver une solution, puisque lorsqu'il était dans l' opposition, il nous disait que c' était la faute au gouvernement Sarkozy

à écrit le 04/09/2012 à 13:58
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C'est l'effet Hollande, moins d'entreprises, plus de chomage, plus de fonctionnaires plus d'impots

à écrit le 04/09/2012 à 13:41
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Si une partie de l'équipement est en panne ,c'est un problême de maintenance ,et si l'équipe de maintenance ne tient pas la route ou a pris son compte ,je ne vois pas comment un investisseur pourrait prendre des risques pour la suite des évènements.

à écrit le 04/09/2012 à 13:19
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Je pense qu'on ne s'interroge pas assez sur le rôle des syndicats dans ce type d'affaires : sont-ils constructifs, utiles? Par exemple sur le cas de Fralib, je crois justement que l'action des syndicats n'a pas du tout été positive, voir notamment c...

le 04/09/2012 à 13:47
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Vous connaissez une boîte qui écoute les syndicats quand ceux-ci propose des améliorations qui feront évoluer l'entreprise? Moi non ,rien de doit venir d'en-bas! Le syndicat n'est la que quand tout est foutu et qu'il faut défendre les salariés et par...

le 04/09/2012 à 13:59
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Les syndicats sont le cancer de l'économie

le 04/09/2012 à 15:48
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en PME, j?ai croisé bine des syndicalistes très constructifs au quotidien..j'en ai croises de tellement obtus que même des patrons plutôt ouverts d'esprit ont claqués la porte, et décidés seuls....dans ces cas la, ont avait souvent affaire à des sy...

à écrit le 04/09/2012 à 13:19
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On a dégradé artificiellement le marché pétrolier français avec les politiques anti voiture acharnées, la fable de la pollution par le CO2, les taxes qui broient le secteur, sans parler de la subvention au gazoil qui a déséquilibré l'offre et la dema...

à écrit le 04/09/2012 à 12:21
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Ces offres ouent la magouille...escroquerie de subventions....que le gouvernement (droite ou gauche) taira comme d hab pour ne pas se montrer incompetent

à écrit le 04/09/2012 à 11:48
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Il n'y a pas si longtemps, le moteur de notre industrialisation était "l'indépendance" qu'elle soit énergetique, dans la recherche et son "savoir faire", maintenant la France est vidé de sa substance et n'a plus d'identité jusqu'a sa prochaine dispar...

à écrit le 04/09/2012 à 10:39
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Les Politiques sont court termiste, il n'ont pas anticipé l'Avalanche, aujourd'hui elle prends de la vitesse et plus rien ne l'arrétera : l'industrie est MORTE et ses emplois avec !, ne comptez pas sur les Services eux aussi sont mal barrés car la Fr...

à écrit le 04/09/2012 à 8:05
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faut liquider ce nid a syndicalistes, ou exiger que la cgt le rachete avec le 1% CE qu'elle se met dans les fouilles dans bcp de boites ( en me ' volant et m'exploitant sur mon dos laborieux', comme on dit)

le 04/09/2012 à 8:34
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travaillant à la raffinerie depuis + de 30 ans, n'étant pas syndiqué, j'estime normal de défendre son emploi, avec sa carte ou non, nous sommes tous concernés!! syndicalistes ou non! Et je remercie l'intersyndicale et la direction de leur travail fai...

le 04/09/2012 à 9:24
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@sam76 : il n'y a aucune viabilité économique depuis que les pays producteurs ont investi (depuis 10 ans) dans des raffineries chez eux. Leur intérêt est de vendre directement des produits raffinés et non plus juste du brut. Comme ils ont co-investis...

le 04/09/2012 à 10:21
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Vous ne maîtrisez pas du tout le sujet ou plutôt on vous a gavé de fausses informations. Savez vous par exemple que la raffinerie que l'on dit "non rentable" gagne de l'argent ? L'accord de processing avec shell deviendrait caduque si elle perdait de...

le 04/09/2012 à 10:22
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Transformer le but dans le pays d'utilisation serait effectivement le seul moeyn d'eviter la fin de cette indistrie en France, sous reserve de garder des outils competitifs ...

le 04/09/2012 à 10:49
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que la raffinerie soit rentable après tout pourquoi pas...mais l'est elle au point de pouvoir supporter les investissements d?entretien ou de modernisation, qui sont hors de prix dans ce secteur (surtout sur des sites anciens ) ? je ne comprend pas ...

le 04/09/2012 à 11:07
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dan, quand on parle de rentabilite, ft regarder les investissements, les frais financiers, etc; la marge ca ne sert pas qu'a payer les salaires et la secu; forcement si on retire la variable investissements ( qui se chiffre en centaines de millions!)...

le 04/09/2012 à 12:25
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Et si cette activite est rentable, elle le sera nettement plus dans les pays producteurs qui exploitent les travailleurs venant d Inde, et asie en general...A 10 ans la production de petrole va baisser de toute facon..(peak oil depasse)

le 05/09/2012 à 8:19
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et le gisement pétrolier découvert à cayenne (française) il me semble ,? Personne n'en parle mais les salariés de pétroplus ne pourraient ils pas travailler pour ce futur gisement et les français ne pourraient ils pas avoir une diminution de plus de ...

le 27/03/2014 à 23:22
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OU sont les financiers avec Alfandi ? GRIFFON et les autres

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