E-commerce : Carrefour met les bouchées doubles et s’associe à Meta, la maison-mère de Facebook

Le numéro deux de la distribution alimentaire en France, Carrefour, a annoncé ce mardi 9 novembre le lancement d'un plan d'investissement de 3 milliards d'euros sur cinq ans pour développer davantage le e-commerce et tripler son volume de transactions en ligne d'ici à 2026. Le géant alimentaire vient également de signer un partenariat stratégique avec Meta, la maison-mère de Facebook, censé permettre de centraliser sur une application mobile l'ensemble des services proposés par Carrefour (drive, livraison rapide à domicile...).
Carrefour veut former au numérique les 320.000 membres de son personnel, à raison « d'environ 100.000 personnes par an », en partenariat avec Google.
Carrefour veut former au numérique les 320.000 membres de son personnel, à raison « d'environ 100.000 personnes par an », en partenariat avec Google. (Crédits : Paulo Whitaker)

Carrefour, numéro deux de la distribution alimentaire en France derrière Leclerc, qui a enregistré un chiffre d'affaires de 20,4 milliards d'euros au troisième trimestre 2021, a annoncé mardi 9 novembre qu'il va déployer un plan d'investissement massif pour développer le e-commerce et tripler ses ventes en ligne d'ici 2026.

Le groupe a également précisé qu'il lance un partenariat avec Meta, la maison-mère de Facebook, dans l'optique de développer entre autres une application mobile qui devrait regrouper l'ensemble des services de Carrefour (drive, livraison rapide à domicile avec UberEats et Cajoo, programmes de fidélité...).

Tripler le volume de transactions en ligne, première priorité

Trois milliards d'euros, c'est le montant que Carrefour souhaite investir dans le numérique sur la période 2022-2026 pour accélérer son développement dans le commerce en ligne, un domaine crucial du nouveau plan stratégique voulu par le PDG du groupe Alexandre Bompard.

Le deuxième distributeur alimentaire français, qui a déjà beaucoup investi ces dernières années dans sa stratégie numérique, en déployant pas moins de 2 milliards sur les cinq dernières années, et qui a vu ses ventes en e-commerce alimentaire doubler sur deux ans, compte mettre les bouchées doubles dans les années à venir. Les investissements dans le numérique vont ainsi augmenter de 50% pour passer à 600 millions d'euros par an dès 2022, contre 400 millions par an en moyenne depuis 2018.

Les objectifs d'une telle stratégie sont multiples. Le principal objectif affiché par Carrefour est ainsi de tripler d'ici à 2026 son volume brut de transactions en ligne, pour atteindre 10 milliards d'euros par an.

Le géant alimentaire prévoit, grâce à cette stratégie axée sur la vente en ligne, d'augmenter significativement son résultat opérationnel courant. « Carrefour prévoit que le e-commerce génère 200 millions d'euros de résultat opérationnel courant additionnel en 2026 par rapport à 2021 », précise l'AFP.

Jouer toute la gamme des modes de livraison de courses

Pour appuyer cette stratégie, le groupe souhaite déployer encore davantage les différents modes de livraison aujourd'hui existants: drive ou livraison à domicile dans un temps record.

Lors du premier confinement, Carrefour avait commencé par déployer un partenariat avec les plateformes de livraison UberEats et Deliveroo pour concurencer les start-up de livraison ultra-rapide, comme Cajoo, Flink, Dija, Gorillas ou Getir.

Considérant les opportunités de travailler avec ces start-up de livraison express, qui représentent environ 7% des commandes de courses alimentaires en France et 25% à Paris (selon le prestataire d'études de marché FoxIntelligence), et observant l'entrée des supermarchés allemands Rewe au capital de la jeune pousse allemande de livraison rapide Flink, Carrefour a finalement décidé d'entrer à son tour au capital de la start-up française Cajoo en juillet dernier, dont il détient ainsi une participation minoritaire.

Depuis fin octobre, le groupe a également lancé Carrefour Sprint, un partenariat avec UberEats et Cajoo, pour livrer ses produits en moins de quinze minutes.

Outre le volet alimentaire, Carrefour entend développer son offre de produits non-alimentaires en ligne, en s'appuyant entre autres sur les réseaux sociaux.

Avec Meta (ex-Facebook), Carrefour se choisit un allié de poids

Carrefour a d'ailleurs annoncé qu'il allait collaborer avec Meta, la maison-mère de Facebook, sans toutefois dévoiler le montant lié à ce partenariat. Objectif: travailler au développement d'une application censée permettre de regrouper à terme tous les canaux de vente de Carrefour (drive, livraison rapide à domicile, programmes de fidélité...).

Carrefour franchit également une étape importante dans sa stratégie de communication interne, en annonçant le déploiement de Workplace, un outil de communication professionnel de Meta, auprès de ses 320.000 employés. Le but est de « permettre aux collaborateurs de créer des communautés et d'utiliser les fonctionnalités familières des réseaux sociaux dans leur quotidien professionnel pour mieux communiquer entre eux ».

« Ce partenariat a pour but d'aider Carrefour à innover dans la manière dont il sert ses clients et, chez Meta, nous savons que cela ne peut se faire que si vos collaborateurs sont connectés et alignés », a commenté Nicola Mendelsohn, vice-présidente de Meta Global Business Group, citée dans un communiqué.

Afin de marquer son engagement dans le numérique, Carrefour a en outre indiqué qu'il formerait l'ensemble de son personnel au numérique, « soit environ 100.000 personnes par an », en partenariat cette fois avec Google.

Un contexte particulier pour le deuxième distributeur français

Ces annonces surviennent dans un contexte particulier pour Carrefour, alors que le groupe a décidé de mettre fin, il y a un mois, aux discussions censées aboutir à un rapprochement avec l'autre mastodonte de la grande distribution Auchan.

Alors que le format des hypermarchés souffre ces dernières années, une prise de contrôle de Carrefour par Auchan avait été envisagée, mais Carrefour avait finalement décidé de ne pas donner suite, les actionnaires ayant jugé l'offre de valorisation faite par Auchan trop faible, et ayant considéré qu'il était difficile de valoriser Auchan, qui n'est pas côté en bourse. Pour rappel, la famille Mulliez, détentrice d'Auchan, proposait d'indemniser les actionnaires de Carrefour à hauteur de 70% en cash, au prix de 21,50 euros par action, et un peu moins de 30% en actions Auchan, valorisant ainsi Carrefour à 16,5 milliards d'euros.

Un peu plus tôt dans l'année, en janvier, le groupe d'alimentation canadien Couche-Tard avait également tenté de racheter Carrefour, proposant 20 euros par action, mais ce projet avait été éconduit par le ministère de l'Economie pour des raisons de souveraineté alimentaire.

Outre ces discussions passées concernant le rachat du groupe, des projets de passage en location-gérance dès 2022 pour 43 magasins Carrefour, dont 16 hypermarchés - dans lesquels travaillent environ 6.000 salariés -, ont également été annoncés le 14 octobre dernier. La location-gérance consiste à externaliser le fonctionnement d'un magasin, confié à un gérant. La direction de Carrefour y voit un moyen de relancer des magasins souvent en difficulté, mais cette mesure est vivement critiquée par les syndicats, qui craignent notamment qu'elle soit utilisée pour « contourner le droit du licenciement économique ».

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Commentaire 1
à écrit le 10/11/2021 à 10:59
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Facebook et Google... j'imaginais Carrefour plus crédible et plus responsable mais il apparaît que non.

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