Quand la crise fait éternuer le e-commerce français

Par Juliette Garnier  |   |  598  mots
31,8 millions de Français font leurs courses en ligne (Crédits : <small>DR</small>)
L'achat sur Internet est entré dans les mœurs. Le Net a généré près de 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur les six premiers mois de 2012. Soit un bond de 22 % en un an. Mais, à périmètre comparable, la croissance du secteur ralentit. La crise se fait sentir.

Rien d?alarmant encore. Mais les chiffres sont là. Le e-commerce n?échappe pas non plus à la crise. Sa progression faiblit. Le chiffre d?affaires des sites de vente en ligne a crû de 6 % au deuxième trimestre 2012 en France, après 10 % au premier trimestre 2012, à périmètre comparable, selon le panel ICE 40 établi par la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD). "C?est un sérieux ralentissement", a convenu jeudi le délégué général de la FEVAD, Marc Lolivier, lors de la présentation à la presse de ces chiffres. Ce fléchissement n?est pas sans rappeler celui enregistré en 2009. Tout comme alors, le montant moyen de la transaction conclue sur internet recule, cette fois de 4 % au premier semestre 2012, après 1 % en 2011.

Des prix cassés

Plus que jamais, les Français se ruent sur le Net pour dénicher la bonne affaire et s?équiper à moindre frais. En témoigne le poids des ventes réalisées en soldes et promotions sur le marché de l?habillement : désormais sur le Net, 58 % des ventes d?articles de mode sont effectués à un prix barré. "Sur la Toile, les Français recherchent prix et promotions", note la directrice des études de l?Institut Français de la Mode, Evelyne Chaballier.

Damart.fr lance une appli iPad

Alors la machine infernale de la vente en ligne serait-elle en train de se gripper ? Non, répond la FEVAD. Loin de là. Le web continue de gagner des parts de marché à un rythme insolent. Tous les Français se convertissent à ce nouveau mode de vente à distance : en un an, le web a gagné 1,3 million d?adeptes supplémentaires, dont des seniors (+ 11 % de personnes âgées entre 50 et 64 ans). Damart leur destine, d?ailleurs, une application iPad. "Ergonomique et simple", vante le PDG du fabricant de tricots en thermolactyl, Patrick Seghin. Son concurrent, La Blanche Porte, filiale des 3 Suisses, leur vend maintenant des contrats d?assurance et des forfaits de téléphonie mobile.

Car, jeunes ou vieux, les 32 millions d?adeptes de l?achat en ligne le savent : tout se vend sur la Toile. Les Français ont l?embarras du choix. Tous les distributeurs partent à l?assaut de ce marché en croissance. Mêmes les plus sceptiques. Et les retardataires se pressent de recoller au peloton des pure-players. A l'instar des Galeries Lafayette. "En France, il se créé un site marchand toutes les 20 minutes", note Marc Lolivier. En un an, 20.000 nouveaux sites de vente en ligne sont nés, soit une progression de 23 % par rapport à 2011. La FEVAD en dénombre aujourd?hui près de 110.000 dans l?Hexagone. Et elle assure que la barre des 120.000 devrait être franchie fin 2012.

45,2 milliards fin 2012

Ces créations durcissent la concurrence entre distributeurs. Mais elles contribuent aussi à la croissance du marché dans son ensemble. Résultat : à périmètre courant, le chiffre d?affaires réalisé sur la toile a progressé de 21 % au deuxième trimestre 2012, après 22 % au premier trimestre. Rien que sur les six premiers mois de 2012, le web a généré 21,8 milliards d?euros, selon les données de la FEVAD récoltées auprès des plateformes de paiement sécurisé. Et, en apparence, le secteur ne se départit pas de son optimisme. "Cette croissance nous permet de confirmer nos prévisions", assure Marc Lolivier. Fin 2012, après les ventes cruciales des ventes de Noël, le e-commerce français devrait atteindre 45,2 milliards d?euros, avant de s?envoler vers les 72 milliards d?euros en 2015, espère la FEVAD.