Montebourg n'est pas venu au secours des salariés d'un fournisseur de Ikea

Par Juliette Garnier  |   |  600  mots
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L'intersyndicale de Green Sofa Dunkerque, fournisseur d'Ikea, a manifesté ce jeudi devant le siège du géant suédois de l'ameublement à Plaisir, dans la région parisienne. Les salariés espéraient le soutien du député PS de Saône-et-Loire. En vain.

Arnaud Montebourg était attendu aujourd'hui devant le siège de Ikea à Plaisir (Yvelines). Le député PS de Saône-et-Loire était invité à manifester aux côtés des salariés de Green Sofa Dunkerque, fournisseur du géant suédois de l'ameublement. Il n'est pas venu.

"Arnaud Montebourg est over-booké. Il nous a assuré qu'il fera une déclaration », indique, avec une grande déception, Gérard Gaubert, délégué syndical CFDT de Green Sofa Dunkerque.

La centaine de salariés venus de Dunkerque dans des bus affrétés par le CFDT s'est fait entendre alors que le fabricant de canapés présidé par Jean-Charles Parisot s'apprête à perdre son unique client. Une délégation des salariés a été reçue par la direction de Ikea. La CFDT en espère beaucoup. "Les copains de Nicolas Sarkozy ont sauvé les Lejaby. Pourquoi Ikea ne sauverait pas les Green Sofa ?", avance Gérard Gaubert.

Le syndicat espérait que la présence d'Arnaud Montebourg assurerait une caisse de résonance médiatique et politique à l'affaire Green Sofa Dunkerque. Ardent combattant contre la mondialisation, le député de Saône-et-Loire s'était emparé de l'affaire Lejaby et de la fermeture annoncée de son usine d'Yssingeaux, fin janvier, avant d'en être éclipsé par Laurent Wauquiez. L'élu UMP de Haute-Loire et ministre de l'enseignement supérieur a depuis trouvé en Sofama, fournisseur de LVMH, le sauveur des salariées promises au licenciement.

Cette fois, Arnaud Montebourg n'est pas venu. Les salariés espèrent maintenant que leur salut viendra de Ikea. "Il l'a déjà fait à Lure", rappelle Gérard Gaubert. Fin 2010, le groupe suédois a racheté l'ancienne usine Isoroy de Lure (Franche-Comté) qui employait alors 145 personnes. Depuis, l'enseigne y a créé 45 emplois supplémentaires. Dans le département du Nord, le groupe s'est aussi distingué en s'approvisionnant chez Arc International pour sa verrerie, au lieu et place d'un fournisseur chinois.    

« Les salariés sont inquiets pour leur futur. Et je les comprends. Mais il ne faut pas instrumentaliser Ikea », expliquait hier mercredi Stefan Vanoverbeke, directeur général de Ikea en France. Alors que le débat sur la désindustrialisation de la France redouble, l'enseigne suédoise se dit victime d'un calendrier malheureux. Et elle craint les amalgames.

Car, en fait, l'affaire traine depuis des mois. Green Sofa Dunkerque reproche à Ikea d'avoir rompu de manière brutale leurs relations commerciales. Tout a été décidé quelques mois après le rachat par Jean-Charles Parisot pour un euro symbolique de cette filiale du groupe Parisot.

« Dès août 2010, nous avions signé un contrat pour mettre fin à nos relations commerciales fin 2012 », rappelle Stefan Vanoverbeke. Les deux parties ont convenu de réduire leurs contrats de 11 millions d'euros fin 2011 à 4,5 millions d'euros fin 2012. Mais depuis, les prix des matières premières ont flambé. « Nous ne tenons plus nos prix », explique à La Tribune Jean-Charles Parisot, président de Green Sofa Dunkerque.

La PME devrait accuser « plus de 1,5 million d'euros de pertes d'exploitation » sur son dernier exercice clos sur 10,3 millions d'euros. Elle espérait trouver son salut devant le tribunal de commerce de Lille. Aux côtés du Ministère de l'Economie, Jean-Charles Parisot exigeait des juges qu'ils condamnent Ikea à 7,5 millions d'euros de dommages et intérêts et à 1,5 million d'euros pour déséquilibre significatif.

Or, par un jugement du 12 janvier, le tribunal de commerce de Lille a débouté Green Sofa Dunkerque et le ministère de l'Economie de l'ensemble de leurs demandes. « Tout est maintenant suspendu à un accord amiable avec Ikea », assure Jean-Charles Parisot.