Les pharmaciens alertent sur leur situation économique "catastrophique"

Par latribune.fr  |   |  576  mots
La situation économique entraîne des "fermetures brutales et remet en cause le maillage territorial" des 22.350 officines et menace leurs emplois, souligne le manifeste.
Dans un texte au gouvernement, les acteurs du secteur réclament un "cadre économique clair" en vue de la négociation de la convention nationale pharmaceutique. La rémunération des pharmacies officines continue à plonger en ce début d'année, déplorent les signataires.

Les organisations du secteur des pharmacies d'officines ont décidé de ne faire qu'un pour l'occasion. L'ordre national des pharmaciens, des syndicats d'officines, des associations étudiantes et de défense de la profession lancent mardi un manifeste pour que soient prises en compte les "difficultés" économiques du secteur et pour demander une "réforme" de leur métier.

Les neuf organisations signataires dont les deux principaux syndicats des pharmaciens (FSPF, USPO), la Chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies (Federgy), l'Association de pharmacie rurale (APR) et l'Ordre interpellent le gouvernement sur la situation "économique catastrophique" de leur secteur.

"La rémunération des pharmacies d'officine est en forte diminution pour la deuxième année consécutive. La perte s'accélère encore en 2016 avec une chute de plus de 2% sur les quatre premiers mois de l'année", écrivent les signataires.

"Fermetures brutales" et "remise en cause du maillage territorial"

Une situation qui entraîne des "fermetures brutales et remet en cause le maillage territorial" des 22.221 officines et menace leurs emplois, souligne le manifeste, rappelant que ces commerces salarient 120.000 personnes et 6.500 apprentis.

"La pharmacie est bien souvent le seul poste avancé du système de santé et créateur d'emplois qualifiés dans les zones rurales et les quartiers difficiles", souligne la profession qui fait part de sa volonté de "réforme".

Le manifeste appelle "le gouvernement à s'engager avant le Projet de loi de finance de la Sécurité sociale (présenté à l'automne NDLR) pour fixer un cadre économique clair, indispensable avant l'ouverture de la négociation de la convention nationale pharmaceutique"

L'enjeu de la rémunération des pharmaciens

Comme les médecins, les pharmacies ont rendez-vous avec l'Assurance maladie pour signer avant mai 2017 une nouvelle convention fixant leur rémunération et régissant leur installation pour cinq ans.

Les signataires demandent que leur rémunération soit "adaptée" aux nouvelles missions qui pourraient leur être confiées comme les actions de prévention et de dépistage ou la coordination entre les différents professionnels de santé.

Ils souhaitent également que leur place dans l'observance et le bon usage du médicament soit "confortée" et leur rôle auprès des personnes âgées "renforcé".

L'Ordre national des pharmaciens (CNOP) s'était inquiété en mai de la situation des officines dans laquelle exercent près de trois pharmaciens sur quatre (les autres travaillant dans des laboratoires de biologie ou des établissements de santé).

Dans son étude, le CNOP avait relevé une accélération des fermetures d'officines (une tous les deux jours en 2015 contre un jour sur trois en 2014) et une concentration du secteur. Il avait également fait part de sa crainte face au vieillissement attendu de la profession, alors que la proportion d'étudiants en pharmacie qui choisissent la filière en officine diminue.

Ne plus être de simples vendeurs de médicaments

Si chaque jour, 5 millions de Français se rendent dans une pharmacie, ces dernières pâtissent de pression sur les marges et sur les prescriptions des médecins. Elles font également face à la concurrence des parapharmacie, créneau sur lequel Leclerc a accéléré, en lançant un site internet dédié mardi 10 mai.

Lors d'un colloque intitulé "Qualité et Pharmacie d'Officine", en mai, plusieurs acteurs avaient lancé des pistes pour redynamiser le secteur et ne plus se focaliser sur le rôle de "vendeurs de médicaments".

(J-Y.P avec AFP)