Et si on produisait de l’énergie avec les eaux usées ?

Par Article partenaire - Enedis  |   |  529  mots
(Crédits : Pixabay)
Pluie, industrie, activités domestiques : chaque jour, plusieurs milliards de litres d’eaux usées sont évacuées dans le monde. Peu connue et souvent confinée aux enjeux sanitaires, cette ressource constitue pourtant un gisement énergétique particulièrement intéressant, notamment dans les grandes agglomérations.

Une récente étude de l'Ademe estime que la chaleur fatale générée par l'activité des stations d'épuration (STEP), en France, constitue l'équivalent d'un gisement potentiel de 1,3 TWh d'électricité. Et cela sans compter la récupération de chaleur sur les eaux usées. Les réseaux de canalisation qui transportent les « eaux grises » (usage domestique comme la douche ou le lavabo) sont en effet un réservoir de chaleur susceptible d'être réutilisée dans les bâtiments publics ou les immeubles de logements. Une solution d'autant plus intéressante que les technologies de captation de cette énergie, de l'échangeur thermique à la pompe à chaleur, sont peu coûteuses et relativement simples à mettre en œuvre.

Des piscines chauffées grâce aux égouts

Depuis le début des années 2010, on ne compte plus les projets de centres aquatiques qui exploitent le potentiel des eaux usées. Aquarena à Arras (62), Aqualac à Aix-les-Bains (73) ou piscine Aspirant Dunand à Paris (75) : ces espaces, très gourmands en énergie (une piscine représente à elle seule, en moyenne, 40% de la consommation des équipements sportifs municipaux), gagnent à utiliser des énergies renouvelables pour chauffer leurs bassins.

Veolia, qui s'occupe des installations d'Arras, d'Aix-les-Bains mais aussi du prestigieux Cercle des Nageurs de Marseille (CNM), a ainsi breveté son propre système Energido. Il consiste à récupérer les calories produites par les eaux usées de la ville grâce à un échangeur thermique. Ces précieuses ressources sont ensuite transférées dans un fluide caloriporteur qui les acheminent, via une pompe à chaleur, jusqu'au réseau de chauffage. Résultat : près de 35% d'économies sur la facture énergétique de la piscine phocéenne et un bilan carbone allégé de 230 T de CO².

Les métropoles sur les rangs

Les équipements sportifs ne sont pas les seuls concernés. Des logements, voire des quartiers entiers, peuvent bénéficier de cette richesse souterraine. Energido a déjà été utilisé pour couvrir les besoins en eau chaude, chauffage et climatisation des 300 logements de l'écoquartier Cap Azur, à Roquebrune-Cap-Martin (06). En Suisse, le premier réseau de chauffage à distance grâce à la récupération d'énergie sur les eaux usées a été inauguré cet été à Morges. Il permet d'ores et déjà de chauffer un bâtiment et reliera bientôt tout un quartier. Le même système est à l'étude pour le quartier Gare-Lac de la ville voisine d'Yverdon-les-Bains.

Plus largement, les grandes agglomérations pourraient être tentées par ces différentes solutions. Dans le cadre de son Plan Climat Énergie, la ville de Paris s'est ainsi engagée à utiliser 25% d'énergies renouvelables pour sa consommation énergétique d'ici à 2020 et rêve du 100% pour 2050. Or, les eaux usées, au même titre que les data centers et l'industrie, font partie des ressources identifiées en Île-de-France par l'Ademe. Dès 2011, des systèmes de récupération de la chaleur des égouts ont été testés dans deux écoles du 12e arrondissement. Un enjeu majeur quand on sait que près de 10% des Parisiens pourraient se chauffer grâce aux 2 400 kilomètres de canalisations de la capitale.