Auchan-Carrefour : des salariés menacent de perturber l'approvisionnement avant les fêtes

Par latribune.fr  |   |  649  mots
"On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige, prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour Market. (Crédits : Stephane Mahe)
Les fêtes de Noël vont-elles être perturbées par des problèmes de livraisons, en plein rush de fin d'année ? C'est la menace que font planer simultanément des salariés des deux groupes de distribution français. "On se bat pour du salaire, pas des primes", résume un employé de Carrefour. Du côté du groupe Mulliez, propriétaire d'Auchan, l'intersyndicale entend obtenir gain de cause, tandis qu'il y a un mois, la direction avait accepté une revalorisation des salaires pour mettre fin au conflit qui touchait les magasins de l'enseigne Leroy Merlin.

Les appels à la grève se multiplient dans le secteur de la grande distribution. Résultat, des blocages d'entrepôts pourraient avoir lieu afin de perturber les livraisons pendant la période stratégique des fêtes de fin d'année. La menace de grève va être mise à exécution ce vendredi dans une trentaine de magasins Auchan, suivant l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO. Mais c'est aussi le cas dans les enseignes du groupe Carrefour, où les salariés sont appelés à se mettre en grève du 18 au 24 décembre. Dans les deux cas, les syndicats réclament "de véritables augmentations de salaires".

Chez Auchan, propriété du groupe Mulliez, sur fond de négociation annuelle obligatoire (NAO), des employés de Cherbourg, Perpignan, Strasbourg ou encore Annecy participent ainsi ce jour à des barrages filtrants et à des débrayages, a indiqué à l'AFP Gilles Martin, délégué syndical central de la CFDT.

Les employés en grève réclament une hausse générale significative des salaires "d'au moins 5%", et dénoncent une offre "indigne" de la direction, qui propose une augmentation de 2,2%.

"Avec l'inflation, les premiers niveaux de salaires tomberont en dessous du Smic au 1er janvier", estime Gilles Martin. "Ce n'est pas dans notre ADN de faire grève à cette période, mais les salariés sont excédés, et le versement de 750 millions d'euros de dividendes aux actionnaires a été la provocation de trop", a-t-il ajouté.

"On sera au niveau de l'inflation", affirme pourtant le distributeur qui a précisé que les augmentations pourront aller "jusqu'à 4% selon les catégories", et que l'indemnité de 100 euros sera doublée pour les collaborateurs concernés.

Des primes insuffisantes

Même son de cloche chez son concurrent Carrefour. La CGT revendique la mise en place d'un salaire brut mensuel de 2.000 euros minimum, une augmentation de 300 euros pour tous les salariés, ainsi que l'arrêt immédiat de la réorganisation du groupe.

Cet automne, Carrefour a annoncé pour environ 80.000 salariés le doublement à 200 euros de l'indemnité inflation accordée aux bas salaires par le gouvernement. La direction mentionne aussi la signature récente d'un accord majoritaire (qui n'a pas été ratifié par la CGT) visant à accorder une augmentation générale de 1% au 1er novembre.

"Vu les bénéfices que fait Carrefour, nous on se bat pour du salaire, pas des primes", réclament les syndicats. Les magasins Market et les entrepôts logistiques devraient débuter le mouvement dès samedi, tandis que les hypermarchés pourraient le rejoindre à partir de lundi.

"On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige, prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour Market. Et si la direction n'entend pas, on proposera ensuite des actions plus fortes".

Le risque du feu de paille

Le mouvement s'étend à d'autres enseignes. Une journée de grève est aussi prévue samedi dans les magasins discount de la marque Action, originaire des Pays-Bas, indique la CGT dans un communiqué.

De son côté, ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le groupe Mulliez, également propriétaire des enseignes Decathlon, Boulanger et Flunch, fait face au conflit. Il y a un mois, après dix jours de grèves, la direction a été contrainte d'entrer en négociation avec les salariés des magasins Leroy Merlin.

Finalement, la direction et l'intersyndicale ont trouvé un accord sur une revalorisation des salaires pour faire face à l'inflation. A la fin de cette grève, la direction a accepté une augmentation de salaire mensuelle de 65 euros, qui, "sur 13 mois, représentera 845 €, soit +3,9 %". A ces 65 euros s'ajoutera l'indemnité inflation, prime de 100 euros versée par l'Etat, qui sera doublée par Leroy-Merlin.

L'intersyndicale demandait, elle, une hausse d'au moins 80 euros, pointant le chiffre d'affaires "stratosphérique" de l'enseigne, qui s'est établi à 7,9 milliards d'euros en France en 2021.

(Avec AFP)