Carrefour et Auchan ne vont pas s'unir faute d'accord sur la valorisation des deux distributeurs

Les deux géants de la grande distribution ne donneront pas naissance à un ensemble fort de 101 milliards d'euros de chiffre d'affaires et près de 500.000 salariés dans le monde. Les actionnaires principaux de Carrefour ont jugé l'offre de valorisation du groupe trop faible et émis des doutes sur le projet industriel issu de cette union ratée. C'est un nouvel échec pour Alexandre Bompard, le patron du deuxième distributeur français, après des tentatives de rapprochement avortées avec le canadien Couche-tard et des échanges préliminaires stériles avec Casino.
Le deuxième et cinquième distributeurs français envisageaient cette union afin de faire face aux mutations des habitudes de consommation alimentaires des Français.
Le deuxième et cinquième distributeurs français envisageaient cette union afin de faire face aux mutations des habitudes de consommation alimentaires des Français. (Crédits : Paulo Whitaker)

La méga-fusion-acquisition entre les deux mastodontes de la grande distribution, Carrefour et Auchan, ne va pas se concrétiser, du moins pour le moment. Selon Le Monde et Le Figaro, l'approche de la famille Mulliez, à la tête des enseignes à l'oiseau rouge, initiée au printemps dernier, n'a pas convaincue les actionnaires principaux de Carrefour. L'homme d'affaires brésilien Abilio Diniz et la famille Moulin (propriétaire des Galeries Lafayette) ne sont pas d'accord sur les valorisations des deux entités ainsi que le mode de financement de l'opération. Ils détiennent à eux deux 38% des droits de vote au conseil d'administration de Carrefour.

C'est Auchan qui devait se porter acquéreur de son concurrent, selon les dernières discussions. La famille Mulliez proposait d'indemniser les actionnaires de Carrefour à hauteur de près de 70% en cash, au prix de 21,50 euros par action, et un peu moins de 30% en actions Auchan. Ce lundi 11 octobre à 11h49, le titre de Carrefour valait 15,68 euros (-2,18%). Cette offre valorisait Carrefour à 16,5 milliards d'euros. Mais pour les actionnaires de Carrefour, il était difficile de valoriser Auchan, le groupe étant familial et non-côté.

Des doutes sur le projet industriel

Selon Le Monde, au-delà de la valorisation jugée inacceptable, les actionnaires principaux de Carrefour ont émis de forts doutes sur le projet industriel et sur le volet social. Ainsi, les Moulin et M. Diniz avaient demandé à vendre leurs titres en amont d'une future opération de rachat. Une posture qui affaiblissait Carrefour dans le cadre d'une éventuelle vente, poussant le PDG de l'enseigne, Alexandre Bompard, à renoncer au mariage.

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Du coté d'Auchan, le groupe nordiste avait bon espoir de voir cette acquisition se réaliser, selon l'AFP. "Jusqu'à jeudi soir tout était sous contrôle dans le sens où tout le monde travaillait [...] et on en était à choisir la date de l'annonce". Le 3 octobre, le patron d'Auchan affirmait qu'il ne vendrait jamais son groupe, suite aux premiers articles de presse évoquant une possible union.

Couche-tard, Casino... Les échecs se multiplient

Le deuxième et cinquième distributeurs français envisageaient cette union afin de faire face aux mutations des habitudes de consommation alimentaires des Français, contrer la crise du modèle des hyper-marchés, affronter les menaces des géants d'Internet et la concurrence émergente des startups de livraison à domicile.

Si la fusion se réalisait, l'ensemble aurait donné lieu en France à la naissance d'un paquebot d'environ 150.000 salariés et 6.000 magasins. Ce qui n'aurait pas été sans poser de problème au regard des obligations concurrentielles. Au niveau monde, la consolidation aurait concerné environ 501.000 employés, 14.210 points de vente pour 101 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Cette approche portée par le distributeur installé dans le Nord de la France intervenait quelques mois après une tentative de cession de Carrefour auprès du groupe canadien Couche-Tard - éconduite par le ministère de l'Economie pour des raisons de "souveraineté alimentaire". Ce projet avait été abandonné face à l'opposition du gouvernement français. L'offre d'Auchan était supérieure à celle du groupe d'alimentation étranger, qui avait proposé en janvier 20 euros par action. Pour rappel, il y a trois ans, des discussions préliminaires stériles avait eu lieu en 2018 avec le groupe Casino.

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Commentaires 2
à écrit le 12/10/2021 à 16:33
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Quel est l'intérêt de ces projets de fusion?

à écrit le 11/10/2021 à 13:02
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En effet c'est un échec le maître mot de Davos étant le great reset et donc encore plus de regroupement à force de rater le coche c'est carrefour qui risque de se faire avaler. Mais bon ils n'y étaient plus habitués à travailler faut dire aussi dans ...

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