Acier : l'Allemagne furieuse des droits anti-dumping des Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  522  mots
Du côté de chez le sidérurgiste allemand Salzgitter (photo), on juge "incompréhensibles la décision et la hauteur des amendes douanières sur nos produits".
Le département américain au Commerce va imposer des taxes allant de 3,62% à 148,02% aux importations d'acier des sidérurgistes d'Autriche, de Belgique, de France, d'Allemagne, d'Italie, du Japon, de Corée du Sud et de Taiwan.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a fait part vendredi de sa "grande incompréhension" face à une procédure anti-dumping lancée aux Etats-Unis contre des sidérurgistes, dont deux allemands, qualifiée d'"étape dangereuse". "Je ne peux que prendre connaissance avec une grande incompréhension de la décision du ministère américain de l'économie d'une procédure anti-dumping contre Salzgitter et Dillinger Hütte", a-t-il déclaré. Sa collègue de l'Economie, Brigitte Zypries, a elle indiqué "se faire du souci".

Une procédure engagée en avril 2016

Le département américain au Commerce a communiqué jeudi dans un communiqué la fixation finale de droits anti-dumping décidés pour des sidérurgistes d'Autriche, de Belgique, de France, d'Allemagne, d'Italie, du Japon, de Corée du Sud et de Taiwan, allant de 3,62% à 148,02%. Il s'agit en fait d'une nouvelle étape dans une procédure engagée en avril 2016, donc lors de l'administration américaine de Barack Obama, à la suite d'une plainte des sidérurgistes ArcelorMittal, SSAB et Nucor. Les droits douaniers déjà instaurés en novembre et confirmés ou modifiés jeudi deviendront définitifs que s'ils sont approuvés par une commission américaine, devant se prononcer d'ici mai.

"Une étape dangereuse"

Si les Etats-Unis maintiennent qu'il y a bien concurrence déloyale sur les prix vis-à-vis des producteurs américains, les sidérurgistes européens et autres visés auront bien à payer des tarifs plus élevés pour leurs exportations dans le pays. Si la commission considérait que ce n'était finalement pas ou plus le cas, ces droits douaniers seraient levés. "Malgré nos interventions et celles de l'Union européenne, le ministère américain a appliqué des méthodes de calcul contraires aux règles de l'OMC dans le but de porter préjudice aux concurrents américains de l'industrie sidérurgique", accuse Sigmar Gabriel. Le ministre allemand voit là "une étape dangereuse". "Nous, Européens, ne pouvons accepter cela. L'Union européenne doit maintenant étudier si elle dépose plainte auprès de l'Organisation mondiale du Commerce", a-t-il ajouté.

Chantre du protectionnisme

Du côté de chez Salzgitter, on juge "incompréhensibles la décision et la hauteur des amendes douanières sur nos produits". "Le groupe Dillinger a déjà ajusté ses livraisons au marché américain depuis l'annonce de ces amendes. Au vu des droits prononcés et sous réserve de la décision finale, Dillinger va examiner comment pouvoir servir ses clients aux Etats-Unis à l'avenir", a pour sa part indiqué vendredi à l'AFP l'autre sidérurgiste allemand concerné.

Chantre du protectionnisme, Donald Trump semble vouloir donner corps à ses promesses de ramener les emplois industriels aux Etats-Unis, si besoin en imposant des taxes plus élevées sur les biens importés, un projet qui va à contre-courant du consensus de ces dernières décennies sur le libre-échange.

Avant de prendre ses fonctions de secrétaire d'Etat américain au Commerce, Wilbur Ross a démissionné début mars de son poste d'administrateur du géant de l'acier ArcelorMittal, basé au Luxembourg.