La BRI et la menace des "taux d'intérêt ultra-faibles"

Par latribune.fr  |   |  363  mots
"Les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a jugé Claudio Borio, un responsable de la BRI.
Pour "la banque centrale des banques centrales", les taux bas alimentent un endettement excessif, qui fait planer de gros risques sur l'économie.

La mise en garde est sérieuse. Dans son rapport annuel publié dimanche, la Banque des règlements internationaux (BRI) s'inquiète de la spirale des taux d'intérêt trop bas, qui alimente un endettement excessif et une croissance insuffisante.

Au cours de l'année écoulée, la chute des prix du pétrole a stimulé la croissance mondiale mais la charge de la dette et les risques financiers demeurent trop élevés et la croissance de la productivité trop modeste, pointent les économistes de l'institution suisse, considérée comme la banque centrale des banques centrales et dont le siège est à Bâle.

Plusieurs pays se financent à des taux négatifs

Pour le chef du département monétaire et économique de la BRI, Claudio Borio, "le symptôme le plus visible de ces difficultés est la persistance de taux d'intérêt ultra-faibles". "De plus, les rendements négatifs, sans précédent, qu'on observe sur certains marchés de la dette souveraine repoussent les frontières de l'impensable", a-t-il insisté lors d'une téléconférence de presse.

Plusieurs pays - dont la Suisse, l'Allemagne, la France et même l'Espagne et le Portugal - ont annoncé ces derniers mois se financer à des taux négatifs, ce qui signifie que l'investisseur paie pour prêter à ces Etats, qui du coup gagnent de l'argent en empruntant sur les marchés.

Des taux directeurs plus faibles qu'au pic de la crise de 2007

Selon la BRI, en moyenne, entre décembre 2014 et fin mai 2015, quelque 2.000 milliards de dollars de titres de dette souveraine à long terme - pour la plupart émis par des Etats de la zone euro - se sont échangés dans le monde à des taux négatifs.

Les taux directeurs, nominaux et réels, sont encore plus faibles qu'au pic de la crise financière de 2007. Qui plus est, en termes réels, ils sont négatifs depuis plus longtemps qu'ils ne l'étaient restés durant la période de grande inflation des années 1970. La BRI ne cache pas son inquiétude: "une situation qui était auparavant inimaginable menace de devenir la nouvelle norme".

(avec AFP)